L'urne ou l'amour [Bardella x Attal]

Chapitre 12

Gabriel entra dans l'isoloir et tira le rideau. Il inspira et contempla longuement les deux bulletins dans ses mains. D'un côté, François-Xavier Bellamy qui était certainement celui qui portait les idées politiques les plus proches de son parti. De l'autre côté, Jordan. Il savait que voter pour son amant serait une trahison envers Renaissance, mais il lui était difficile de lutter contre son envie de soutenir Bardella. Il prit finalement sa décision, choisissant de suivre son cœur avant tout. Désolé Emmanuel, Gérald, les copains, pensa-t-il tout en glissant dans l'enveloppe le papier bleu marine figurant le visage de son amant.
Quand il sortit déposer son vote, les caméras étaient là. Des dizaines d'appareils filmaient et diffusaient en direct sa trahison, et pourtant personne n'en savait rien. Il signa.

« A voté. » dit l'assesseur.

Gabriel quitta le bureau pour se rendre au siège de Renaissance. Il n'avait aucun regret.

De son côté, Jordan avait lui aussi pénétré dans son bureau de vote. Il attrapa sur la table quelques bulletins sans réellement y prêter attention avant de se faufiler rapidement dans l'isoloir. Il jeta quelques coups d'œil autour de lui pour s'assurer qu'aucun journaliste ne l'avait suivi et sortit de sa poche un petit papier plié en deux : celui affichant son propre portrait. Il s'arrêta un moment dessus.

« Toi, murmura Jordan, t'es sacrément beau gosse... Il en a de la chance Gaby. »

Jordan Bardella se fichait de tricher : son seul but était là victoire, peu importe les moyens. Et puis, personne ne saurait. Il ne craignait rien tant qu'il n'en parlait à personne.
Il décida de ne pas retourner au QG du Rassemblement National pour le moment. Avant tout, il voulait revoir Gabriel. Maintenant que tous les deux s'étaient retrouvés, il ne pouvait plus passer une journée sans voir son amant. Il envoya alors un message à ce dernier en lui demandant où il se trouvait. Attal ne tarda pas à lui répondre qu'il s'était rendu au siège de Renaissance pour y passer la journée jusqu'aux résultats des élections. Bardella dit qu'il allait le rejoindre. Il était risqué pour lui de pénétrer en territoire presque ennemi — quand même pas complètement car il ne s'agissait pas de la gauche — et surtout un jour pareil, mais le mâle alpha qu'il était ne craignait rien ni personne hormis la famille Lepen. Il savait se faire discret quand la situation l'exigeait ; il avait après tout eu plusieurs aventures avec Gabriel à l'Elysée sans se faire repérer.

Gabriel attendait Jordan à la porte arrière du bâtiment. Une fois son partenaire arrivé, ils se faufilèrent tous deux discrètement jusqu'au bureau du premier ministre. Gabriel prit soin de fermer la porte à double tour avant de se retourner vers Jordan qui lui attrapa les fesses. Le premier ministre leva un sourcil.

« Tu es venu juste pour ça ? le questionna-t-il

- Bien sûr que non... Je ne sais pas, un peu ?

- Jordan, on ne va quand même pas faire l'amour ici. Tout le parti s'est réuni, quelqu'un pourrait nous entendre.

- Tant que tu ne parles pas la bouche pleine, ça devrait aller. »

Jordan faisait toujours des allusions sexuelles à Gabriel. Celui-ci en avait un peu marre, parfois, et ce même s'il aimait beaucoup Jordan.

« Dis, Jordan... Tu ne voudras pas faire quelque chose d'un peu plus, euh... Romantique ?

- Romantique ?

- Oui ! Pour une fois.

- Je ne sais pas comment on fait pour être romantique. »

Jordan sembla, contrairement à son habitude, réfléchir. Il n'avait jamais pensé à être romantique parce qu'il n'avait jamais pensé qu'il aurait besoin de l'être. Après tout, il se trouvait très intelligent, sacrément canon et plutôt bien monté. Quel intérêt pour lui d'être romantique ? Quiconque était avec lui avait sacrément de chance et il n'avait donc pas besoin de faire des efforts. C'est comme ça qu'il avait envisagé les choses avant que la demande ne vienne de Gabriel. Si c'était ce dont Gab avait besoin, alors il devait le lui donner. Il fit signe à l'homme d'attendre et saisit son téléphone avant de taper « Comment être romantique ? » dans son moteur de recherche. Sans hésiter, il appuya sur la première page qui se présentait à lui : une page Wikihow.