Tome 1 - Chapitre 2 :

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Bien. Maintenant que tout le monde sait pourquoi je suis là, à compter les os encore intacts de mon corps sur les doigts pour m'occuper le temps de me retaper toute la route, on peut continuer.

J'étais sur le chemin du retour, ruminant dans ma barbe toute sorte d'insultes à l'encontre du dernier agresseur en date. :

« Comment je vais m'y prendre pour lui faire digérer ses tripes à ce chien ? ».

Hors de question de me laisser faire par ce connard. D'où est-ce que ce fils de lâche se permet de... de tenter de tuer qui il veut ? Si je veux me venger, je vais devoir attendre un peu avant d'agir... D'après Boss, je crève si je le décoiffe. Donc je dois me mêler à eux le temps de trouver une solution... Je soupire à cette idée. Je n'ai aucune envie de faire copain-copain. En tout cas, pas pour mes derniers instants. :

« ... ».

Cette idée me fait disjoncter. Je ne peux pas m'empêcher de penser que je n'ai pas de chance. :

« Putain. ».

Je lâche un rire nerveux. :

« Évidemment que j'ai pas de chance ! Quand on regarde ma vie c'est un bordel sans direction ! Je ne sais pas d'où je viens et on m'accueille dans un village contaminé qui est détruit à cause d'une maladie à la con !

— ... Vous allez bien mon enfant ?

— Ta gueule me parle pas espèce de merde ! Occupez-vous de ce connard bizarre au lieu de me mater, vous ! ».

Ce gros con en peignoir dégage de ma vue dès que je hausse le ton, parfait. Ces enculés de la Marine font enfin leur job. Enfin... Ouais, je me comprends. Je perds la tête, ce n'est pas le moment de me la prendre. :

« C'était quoi les putains de chances de me faire accueillir dans le seul village éloigné des autres qui exploite du nickel doré ?! Bordel de merde ! ».

Depuis quand remonte la dernière fois que j'ai avalé un truc ? Assez longtemps pour ne pas m'en souvenir. J'espère qu'ils vont me laisser manger là-haut. Pas dit, ils doivent me croire mort. Peu importe la réponse, je suis arrivé à l'entrée du siège à force de péter un câble. Dès que les videurs m'aperçoivent, ils élargissent les yeux de manière exponentielle. Ces bouffons m'ont déjà laissé passer tout à l'heure ; qu'ils ne me cassent pas les couilles. :

« J'ai un truc sur la gueule ou quoi ? ».

Je n'ai pas envie d'être doux, pas avec eux. Avec personne en fait. Ces connards s'écartent à ma surprise et ouvrent la grille. :

« Entrez monsieur Law. », m'accueillent-ils avec une révérence plutôt... étrange.

Ces deux débiles mettent du temps avant de s'accorder sur le sens ; la vitesse et la posture même de la révérence. Un spectacle ravissant. :

« Ok... Wow. ».

Si ce siège était considéré comme un château, aujourd'hui il se rapprocherait plus d'une ruine. Seuls les étages sont restaurés tandis que le reste est détruit ; abîmé ; brûlé ; gelé ; repeint par-dessus la misère ; brisé... :

« Ouais, la liste est longue. ».

Ils ont installé des mannequins mobiles avec des cibles ; des sacs de frappes défoncés par d'impressionnants impacts de poing ; des machines de musculations... Un véritable centre d'entraînement. :

« Qu'est-ce qu'ils foutent ici ? On dirait que j'ai atterri dans un camp de... Nan, je ne terminerai pas cette phrase. ».

Je reprends le chemin de tout à l'heure, le ventre serré. Durant ma progression, je commence à percevoir des voix. On dirait une dispute, c'est étrange. Plus je me rapproche de la salle de banquet, plus je devine les participants du conflit. Je pense qu'il y a la chialeuse ainsi que Shiki, mais une autre voix m'interpelle ; une que je n'ai pas encore entendue, plus douce bien qu'énervée. Elle représente la principale locutrice du supposé désaccord, même si je ne discerne pas encore les paroles.

Un enfant parmi tant d'autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant