26-Arazhela

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Bam !

Mon poing vient cogner violemment contre le mannequin rembourré, qui tangue dangereusement.

Autour de moi, l'air est frais, le silence règne. Il n'y a que mes coups qui résonne, inlassablement, dans la clairière.

J'essuie mes poings contre ma tunique, rageuse. Voilà deux jours que je suis rentrée de ma lune de miel, et trois jours que j'ai fais ce foutu paris.

La peau de mes phalanges est arrachée, signe de mon entraînement intensif.

Trois jours. Trois jours que ce jeu a commencé. Trois jours qu'on ne fait plus que s'embrasser, se provoquer, se.... Argh. Qu'es-ce qui m'a pris de lui proposer ça ?

Crochet droit, uppercut, esquive, frappe, esquive, contre attaque.

Je répète et répète inlassablement les mêmes mouvements, ancrées dans ma peau.

Je loge dans mes coups tous mes doutes, mes peurs, mes colères. Sans ce défoulement, je ne tiendrai pas le coup.

Aujourd'hui encore plus, le sport de combat est mon antidote.

Car c'est ce soir, oui, ce soir, que Calion va mourir. Mon petit frère va mourrir pour un crime qu'il n'a même pas commis.

J'essuie mes larmes du geste furieux, le souffle rauque. Il ne faut pas qu'on me voit dans cette état. Je suis l'impératrice, ma vulnérabilité ne doit pas paraître une seule seconde.

Et c'est exactement ce qu'ils veulent. Je suis piégée. Ils m'enferment petit à petit dans un rôle, sous un masque. Je suis leurs putain de marionnette, la putain de marionnette de Lennon.

Qu'es ce qui m'a pris de faire ce pari avec lui déjà ?

Pourquoi...

C'était sur un coup de tête, j'ai agis avec impulsivité. Avec lui, je ne me contrôle jamais, ma vulnérabilité est percée à jour aussi facilement que le sable sous l'eau, les jours de soleil.

Si Lennon a accepté, si cet être froid, méprisant et calculateur a accepté, c'est qu'il y a forcément anguille sous roche. Cet elfe ne laisse jamais rien traîner au hasard.

Je me re concentre sur ma cible, et enchaîne une nouvelle série de coups, le visage perlé de sueur et les muscles saillants.

Peut être Aerin a-t-elle raison, mais je pense qu'au delà du fait que cela a déstabilisé ce monstre, il y trouve un avantage. Un intérêt. Mais lequel ?

J'entends des pas s'approcher derrière moi, et je me retourne, expirant douloureusement.

Peut importe l'individu, je ne dois pas montrer mon état. Calion a beau être mon frère, je suis l'impératrice.

L'impératrice... mon cœur se serre. Mes idéaux passent après mon rôle, c'est ça ? Je me sens piégée. Piégée sur leur échiquier.

Gurthang : J'en connaît une qui réfléchis trop, pour un début d'après midi.

Je relève les yeux, tombant nez à nez avec le sourire condescendant de Gurthang, sous ses yeux étincelants de malice.

Quand il rencontre mon regard, son sourire s'adouci, et il s'approche d'un pas ferme de moi.

Je sers les poings. Encore une fois, il a réussi à lire sur mon visage. Je suis vraiment pathétique.

Moi : Salut...je...

Les mots montent difficilement dans ma gorge. Qu'es ce que je suis sensé dire ? La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a quelques jours, juste avant mon départ pour l'île de Seneï.

Le serment de feu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant