Chapitre 6

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Gabriel releva la tête en regardant son reflet dans le grand miroir de sa loge et réajusta son costume noir. Son cœur battait à tout rompre. Cela faisait maintenant un mois que Jordan était sorti de sa vie. Tout ce temps lui avait permit de se remettre en question, et c'était probablement bien la première fois que ça lui arrivait. Les heures passées à réfléchir à ses sentiments avaient fini par lui faire réaliser que Jordan n'avait rien fait de mal, qu'il n'avait pas mérité ses rejets si violents et qu'il avait droit, s'il voulait toujours de Gabriel, à une seconde chance.
Mais comment lui faire savoir tout ça ? La fierté de Gabriel Attal était grande ; peut-être même plus grande que la fortune de Bernard Arnault, même s'il n'y avait aucune valeur comparative. Ça rendait la tâche particulièrement difficile, bien sûr, mais il aurait tout donné pour reconquérir son amour perdu.
Ce soit, Gabriel était prêt à débattre. Mais plus que tout, il était prêt à récupérer Jordan.

Jeudi 23 mai 2024, vingt heures. Gabriel entra sur le plateau de France 2 en tentant de garder son calme. Il prit place sur l'assise qui lui était destinée, face à une chaise vide qui n'attendait qu'à recevoir le fessier de l'homme qu'il aimait. La journaliste Caroline Roux, animatrice du débat, ne lui adressait pas la parole, visiblement trop occupée à scroller sur Tiktok. Le temps passait, le cœur de Gabriel se serrait. Dans deux minutes, le direct commencerait et Jordan n'était toujours pas arrivé. Et s'il avait décidé de ne pas participer au débat pour l'éviter ? Gabriel secoua la tête : il refusait d'y croire. Jordan n'était pas un lâche. Ce que Gabriel ne savait pas, c'est qu'il avait complètement tort. Seulement, même si Jordan était bel et bien un lâche, il finit par arriver sur le plateau in extremis avant le début du live. Essoufflé, il s'assit sur le siège en face de Gabriel.

Le sang de Gabriel ne fit qu'un tour. Il ne savait pas comment réagir à ses retrouvailles avec Bardella. Il aurait voulu rire, pleurer, danser, crier, mais il ne put rien faire de tout ça. Il adressa alors un sourire chaleureux à Jordan, et ce dernier le lui rendit. Il m'a souri, se dit Gabriel. Tout n'est pas perdu. Et ses sentiments refirent surface, plus puissants, plus vigoureux que jamais.
Le débat lui parut infiniment long. Il n'avait qu'une hâte : en finir pour avoir une conversation seul à seul avec Jordan. Il avait beau dire l'inverse de tout ce que l'homme en face de lui avançait, au fond, il s'en fichait de ces histoires d'élections européennes, de nucléaire, d'immigration et de Russie. Si leurs paroles étaient en opposition, leurs cœurs eux, étaient bien en accord. Il pouvait le sentir, sentir que Jordan voulait toujours de lui. Il pouvait le deviner à travers ses lèvres qui s'étiraient quand leurs regards se croisaient.

Au bout d'un moment qui lui eût paru infini, le débat fut terminé et Gabriel Attal s'éclipsa du plateau pour se rendre dans sa loge. Une petite minute plus tard, la porte s'ouvrit avec violence. Jordan se tenait derrière, les sourcils légèrement froncés et l'air inquiet.

« Il faut qu'on parle, dit Bardella en rentrant dans la pièce.

- Ferme la porte d'abord, s'il te plaît. »

Jordan s'exécuta et tourna la clé dans la serrure. Attal prit une longue et profonde inspiration.

« Écoute Gabriel, commença le représentant RN. Ce n'est plus possible, je...

- Je suis désolé, le coupa Gabriel. Je suis désolé, Jordan. J'aurai dû te faire plus confiance, et ce dès le départ. Dès que tu as reçu ce SMS qui ne t'était même pas destiné. »

Son ego prenait un sacré coup tandis que ces mots sortaient de ses lèvres, mais il continua.

« Je suis désolé de t'avoir foutu à la porte alors que tu étais à poil. Je suis désolé de t'avoir dit que c'était la honte cette histoire dans l'amphi N de Tolbiac. Je suis désolé de ne pas avoir pris le temps de t'écouter. Je suis désolé de m'être tapé le Président en pensant que ça m'aiderait à t'oublier. Je n'ai jamais pu t'oublier Jordan, et j'en suis désolé aussi. Tu es le seul pour moi. »

L'urne ou l'amour [Bardella x Attal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant