Chapitre 8

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Gabriel ouvrit lentement les yeux. Il tourna la tête vers le léger souffle chaud arrivant de sa droite. Jordan était assoupi, son visage était tranquille et apaisé. Attal sourit. Il avait l'impression de ne pas avoir vu cette image ailleurs que dans ses rêves depuis une éternité. Il laissa ses mains glisser sur le torse chaud et dénudé de son amant, ce qui réveilla ce dernier. Gabriel en profita pour s'assoir à califourchon sur Bardella.

« Gab... murmura Jordan qui peinait à ouvrir les yeux. Qu'est-ce que tu fais là ?...

- Chaud pour un deuxième round ? »

Jordan se redressa avec violence, les poings serrés et le visage sévère.

« On est en France, on parle français ! rugi-il tel un lion en colère. Ça commence avec un round et ça finit avec un salam aleykoum wa rahmatoullah.

- Je n'aurais jamais cru t'entendre dire salam aleykoum wa rahmatoullah. Comment tu connais ça, pour commencer ? demanda Gabriel, surpris.

- Parce qu'ils sont partout ! La France, c'est presque l'Afrique du Nord. Son islamisation est en cours, nous allons tous y passer. Il faut sauver la France, notre France, remettre au goût du jour nos racines chrétiennes et les réimposer... »

Gabriel le coupa avec un baiser. Non pas qu'il fut soudain pris d'une terrible envie irrépressible de l'embrasser ; il avait après tout ce désir presque constamment. En réalité, même si Gabriel n'aimait pas non plus les arabes, c'était un peu beaucoup pour lui, surtout dès le réveil. Il avait simplement voulu faire fermer sa grande bouche à Jordan, ce qui visiblement ne dérangea pas celui-ci.
Jordan posa ses mains au creux du dos de Gabriel avant de laisser ses doigts courir jusqu'aux fesses de son amant. Gabriel sentit une bosse se former contre sa cuisse.

« Jordan, tu bandes.

- Possible. Tu vas t'occuper de moi ? »

Gabriel haussa les épaules.

« C'est toi qui voulait le refaire, repris Bardella. Et puis, tu me dois bien une pipe. Je te rappelle que tu n'es toujours pas pardonné.

- Oui, Jordan. »

Une fois leurs affaires terminées, ils se levèrent sans un vêtement pour recouvrir leurs corps nus et encore transpirants. Ils traversèrent un couloir pour se rendre à la cuisine, quand Jordan se stoppa subitement devant l'une des portes qu'il ouvrit.

« Gabriel... Que s'est-il passé dans cette chambre ?

- Ah, soupira Attal. C'est la sixième chambre d'amis de Matignon. C'est la chambre où je suis resté cloîtré à descendre mes barrettes de teushi après t'avoir quitté.

- C'est donc ça l'odeur de la Seine-Saint-Denis... Je n'avais jamais mis les pieds dans un endroit qui sent le joint. Je me sens comme Christophe Colomb arrivant en Amérique. »

Ils reprirent leur route. Une fois arrivés à la cuisine, le premier ministre ouvrit un placard.

« Je t'ai pris des Coco Pops, dit-il en sortant le paquet. Ce sont tes préférés, non ?

- C'est vrai. Tu savais que j'allais revenir ici ?

- Je l'espérais. »

Jordan s'avança vers Gabriel et l'entoura de ses bras, serrant fort son corps contre le sien.

« Je t'aime, Gabriel. Je te le redis maintenant que tu es de nouveau mien. Je veux reconquérir la France avec toi.

- Jordan... Embrasse-moi encore. »

Bardella approcha ses lèvres de celles d'Attal. Leur baiser fut interrompu par la sonnerie du téléphone de Gabriel. « Et merde. » râla-t-il avant de décrocher.

« Gabriel Attal, j'écoute.

- Gaby, qu'est-ce que tu fous ? Emmanuel t'attend, il est fou de rage.

- Gérald ? Merde ! Dis-lui que j'ai eu une panne de réveil, j'arrive tout de suite ! »

Sans dire un mot à Jordan, il courut enfiler des vêtements et se précipita vers sa porte d'entrée.

« Attends ! cria Jordan. Je ne suis même pas encore habillé...

- Je te laisse le double de mes clés. »

Bardella sourit. Il embrassa rapidement Attal qui prit alors la fuite en direction de l'Elysée. Emmanuel l'attendait à l'entrée, les bras croisés, tapant du pied sur le sol.

« Excusez-moi, monsieur le Président. Je n'ai pas entendu mon alarme ce matin...

- Vraiment ? Pourtant, Gabriel... »

Macron s'approcha de son ministre et ferma les yeux, inspirant l'air quelques secondes.

« Tu ne sens pas comme d'habitude. Tu sens un homme autre que toi, et permet moi de penser que c'est la raison pour laquelle tu n'étais pas à l'heure ce matin. »

L'urne ou l'amour [Bardella x Attal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant