Chapitre douze

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Félix

Mon plan d'attaque est prêt. Premier objectif : capter l'attention de Nadia. Deuxième objectif : qu'elle arrête de parler à ce gars que je ne connais pas.

Tout était prêt. Dans quelques instants, elle serait tellement surprise, qu'elle ne lui prêtera plus aucune attention. Pour cette opération, j'avais besoin d'un peu d'aide, j'ai donc joué de ma réputation auprès des musiciens pour qu'ils rendent mon plan encore plus spectaculaire. Je peaufinais donc les derniers détails avec eux, pour cette représentation inédite. Je n'aime pas chanter en public. Mais quand il s'agit de Nadia, de ma Nana, plus rien ne peut m'arrêter.

Les musiciens entrèrent sur scène. Instantanément, tout le public se mit à hurler et à applaudir pour ces messieurs qui dégagent un charisme impressionnant et je dois bien l'avouer ils le doivent à leur talent inné. Puis, je fis mon entrée et comme je pus m'en douter, des cris hystériques jaillirent de la foule. Ma réputation me précède. La plupart me connaissait, mais aucun d'entre eux n'avaient pu me voir chanter. On m'avait souvent incité à le faire dans le passé, mais j'avais tout le temps rechigné. Prétextant un mal de gorge par-ci, une overdose d'alcool par là... Tous les prétextes sont bons pour éviter la scène. C'est d'ailleurs pour la première fois, pour Nadia, que le monde va pouvoir assister à ma seule et unique représentation sur cette scène. La première et la dernière fois. Je parcourais déjà la foule du regard, cherchant ma cible. Je la vis, ses grands yeux innocents posés sur moi. Un léger froncement de sourcils de sa part m'indiqua son incompréhension. Elle ne comprenait pas pourquoi j'étais sur scène, et non à ses côtés. Je lui adressais un sourire complice, ponctué d'un petit clin-d'œil comme elle les aime. Elle continuait à me scruter attendant la suite. Ses pupilles ne voyaient que moi, pourtant l'autre tapette était toujours entrain de lui parler comme si elle l'écoutait toujours.

Je décidais de ne pas laisser sa présence m'accabler tout en me plaçant devant le micro, prenant une grande inspiration, fermant les yeux et annonçant aux musiciens que ça y est, c'est le moment. Je suis prêt. Les premières notes de Beautiful Things de Benson Boone commencèrent à retentir. Ayant toujours les yeux fermés, je fus emporté par un flot de notes qui s'infiltrèrent en moi, m'emplissant de courage et me procurant enfin l'élan qu'il me manquait pour enfin sortir les paroles de cette fameuse chanson dont les paroles représentaient exactement mes états d'âmes actuellement : 

Mmm

Please stay

I want you, I need you, oh

God

Don't take

These beautiful things that

I've got

Please stay

I want you, I need you, oh

God

Don't take

These beautiful things that

I've got

Oh-oh-oh-oh,oh,oh

Please don't take

These beautiful things that I've got

Nadia

- ... et c'est comme ça que mon ex-copine m'a lâché. Ah la la la, les femmes je te jure !

Carl continuait le récit « passionnant » de sa vie, mais ce n'était plus ça qui me préoccupait désormais. Je ne l'écoutais que d'une oreille distraite, au combien même, ce n'était même plus lui que je regardais. Félix que je pensais retrouver un jour à mes côtés était en fait sur scène avec des musiciens. On aurait dit un « boys band ». Ils avaient tous un instrument de musique qu'ils chérissaient probablement tous comme un artefact contrairement à Félix. Lui, se tenait là devant le micro, ses iris plongés dans les miens. Ne me dites pas que... non je rêve ça ne peut pas être possible.

Tout à coup mes doutes vinrent se confirmer quand les premières notes de Beautiful Things de Benson Boone commencèrent à jaillir des innombrables enceintes. Et là, je l'entendis. Son instrument. Sa voix.

Mmm

Please stay

I want you, I need you, oh

God

Don't take

These beautiful things that

I've got

Please stay

I want you, I need you, oh

God

Don't take

These beautiful things that

I've got

Oh-oh-oh-oh,oh,oh

Please don't take

These beautiful things that I've got

Je retenais ma respiration tout le long de sa prestation. Qu'importe les minutes qui passaient, le regard de Félix restait toujours accroché au mien, comme si il cherchait à me faire passer un message. Il me dévorait des yeux, je le dévorais des yeux, on se dévorait. Enfin, le sens caché de ses paroles me frappa de plein fouet. Mon plan avait été un succès ! Félix était bien jaloux. Il me le faisait bien comprendre. 

Après avoir prononcé sa dernière réplique, il s'éloigna vigoureusement du micro, sans me quitter des yeux, tout en s'approchant du bord de la scène, pour enfin l'enjamber. Il stria la foule en deux, se frayant un chemin sans grande difficulté, pour se poster juste devant moi. Son parfum boisé m'envahit soudainement les narines, j'ouvris la bouche mais ne parvint pas à articuler ne serait-ce qu'un mot, quand sa bouche vint prendre possession de la mienne. Ce baiser inattendu était... était tout ce à quoi j'aspirais depuis notre séparation. Et pour cause, il me faisait bien comprendre que c'était son cas à lui aussi. Sa langue cognait furieusement mes dents, comme pour forcer son passage jusque dans ma bouche. Je lui fis grâce de ce privilège, en mêlant simultanément ma langue à la sienne. Nos lèvres ainsi que nos langues fusionnèrent pendant que nos corps se rapprochaient petit à petit, s'attirant, jusqu'à s'emboîter complètement l'un contre l'autre. Comme s'ils étaient faits pour ne plus jamais se quitter. Il ceintura ma taille de ses bras, me soulevant légèrement du sol pendant que mes mains trouvèrent refuge sur sa nuque. J'enroulais une de ses boucles autour de mon doigt, le faisant tressaillir d'excitation. Il s'écarta de quelques centimètres, ouvrant cette fois-ci ses yeux éclatants. Il me gratifia d'un de ses fameux sourires de tombeur, qui ne me donna qu'une envie : continuer là où nous nous sommes arrêtés.

Sa bouche s'approcha cette fois-ci de mon oreille, me susurrant d'une voix haletante et suave :

- Il est temps pour nous d'y aller Nana, je nous sens chacun un peu chamboulés par cette soirée fantastique à laquelle nous venons d'assister, tu ne crois pas ?

Mon sourire redoubla d'intensité, j'hochais la tête d'enthousiasme et lui emboîta le pas. Je fus très vite coupée dans mon élan quand sa main exerça une pression sur mon poignet, me faisant tournoyer sur moi-même de sorte à ce que je me retrouve (de nouveau) collée à lui. Nous nous fixâmes quelques instants avant qu'il me murmure contre mes cheveux :

- Attends, tu ne crois quand même pas que tu vas me traîner derrière toi comme une pièce rapportée, jusqu'à la voiture ?

Tout à coup, il accompagna ces mots de gestes précis en agrippant une nouvelle fois ma taille d'une main, me soulevant sans difficultés. Sa deuxième main se fraya un chemin en dessous mes genoux et une fois installé, il me porta jusqu'à la voiture. Comme une véritable princesse. Je blottis ma tête contre son torse toujours le sourire au lèvres, avec ces papillons qui ne cessaient de valser dans mon ventre.

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