L'urne ou l'amour [Bardella x Attal]

Chapitre 5

Jordan s'était fait rejeter une nouvelle fois. Après avoir pris l'air dehors pendant une bonne heure, il se décida à retourner chez Marine. Comme il était tard, le père Lepen était probablement déjà en train de ronfler fort tout en rêvant d'une France sans étrangers.
Quand il ouvrit la porte, c'est Ingrid qui l'accueillit. Elle écarta grand ses bras pour le serrer contre elle et déposa un baiser bruyant sur sa joue.

« Jordan ! Tu vas bien ? Marinette a dit que t'étais parti sans prévenir. Faut pas faire ça, on se faisait un sang d'encre, nous !

- Ça va, Ingrid, ne t'inquiètes pas, répondit Jordan en se dégageant de l'étreinte de la femme. Tu as passé une bonne soirée ?

- Au top ! On s'est mis une bonne grosse race au strip club avec les copines. Un des danseurs m'a twerké dessus après que j'ai glissé un petit billet dans son slip.

- Ça devait être sympa. »

Bardella tentait de cacher sa jalousie. Lui aussi aurait aimé pouvoir se rendre dans des bars pour regarder des hommes se déshabiller et danser de manière sensuelle. Mais personne ne devait découvrir cette attirance qu'il avait pour son propre genre.
Marine débarqua derrière sa colocataire, les bras croisés et le regard sévère.

« Où étais-tu passé ? demanda-t-elle

- Je suis allé courir.

- Arrête de mentir.

- De toute façon, ça ne te regarde pas. Je vais aller me coucher.

- Jordan, dis-moi la vérité. Tu es retourné voir Gabriel ?

- Le socialiste ? » intervient Ingrid

Jordan prit une profonde inspiration. Il était fatigué de rabâcher à tout bout de champ que Gabriel n'était pas de gauche, et que le passé était passé. Envolé, le passé, comme le disait si bien Tal.

« Je vais dans la chambre d'amis. » déclara Jordan

Sans attendre de réponse, il marcha à pas déterminés vers la pièce et referma la porte derrière lui une fois à l'intérieur. Sa rage et sa frustration refaisaient surface. Tel le mâle alpha qu'il était, il frappa du poing contre le mur.

« Il s'est fait baiser par Emmanuel, murmura-t-il pour lui-même. Sérieusement ? Et pourquoi pas par Gérald tant qu'on y est ? Combien de personnes ont pu voir son petit cul ces derniers jours ? »

Jordan se tut. Il était furieux, mais pas contre Gabriel. Il était furieux de la tournure que prenait cette histoire, furieux contre Emmanuel, furieux de ne pas réussir à se faire entendre. Il était si furieux que tout ça était forcément la faute des étrangers. Il fallait impérativement leur retirer leurs allocations.
Il alluma son ordinateur portable pour consulter ses réseaux sociaux. « Tout le monde t'appelle Merdella » avait dit Gabriel. Et il avait raison. Il était la risée d'internet : Merdella par-ci, amphi N de Tolbiac par là, et malgré tout, ça ne l'empêcherait pas de se classer premier dans les sondages d'intentions de votes aux élections européennes.
Jordan s'assit sur le grand lit king size que Marine lui prêtait pour la nuit. La campagne était fatiguante, et sa rupture avec Gabriel l'était tout autant. Il ne tarda pas à s'endormir.

Le lendemain matin, à son réveil, Jordan fut accueilli dans la cuisine par Marine.

« Coucou mon loulou ! s'exclama-t-elle en le voyant débarquer. Je t'ai acheté des Coco Pops. Tu les aimes bien, ceux-là, non ? Je te prépare un bol de lait chaud ? »

Bardella hocha la tête et se dirigea vers le salon. La télévision diffusait la matinale de CNEWS. Les informations révoltaient Jordan, comme tous les jours.  Le gauchisme, le wokisme, l'immigration, tout cela lui tapait sur les nerfs. Mais malgré tout ça, son esprit restait toujours occupé par Gabriel.

Un mois était passé, et Jordan n'avait jamais revu son bien-aimé. Chaque journée passée sans lui étaient pleine de chagrin et de souffrance. Non seulement Jordan ne l'avait pas revu, mais il ne l'avait pas non plus recontacté par messages. Il n'avait jamais osé par peur d'empirer la situation.
Mais il savait que le moment de le revoir serait bientôt venu. Dans quelques jours, le grand débat des européennes aurait lieu. Dans quelques jours, Gabriel lui ferait face. Il ne pourrait plus prendre la fuite. Dans quelques jours, Jordan allait avoir rendez-vous avec l'amour. Il était absolument prêt à récupérer celui qu'il avait perdu.