Tome 1 - Chapitre 8 :

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Des mois. De longs et nombreux mois que je subis et ma patience a atteint ses limites. J'en ai supporté des choses, mais là on a atteint un tel niveau de supplice que je ne peux plus le garder pour moi. Ce n'est juste plus possible de la supporter plus longtemps. Elle va me tuer à force !

C'est pareil ce matin. Rien n'a changé et l'été la rend dégoulinante de sueur. Son parfum d'hibiscus la sauve, même s'il me répugne à force de le supporter. Nous avons certes la chance d'avoir une cabine pour nous deux, mais le monstre qui y vit me rend taré. La porte claque le mur pour me sortir de mon quasi-sommeil. :

« Law ! Angèle ! On se lève les tire-au-flanc !

— Ouais ouais j'arrive. Enfin j'essaie... Donne-moi deux secondes Cyrus...

— Attends deux secondes Law. », plisse des yeux le garçon mate de peau. :

« Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis réveillé, non ?

— Tu faisais quoi avec Angèle juste avant que j'arrive ? ».

Cet imbécile me fixe avec un air furieux, comme si j'avais fait une grosse connerie. Aujourd'hui ; maintenant ; dans mon état : ce n'est pas le moment. :

« J'en ai marre. ». :

« Écoute-moi bien Cyrus. Avec tout le respect que je te dois, je vais te demander d'ouvrir les yeux et de réfléchir. Regarde juste deux secondes avec quel genre de monstre je dois vivre ! ».

À mes mots, ledit monstre se meut et s'étire. Peu importe l'accoutrement relevant juste du sous-vêtement, ses mains tâtent le matelas à la recherche de... Oh merde, elle somnole encore. :

« Pandaaaa.

— Elle a besoin de son doudou ! Tu dois m'aider ! ».

Un bras me tire en arrière... Fort. Merde... Je me retrouve coincé à nouveau dans les bras de la grande méchante Angèle, à la limite de la suffocation. Son sourire apparaît au détriment de mes jours comptés. :

« Non ! Aide-moi... Par pitié ! ».

Le garçon soupire, range son collier en forme de soleil à l'intérieur de son uniforme, et balance un gros coup de pied à la base du lit. La puissante impulsion crée un mouvement de balancier. :

« Enculé ! ».

Par balancier, c'est-à-dire envoyer le lit contre mur, avec nous dedans... Enfin... Je me suis d'abord pris le mur, puis Angèle contre le mur, puis le lit. L'acrobatie a au moins le mérite de réveiller ma tortionnaire. :

« Putain mais par aider je vous voulais dire me sauver, pas m'achever !

— T'es pas en mousse à ce que je sache ! », se plaint Angèle à peine réveillée. :

« Mais tu m'es tombé dessus avec ton gros c...

— Finis ta phrase et t'es mort abruti !

— Fermez-la tous les deux ! ».

Une grosse bosse sur le sommet de nos crânes nous est offerte par notre chef de brigade. Cet enculé de Cyrus remet ses lunettes à style Steampunk sur son chapeau usé, placé sur une touffe de cheveux dressée par des épingles et des broches. La longueur de ses boucles atteint ses omoplates et a de quoi rendre jalouse de nombreuses femmes.

Pour en revenir aux bosses, nous les collectionnons avec Angèle car dans ce navire : qui aime bien châtie bien. Le léger détail concernant notre victimisation des matelots à l'entraînement devrait être pris en compte. Lorsque nous y sommes arrivés pour la première fois, ils nous ont tous deux pris pour du petit gibier. Aujourd'hui, c'est limite s'ils osent nous regarder dans les yeux, bien que jamais il ne nous soit arrivé de penser à mal à leur égard. Il n'y a que la capitaine et les chefs de brigades qui nous traitent normalement. Les autres nous prennent pour des fous. :

Un enfant parmi tant d'autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant