Chapitre dix

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- Celle là, je l'ai prise en Normandie quand ma mère et moi étions en vacances, c'est d'ailleurs la première fois que j'emmenais mon appareil photo en vacances.

- Et celle-ci ?

- Ah je savais qu'elle allait t'interpeller, moi aussi je me suis longtemps questionné sur son sens. Je me questionne toujours dessus d'ailleurs.

- Et alors ? Tu as une réponse ?

- Pour être honnête, non. Je l'ai longtemps cherchée sans obtenir de réponse concrète, alors, je me suis simplement dit que, même si je n'y trouve pas de correspondance avec mon parcours, peut être qu'elle frappera quelqu'un qui réussira à se reconnaître en elle.

Sur ces mots, Félix reprit ses clichés et les remit tous, sans exception, dans sa sacoche.

- Dois-je te rappeler que nous ne sommes pas venus ici pour ça à la base ? Tu m'as dit vouloir en apprendre plus sur ma passion, alors c'est le moment ! C'est l'heure de ta première expérience sur le terrain me déclara-t-il dans un clin d'œil complice.

- Oui, tu as raison, comment procèdes-tu , tu nettoies le terrain d'abord ? Avant de trouver la personne qui sera d'accord pour collaborer et poser pour toi ? demandais-je avec un enthousiasme apparent.

- Nan Nana, tu te compliques trop la tâche. Pourquoi s'embêter à demander leurs accords pour qu'au final ils se recoiffent, replacent leurs cravates ou se remaquillent ? Ça tuerait totalement l'esprit de mes photos. Je veux du naturel, et le naturel, on l'obtient seulement et je dis bien seulement comme ça.

Il empoigna son appareil photo dans ses mains, regardant tout autour de lui, pour chercher sa cible. Il la trouva quelques instants plus tard, une femme, cigarette au bec, le regard transperçant sur un visage angélique. Elle semble dans ses pensées au moment précis où Félix s'approche d'elle, d'une démarche peu naturelle. La regardant avec des yeux fascinés, envoûtés.

Est-il possible d'être jalouse d'une parfaite inconnue ? Juste parce qu'elle monopolise sans même le savoir toute l'attention de celui pour qui mon cœur chavire ? Je crois que je tuerais pour être à sa place, pour être cette femme confiante qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui fait de l'effet au garçon que j'aime. Attention, attention, laissez passer, fille en pleine crise de jalousie, chaud devant !

Il s'arrêta à environ deux mètres de cette déesse, brandissant le plus lentement et discrètement son appareil, pour ne pas se faire repérer. Puis une fois l'appareil à hauteur de son œil, il appuya sur la détente. La jeune femme se retourna à l'instant même du déclic, lui adressant le plus beau des sourires. Le plus beau des sourires à Félix. A mon Félix. Je devais bien l'admettre, elle avait un sourire renversant. Un sourire ravageur. Un sourire de femme fatale à laquelle tout les hommes veulent se frotter.

Le cauchemar se poursuivit lorsqu'il lui sourit en retour, allant à sa rencontre pour je suppose, lui présenter ses clichés. Encore un petit effort Nadia, il lui montre les photos et puis pouf ! On en parle plus.

Je ne savais que faire, je restais là immobile, comme une gamine ayant perdu son papa, attendant gentiment qu'il revienne. Il n'allait probablement pas s'éterniser, c'est vrai, il n'était venu à sa rencontre que pour lui montrer ses clichés...

J'attendais toujours, plantée là, comme un phare au beau milieu de la mer, qui scrute les vagues à la recherche d'un bateau nommé « Félix ». Je les observais bouillonnante de rage à mesure que les minutes défilaient. Puis finalement, ma jalousie maladive prit le dessus sur ma raison et mon professionnalisme. Je m'avançais jusqu'aux côtés de Félix ne manquant plus d'audace, vins glisser mon bras dans le sien comme si c'était une habitude. Fut une époque où c'en était une d'habitude... Sans manquer d'hypocrisie je plongeais mon regard dans celui de la top-modèle, lui adressant mon sourire le plus faux qui m'était donné de faire.

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