Tome 1 - Chapitre 14 :

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« Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?! ».

Au vu de l'heure, Emma et moi n'avons qu'à peine le temps de nous rafraîchir qu'il est déjà l'heure d'aller se coucher. Le dortoir des garçons, toujours mouvementé avant d'aller faire dodo, me paraît calme. Je ne les entends pas ce soir. Trop abasourdi par ce que nous venons de vivre, ils me paraissent silencieux. Je n'arrive pas à passer à autre chose. :

« Fait chier. Je l'entends encore... ».

J'ai protégé Emma du mieux que je pouvais du cri d'agonie de son petit frère au détriment de mes oreilles. Elles ont pu se délecter de la symphonie de râles et de tous les sons du repas du directeur. :

« Pas de dodo ce soir... Je vais encore me faire tirer les oreilles par Yuna à cause de mes cernes. ». :

« Les garçons ! ».

Inès tape des mains devant la porte d'entrée. Les regards se tournent vers elle ; mon cœur rate un battement. Heureusement que mon visage est caché derrière mon livre. :

« J'ai remarqué que deux enfants manquaient durant le départ de Thomas. Vous savez qui ils sont ? ».

Un immense frisson me traverse la colonne vertébrale. C'était la seule chose que je n'avais pas prévue... Je la vérifie avant de me cacher derrière mon livre... Putain de masque ! Je n'ai pas réussi à la lire bordel ! :

« Merde ! C'est une question rhétorique ?! ».

Mère passe en revue chacun des enfants, puis croise mon regard. Je nie de la tête et retourne à ma lecture. Ma bande-dessinée sur les Légendaire m'offre une superbe couverture et... Oh merde. Mon stress grimpe lorsque je sens qu'elle se rapproche derrière les cases de mon ouvrage. :

« Law... ». :

« C'est la fin... On est morts. ».

Je détourne les yeux du neuvième volume avec une chair de poule immense et échange de nouveau un regard avec elle. Inès avance ses griffes vers mon visage. Je ne peux que fermer les yeux sur la mort qui m'attend. :

« Adieu Angèle... Adieu Emma... Désolé Nolan... ».

À ma grande surprise, j'aperçois un filet lumineux à travers les plis de mes paupières. Lorsque j'ouvre les yeux, les garçons se préparent à jouer aux cartes et Inès s'est assise sur mon lit. :

« Tu sais, lire dans l'obscurité est très mauvais pour tes yeux... ». :

« Pardon ?! ».

Elle me caresse les cheveux avec ses griffes dégueulasses. Le doux contact me donne des fourmis dans les doigts. Je n'ai qu'une envie, hurler pour mettre fin à ce malaise envahissant. :

« Et surtout, tu pourrais essayer de jouer avec tes copains plutôt que de lire tes livres. ».

Cette actrice digne d'un oscar paraît si chaleureuse avec ses douces paroles. Une fois la vérité éclatée, ses agissements me donnent juste la gerbe. Le froid cruel dont elle a fait preuve environ une heure auparavant n'a rien à voir avec ce que je vois maintenant. C'est déroutant au point de... Merde... Je me sens vertigineux. :

« J'ai besoin d'aller aux toilettes. ».

C'est urgent... Je dois me rafraîchir, m'éclaircir mes pensées... Je ne sais pas, un truc. Une fois arrivé à destination, je suis pris de violentes convulsions. Ma respiration courte accentue la douleur à chaque inspiration. Je vomis tout ce qui se balade dans mon système digestif. Les récents évènements m'ont plus impacté que ce que je ne pensais. La douleur du reflux gastrique m'obnubile la tête. Je n'arrive plus à exprimer une pensée pragmatique. Les contractions incontrôlables rendent l'expulsion encore plus désagréable. :

Un enfant parmi tant d'autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant