Chapitre sept

25 7 1
                                    

Alerte rouge. Alerte ROUGE. Certes, une douche m'avait permis de me débarrasser de toute la crasse que mon corps avait pu accumulé ces dernières vingt-quatre heures, entre les champs, la pluie, le vieux camion de Philibert et la sueur, cela ne faisait pas bon ménage. Mais Félix avec son tee-shirt n'avait malheureusement pas pensé à tout. Oui, j'avais le haut mais le bas ??? Je n'allais quand même pas sortir et aller dans sa chambre en étant seulement vêtue d'un tee-shirt et d'une culotte... Ça serait trop la honte... Imaginez une fille qui, il y a quelques années, a été contrainte de quitter son copain dont elle était éperdument amoureuse et qui, s'est effacée volontairement du jour au lendemain de sa vie puis quelques années plus tard revient comme une petite fleur comme si rien de tout ça n'était arrivé. Et dès à présent a peur de sortir à moitié vêtue de sa salle de bain. Ridicule, absurde.

Cependant, une solution restait à ma portée. Je ne pouvais pas sortir dans cet accoutrement mais je pouvais appeler à l'aide. Rester derrière la porte et appeler Félix au secours. Laissez la porte entrouverte de sorte à laisser passer le brin de conversation qu'on échangera, tout en restant planquée dans la salle de bain en lui bloquant l'accès. Bonne idée ! Plan d'attaque mémorable, bien joué Lieutenant Nadia ! Je pris mon courage à deux mains, et cria du bout du couloir :

- FÉLIX !!!

Je ne fis plus aucun bruit, attendant une quelconque réaction ou un quelconque bruit du côté de mon interlocuteur. Je tendis l'oreille, attentive. Rien. Bon Dieu, mais qu'était-il entrain de faire ? Si déjà la première phase de mon plan était un échec, je n'osais point imaginer ce que serait la suite... Échec. Échec cuisant Lieutenant. Objectif suivant : trouver un autre plan moins foireux que le précédent si possible.

J'avais beau me creuser les méninges depuis un bon quart d'heure, plus aucune idée « fantastique » ne me vint. Je m'étais peut-être surestimée en matière de confection de plan.

La seule issue qu'il me restait que je refusais d'admettre était la suivante : sortir. Sortir dans cette tenue, en restant la plus digne possible. Allez Nadia, tu peux le faire ! Prend une grande bouffée d'air et lance toi ! Puis après tout, ce n'est que Félix, il ne va pas te manger ! J'ouvris la porte avec une motivation que je ne me connaissais pas et comme si le monde s'acharnait contre moi, me heurta contre un mur. Comment ce mur avait pu se retrouver là en si peu de temps ? Il est vrai qu'un mur à l'entrée d'une pièce n'a rien de logique. Attendez, se pourrait-il que... 

- Il s'agirait de regarder où l'on se dirige Mademoiselle.

Tous mes poils se hérissèrent de surprise, je relevais timidement ma tête afin de lui faire face, même si il me surplombait d'au moins une tête. Ce n'était évidemment pas un mur, c'était Félix. Ou plus exactement le torse de Félix, un torse puissant et tonique.

- Pour ta gouverne, je, je regardais très bien où je posais mes pieds, c'est toi qui t'es mis en travers de mon chemin.

- Woah ! Mais c'est qu'elle n'a pas perdu de sa répartie au cours de ces interminables années la damoiselle !

Ce face à face faisait ressortir ce pourquoi j'étais la calamité de mes professeurs au collège : ma répartie. Lors de ces quatre années d'enfer où j'avais enchaîné les bonnes notes et les excellentes moyennes scolaires (pour rendre mes parents fiers), en contre-partie, les incessantes et incalculables heures de retenue s'étaient succédées. Que voulez-vous on est pas tous parfait...

C'était donc pour préserver ma carrure d'éternelle têtue, que je me tenais de profil, le menton haut-perché et les bras fermement croisés, face à lui. Je fermais aussi les yeux et évitait soigneusement de le regarder, pour rendre mon personnage encore plus crédible.

Nouveau-DépartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant