Chap 1

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•Anaya•

Je me préparais une unième fois pour travailler en tant que serveuse dans un de ces petits restaurants miteux.

J'insultais déjà intérieurement ma patronne, qui était toujours en train de baisser mon salaire sans raison. Elle passait son temps à me rabaisser à longueur de journée et je n'en pouvais plus mais je n'avais pas d'autre choix que de supporter cela et de clouer mon bec pour pouvoir garder mon loyer.

Je voulais éviter ces genres de scènes dans les films où l'on voyait l'acteur qui rentrait dans son immeuble et voyait un panneau sur la porte de son appartement : « Expulsion du loyer » ou « Loyer vendu ». Le plus souvent, ils devenaient sans - abris mais pas question que ça m'arrivait à moi aussi. Je le refusais.

Après avoir pris le bus que je prennais d'habitude, manquant à chaque fois de tomber dedans tellement on était serrés, j'arrivai une nouvelle fois en retard à mon petit boulot.

Je fis comme si de rien était, heureusement que ma patronne ne m'avait pas vu. Je préparais mes affaires, et une longue queue attendait impatiemment de commander.

Je soupirai et me mis au travail au plus vite. J'étais la seule serveuse.

- Elle arrive en retard sans s'excuser ! se plaignit un client.

D'autres remarques fusèrent, et je les ignorais tant bien que possible jusqu'à ce qu'une attire mon attention.

- Où est votre patronne, sale garce ! criait une femme. Je veux la voir ! Tout de suite !

Je gardais la tête basse, pour éviter de regarder leurs visages déformés par la colère, et je ne savais pas pourquoi, mais mon intuition me disait que si je les regardais une seule fois, j'allais exploser de rire. J'étais vraiment folle, ma parole.

Je continuai les commandes. J'ignorai superbement les insultes et aussi ma patronne qui s'était pointée derrière moi sans un mot. Je sentais son fichu regard.

J'avais une famille, avant. Un toit. Tout.

Mais un jour, tout cela a disparu. Mon père et ma mère se sont fâchés, ma mère a tué mon père, elle s'est enfuie avec mon frère et ma sœur en rejetant la faute sur moi.

Elle m'a battue à la maison pendant plusieurs années puis elle m'a abandonnée chez mon cousin... Elle ne savait pas sur qui rejeter sa frustration alors j'étais son anti - stress, je ne devais rien dire, je subissais juste.

J'étais l'ainée mais j'étais jeune à l'époque. En plus de ça, j'ai été du coup contrainte à vivre chez mon oncle où son fils m'a... m'a...

Je n'arrive toujours pas à le dire. Je ne peux même pas l'appeler « cousin ». Impossible.

Et je me sens si sale. Tout le temps. Peut importe comment je me frotte sur la douche à en bruler ma peau, ce sentiment de saleté ne me quitte pas. J'ai toujours espéré que ça parte avec le temps, sans succès. C'était toujours ancré en moi.

J'ai dû travailler à l'âge du collège, arrêter mes études à l'université, je n'avais plus rien à me payer, j'étais seule. J'ai toujours appris à subvenir à mes propres besoin. Je pense que c'était au moins une bonne chose dans toute cette vie merdique que j'ai enduré jusqu'à maintenant.

J'avais pas d'amis, et j'ai toujours été solitaire depuis que ma meilleure amie m'avait lâché pour son mec.

Depuis, je ne prends plus le risque d'avoir des fréquentations ou quoi que se soit. Je suis entièrement seule, sans personne dans ma vie.

- Vous êtes arrivée à quelle heure, aujourd'hui ? Hm ? Je peux le savoir ?

Je soupirai encore et lui promis que ça n'arrivera plus jamais.

- Ce n'est pas la première fois, Anaya Harper ! Ça commence sérieusement à bien faire !

Je relevai pourtant la tête haute, toujours en gardant mon calme.

- Excusez - vous auprès des clients, ordonna - t'elle, sacrément énervée.

Ce n'était pas mon jour de gloire, on dirait.

- Excusez - moi, je ne recommencerai plus, cédais - je dans un soupir.

- Ouais c'est ça, disait quelqu'un.

- C'est pas grave, fit une voix enfantine.

Je baissai la tête. C'était une petite fille métisse qui tenait une peluche et me regardait de ses grands yeux verts. Elle était magnifique et si mignonne.

Sa mère lui tenait la main. Je souriais à la petite fille qui me rendait aussitôt mon sourire. Pourquoi n'y a - t'il pas plus de gens comme elle dans ce monde ?

- Allez, dépêchez - vous de faire les commandes ! aboya la vieille poule. Avant que les clients se plaignent une nouvelle fois de votre incapacité !

Je lui jetai un regard mauvais mais discret et repris.

Lorsque ma journée passa horriblement lentement comme à son habitude, je nettoyais les tables, sous le regard méfiant de ma patronne.

- J'hésiterai pas à vous virer si ça continue comme ça ! continuait - elle de rouspéter.

- Désolée..., répétais - je pour la millième fois.

Je la déteste. J'aimerai pouvoir lui dire tout ce que je pense d'elle en face, mais je mets mes critiques de côté et continue mon travail. Ma patronne partit dans une salle, disant qu'elle revenait bientôt, mais au bout de trente minutes, elle ne ressortait pas. Tant mieux. Un peu de silence ne me ferait pas de mal.

- T'es plutôt mignonne toi, entendis - je.

Je relevai la tête, et vis une bande d'homme qui avaient tous l'air aisés financièrement. Je les regardais, je ne comprenais pas.

- Des bières pour nous tous, s'il te plaît, fit un autre.

Ils étaient combien, huit ?

- Le restaurant va fermer, messieurs, dis - je.

- On s'en fout, on veut nos bières.

- Messieurs, ça va fer...

- Poupée, si t'as pas compris, on est pressés là.

Je sentais que la tension montait, et vu que je n'y pouvais rien, je fis leurs bières, et un paya pour tout le monde.
Ils partaient avec les verres, alors qu'on devait les récupérer normalement. Mais je m'en fichais. Je voulais juste rentrer.

Enfin, ma patronne sortit.

- Vous faisiez quoi ? osais - je.

- Ça ne te regarde pas, fit - t'elle sèchement.

Un monsieur que je n'avais vu qu'une ou deux fois, sortit aussi de la même salle, essoufflés et transpirants. Ma patronne était toute décoiffée. Cette seule vision me suffisait à me faire comprendre ce qui s'est passé. À mon avis, ils avaient fait autre chose que du running à l'intérieur. Partout mais pas ici, par pitié...

Et ça veut dire qu'elle l'a ramener ici en secret ?

- Je vais rentrer, au revoir.

Elle ne répondit rien et se colla contre le monsieur.

Je pris mes affaires et sortis de là vite - fait.

Il faisait déjà nuit, et il y avait une brise dans l'air, mais je n'y faisais pas attention.

Je grelottais presque, mais encore une fois, je n'en avais rien à faire.

Soudain, une voiture de sport noire s'arrêta devant moi.

Sa ProtégéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant