IRIS

chapitre 6

               (Point de vue de Laura)

Je n'avais pas rouvert mes mails dimanche soir. On était à présent lundi et je venais de rentrer du travail. J'y avais pensé toute la matinée, impossible de me concentrer sur quoi que ce soit d'autre. Mais je ne pouvais pas retarder l'échéance indéfiniment. Je prenais quand même mon temps pour aller me laver, grignoter quelque chose avant de m'installer, volets fermés, calée dans mon canapé avec la tablette sur les genoux. Le premier chapitre du dossier était spécifiquement sur Iris. Ses habitudes, sa sexualité, ses relations. Ensuite venait les règles et les protocoles qui clairement m'inquiétait tant il y avait de choses à retenir. L'entretien semblait contenir moins de spécificité. Le point le plus effrayant et le plus épais était celui du contrôle ou spécifiquement de la perte de mes libertés. Il s'agissait d'une pyramide à l'envers partant du point zéro au numéro six indiquant de manière assez spécifique ce qui n'allait plus être de me recevoir au fur et à mesure de la relation. Sachant qu'au point zéro  était inscrit la famille, les amis ,le travail, la nourriture, la sexualité, l'argent, les sorties, les dépenses et le corps. Au point numéro cinq il ne resterait plus que la famille et le sixième point était le Graal. Le total power exchange. J'avais la tête qui tournait rien qu' en y pensant. Il y avait également un petit point sur le CNC. Mais pas des moindres, car il s'agissait là de la finalité. Le point à atteindre. Pourtant il ni figurait que quelques lignes expliquant en quoi cela consistait. Tout dans ces documents étaient expliqué de manière transparente. Je ne pourrai pas dire plus tard que je n'avais pas été prévenu, tout y était inscrit noir sur blanc. Je prendrai ma décision en tout état de cause. C'était ma responsabilité et je me mettais délibérément les fers, et cela de façon irrémédiable. C'était doux amer, excitant et terrifiant à la fois comme tout ce qui concernait Iris. Se rendait-Elle compte à quel point Elle était trop ? Je commençais à comprendre tous ceux qui avant moi avaient reculé. Je comprenais parfaitement leur volonté de vouloir l'impressionner, de vouloir ne serait-ce que goûter du bout des doigts tout ce qu'Elle avait à offrir. Je ne pouvais que comprendre leur souhait farouche de respirer près d'Elle pour se sentir, eux, aussi à la hauteur, et je commençais à ressentir cette peur effroyable qui vous tenaille lorsque vous vous rendez compte que vous n'y arriverez jamais. Que votre seule volonté ne suffira pas. Que vous êtes trop petit face à Elle. J'avais envie de hurler. Ma folie revenait au galop, mais je ne pouvais que me tenir la tête et respirer pour essayer de me calmer. Allais-je seulement y arriver ? Je savais qu'Elle me dirait que je ne réfléchissais pas de la bonne manière mais je savais déjà que je la voulais, la question n'était pas là.
Je choisis de relire plus attentivement la section sur Iris, dans la volonté d'en apprendre plus sur Elle.  Le temps passa vite ce soir-là , mais trop lentement aussi. 
Ma semaine sans voir Iris fut difficile à gérer.  j'étais sans cesse dans l'attente de l'apercevoir quelque part. Je regrettais le fait qu' Elle ne soit pas revenue à l'improviste à la maison pour me faire m' agenouiller de nouveau. Je profitais de l'autorisation qu'Elle m'avait donné de lui envoyer des messages pour le faire de jour comme le nuit ne serait-ce que pour avoir une réponse de sa part et pouvoir échanger avec Elle. Je savais que je voulais être à Elle et lui appartenir. Mon temps de réflexion était terminé. Et je ne savais pas si je l'avais écourté parce que j'avais réellement réfléchi à la question comme il se le devait ou si c'était simplement parce que je voulais la revoir le plus rapidement possible. Je soupçonnais le manque d'y être pour beaucoup. Donc à la fin de la semaine je prenais mon courage à deux mains et décidais de lui envoyer un SMS pour lui dire que j'avais pris ma décision, sa réponse ne se fit pas attendre car Iris appela dans la foulée.

- Bonsoir Miss Laura.
- Bonsoir comment allez-vous ?
- Ça va et toi? Comment s'est passée ta semaine ? J'ai cru comprendre que je manquais à quelqu'un.