Je me sens lourde, face à cette boîte. Elle ne me fait pas l'effet que j'aurais cru avoir ; je sens mon cœur se remplir de haine. À chaque battement de cœur, ma colère s'intensifie.

"Voici une petite boîte pour notre fille adorée. Nous nous excusons, ta mère et moi, de ne toujours pas pouvoir te donner notre nom de famille... Cela me désole sincèrement. Je te souhaite tout le bonheur du monde. Passe cette année d'école avec élégance grâce à ces magnifiques robes!"

Cette petite lettre en papier kraft me donne envie de vomir. Elle est aussi courte et petite que l'amour qu'ils me portent sincèrement. C'est réciproque, j'imagine. Je dois me rendre à l'évidence : ils ne m'ont jamais aimée.

Ils ne m'aimeront jamais, et pareil pour moi.

Je soupire en tenant les robes présentes dans la boîte. Une robe noire avec des bordures dorées aux manches longues ; elle tombe, dévoilant mes épaules. Elle me plaît beaucoup, mais je ne me sens pas capable de la porter, pas si elle vient de mes parents.

Je prends mon sac de cours et me rends devant la salle de magie, cette fois-ci à l'heure. Bella me voit au loin dans le couloir et me fait signe de la main.

— Neyla ! J'ai terminé l'exposé, on passe demain. Elle arbore un sourire fier ; elle a fait du bon boulot.

— C'est incroyable, Bella ! Pourquoi ne participes-tu pas plus souvent ?

Je la vois devenir toute rouge ; elle est timide, d'après elle. Mais sa timidité gâchera sûrement son potentiel à un moment donné...

— Aujourd'hui, nous allons parler du mage Léon IV.

Léon IV serait donc un mage ancien et toujours actif au sein de l'Empire et aux côtés de l'Empereur. Cela ne me donne pas envie... enfin bon.

— Il a d'ailleurs découvert la synergie des âmes. Celle-ci peut être produite par des émotions réciproques.

— Comme l'amour ! Une petite brune aux cheveux carrés s'écrie. C'est une amie de Mira ; elle rigole, regarde ses amies, et lance un regard vers ce qui me semble être... Kyle ?

— Aussi, mais aussi la mort, l'amitié, la compassion, et entre frères et sœurs.

Si j'ai bien compris, si une émotion intense est partagée par deux âmes, celles-ci peuvent "s'élever", rendant plus forte l'autre en la présence de l'une des âmes.

— Prenons l'exemple de l'amour ! Si les deux personnes amoureuses et que cela est réciproque sont ensemble, leur niveau occulte, leur pouvoir, augmente en la présence de l'autre. Ils seront plus forts que d'habitude grâce à la synergie, et cela même si l'un des deux n'est pas un mage.

Intéressant. Pour une fois qu'un cours de magie est passionnant ! Moi qui pensais que les mages et la magie étaient des trucs d'égoïstes à l'ego surdimensionné... D'ailleurs, la prof de théorie en chevalerie est enfin de retour ! Je vais enfin pouvoir arrêter de glander dans ma chambre pendant les trous dans mon emploi du temps.

Je regarde Bella du coin de l'œil ; elle est encore stressée, sûrement à cause du travail de groupe avec Mira. Je ne veux pas qu'elle s'en soucie ; Mira n'est qu'une petite épine au pied.

— Voilà tout, je vous libère !

Bella et moi prenons nos sacs et nous dirigeons vers la sortie de la salle. Mira vient soudainement se coller à moi pour ensuite me pousser devant tout le monde. Je me retrouve à quatre pattes par terre ; quelle humiliation, pas vrai ? Je la vois venir vers moi, elle croise les bras devant sa poitrine avec un air fier.

— Grosse truie ! cracha-t-elle avec une immense haine.

— Tu veux voir ce qu'elle va te faire, la grosse truie, Mira ? Je me relève d'un coup, en remettant mes mèches de cheveux derrière mon oreille.

— Tu oses parler de cette manière à une noble !

Sans m'en rendre compte, j'assène un coup à la mâchoire de Mira. Et merde...

Lâche-toi, Neyla ! Ne la laisse pas s'en sortir comme ça, arrache-lui même la peau.

Non, c'est insensé !

Si, torture-la comme elle l'a fait à Bella. 
Je lui assène une gifle maintenant. Je suis dans LA MERDE !
En un claquement de doigts, je me retrouve dans le bureau du proviseur, avec Mira.

— Elle m'a fait trop mal, monsieur ! Vous devez la virer. Elle m'a humiliée !

— Ça ne marche pas comme ça, Mademoiselle Soleman.

— Vous connaissez ma famille, non ?

Elle prend un ton mielleux.

— Je connais la sienne aussi. Veuillez sortir maintenant ; elle s'est excusée, c'est assez.

Il reste ferme.

— Pardon ! Vous avez perdu- Deux grands hommes aux cheveux clairs et longs la prennent par le bras et la sortent de force. C'est satisfaisant à voir, c'est une vraie pipelette.

— Vous avez de la chance que je connaisse votre grand-mère et vos parents.

Comment ? Il les connaît comment ? Je porte pourtant le nom de famille de jeune fille de ma grand-mère !

Ils sont intelligents, ces bourgeois, hein ?

Face au proviseur, ma bouche reste fermée ; je ne veux pas m'étaler et surtout pas m'enfoncer.

— Que ce soit la dernière fois, Mademoiselle Delgrade. Au revoir.

Je me lève de mon siège et me dirige vers la sortie. Enfin libérée ! Pendant trente minutes, Mira racontait sa version ; on aurait dit qu'elle a été martyrisée, quelle actrice... Je tourne la tête de gauche à droite avant de me diriger vers ma chambre. Devant la porte de celle-ci, Bella somnole. Lorsqu'elle entend mes pas, elle se réveille.

— Neyla ! J'ai eu peur pour toi...

— Il ne fallait pas, je n'ai eu que deux heures de colle pour vendredi.

— C'est moins pire que ce que je m'imaginais au moins ! Tu n'aurais pas dû réagir-

— Bella, je n'aimerais pas que tu me donnes des leçons cependant.

C'est son problème si elle veut se faire marcher dessus, mais ça ne sera pas mon cas. D'ailleurs, je me demande ce que le proviseur voulait dire par "Vous avez de la chance que je connaisse votre grand-mère et vos parents". C'est, disons, plus qu'étonnant.

Bella s'est excusée pour sa remarque. Nous sommes toutes les deux dans l'un des jardins. Des roses blanches nous entourent ainsi que des grandes fontaines dorées ; le dôme, plutôt haut, est d'une blancheur immaculée. C'en est presque angélique : le ciel dégagé, les fleurs. J'aimerais juste rester ici...

Et grand-mère, Liam et Lisa ? Tu les as déjà oubliés.

Cette foutue voix, je vais péter un câble !

Je secoue la tête et me dirige vers les toilettes les plus proches, sous le regard inquiet de Bella. J'ouvre la porte et passe de l'eau sur mon visage. Je vois mon reflet dans le miroir suspendu au mur. Mes lèvres roses tremblent, et mes yeux jaunes brillent. Cette voix aura un jour raison de moi.

Je sors des toilettes lorsqu'une voix insupportable résonne derrière moi.

— Une retouche beauté après une petite altercation ?

Il est encore posé contre le mur ; il aime décidément cette position.

— Va te faire foutre, ne me parle pas.

— T'es vulgaire, tu sais ? Il plonge son regard dans le mien. Le sien est mystérieux, il n'a pas l'air d'avoir une putain d'âme. Il est vide, si vide que j'ai qu'une seule envie : arracher ses yeux violets.

— Vulgaire qu'avec les gars dans ton genre, ceux qui pensent être au-dessus des autres.

Il parle derrière mon dos, mais je n'en ai que faire. C'est un bourge comme Mira : méprisant, hautain, et un gros connard comme son ami Zack.

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⏰ Last updated: Jun 14 ⏰

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