Meyster, conteur de la nouvelle ère kentorienne, explore différents journaux d'aventuriers du passé, afin de nourrir son inspiration pour les contes qu'il écrit. A travers les récits de ces personnages, il apprendra bien des choses sur la faune et l...
La nuit précédente a été éprouvante. Les jappements incessants des stemix m'ont gardé longtemps éveillé. Je n'ai pu que trop peu avancer, aujourd'hui. La traversée du fleuve fut bien plus ardue que prévue, mais pas à cause du fleuve en lui-même. Comme je le craignais, j'avais été suivi depuis mon départ. Pour autant, un événement inattendu m'a sauvé.
À vrai dire, les premiers bateaux que j'ai trouvés étaient en piteux état. Ils dataient de la dernière guerre, et avaient pour beaucoup été malmenés par les crues et le temps. Souvent, le fond était percé. Parfois, il manquait carrément des parties de l'embarcation.
C'est pendant que je marchais le long des épaves parcourant les rives du fleuve que j'entendis des voix. Naturellement, je les contournais, puis trouvais un abri afin de voir de quoi il s'agissait.
Je ne mis pas longtemps à comprendre qu'il s'agissait d'un groupe de mercenaires perdus. Ils étaient humains, et ne portaient pas l'uniforme des soldats. Pourtant, ils étaient armés.
Ces derniers paraissaient s'embrouiller devant ce qui semblait être une carte, sans trop se douter des dangers les entourant. Après tout, les cartographes shamiriens répertorient cette région comme inhabitée. Et ils ont bien raison, c'est trop près de nos chers voisins va-t-en-guerre, mais ça reste un territoire orc, et mon peuple n'est pas très friand des visiteurs non annoncés, particulièrement quand il ne s'agit pas de marchands.
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J'eus beau patienter, l'affaire ne bougeait pas. Ils ne se remettaient pas à l'eau, mais ne s'éloignaient pas du navire non plus. Mais soit, c'était ma chance en soi de pouvoir prendre un navire. Peut-être en tant que guide, car l'idée de le voler ne me plaisait que peu, malgré les passifs de nos patries.
Mais c'est là que les chasseurs se montrèrent. Dès qu'ils virent les étrangers, ils les encerclèrent toutes armes dehors, criant de montrer leur passe droit. Il faut dire que nos chasseurs n'étaient pas délicats. Ils traquent, somment, et attaquent. Pas de négociation, pas de discussion, seulement des protocoles. Et moins il y a d'étapes, plus il y a de fracasse, le mieux c'est selon eux.
Bien sûr les mercenaires n'en avaient pas, bien sûr ils se firent repousser dans le fleuve sans aucune pitié. Peu d'orcs furent blessés, mais ils teintèrent l'eau du sang des intrus. Bien sûr, les canigators se firent une joie de se précipiter sur les corps chauds pour les entraîner dans une danse mortelle au fond des eaux troublées, faisant fuir les différents halsks qui n'avaient pas encore pris peur avec l'effervescence.
La seule chose plus importante que la chasse aux déserteurs, était le maintien des frontières. Cette intrusion était impardonnable, et le groupe de chasseurs entreprit de descendre le long du fleuve afin d'assurer qu'aucun débarquement n'était en cours. Avant de partir, ils défirent le nœud qui retenait l'embarcation, qui commença à dériver sur le lent cours du fleuve.
J'attendis, caché, que le groupe soit parti, et ils ne se firent pas prier. Alors je saisis ma chance et me précipita au petit navire, qui n'était déjà plus à la rive. Bravant le danger, je plongea dans les eaux fraîches. Je n'eus qu'a faire quelques mouvements, ma force me fit atteindre rapidement le bois. Je me hissais rapidement, sentant l'eau grouiller derrière moi. Je ne saurais jamais si quelque chose m'avait pris en chasse ou si ce n'étaient que mes craintes qui me soulignaient le danger potentiel.
Sans attendre, je sortis les rames et entrepris la traversée aussi vite que je pouvais. La dérive n'était pas un problème, je ne visais aucun point de l'autre côté.
La vitesse qu'avait pris le bateau alerta les chasseurs qui se réunirent à la rive. Sans sommation, ils bandèrent leurs arcs et tirèrent une première salve de flèche. Certaines se fichèrent dans le bois, d'autres dans l'eau. Je ne fus pas touché, fort heureusement, mais il fallait que je redouble d'efforts. J'aurais pu ne pas être aussi chanceux à la deuxième. Alors que le groupe ajustait sa visée, les armes bandées au possible, l'eau se mit à remuer pas loin moi. Les flèches semblaient avoir dérangé quelque chose.
Une large gueule surgit de l'eau, ouverte, essayant de croquer tout ce qu'il y avait à portée. Alors que les flèches volaient, la puissance de la bête déporta le bateau de son axe. Les flèches sifflèrent à mes oreilles, j'en sentis le vent. Les dent plates, épaisses et jaunes, avaient resombré dans une peau bleutée, un cuir très épais, marqué ça et là d'altercations fréquentes. Je reconnus là les vubaux, une espèce très agressive.
D'autres flèches avaient touché les eaux, malgré le fait que certaines auraient eu ma peau, sans cet animal. Je ne réfléchissais plus. Mon corps agissait de lui-même et ramait autant qu'il pouvait. Tant que l'autre rive se rapprochait, c'est tout ce qui comptait.
Le fleuve continuait de remuer, et c'est là que j'eus l'impression que le niveau s'élevait d'un coup sur la rive où se trouvaient les chasseurs. Un flot d'un gris bleuté, électrique, comme un soulèvement du fleuve, s'abattit sur les orcs à terre, en une charge aussi inattendue que meurtrière. L'animal massif, proche du sol, vivait en troupeau, et semblait avoir compris que le bateau ne les agressait pas. Par contre, sur la rive, ce n'était pas la même histoire.
Je ne me fis pas prier dès que j'atteignis la rive. Je décampa aussi vite que je pus, dans un endroit qui me semblait sécurisé. J'y établis tranquillement mon camp. Cette journée fut riche en émotions, et je ne remercierai jamais assez la Grande Tourbe de sa diversité. Bien que dangereuse, elle était capable de se défendre d'elle-même. Si ce n'étaient les animaux sur terre, ses eaux cachent de terribles défenseurs, comme des golems tapis dans les montagnes, rocher immobile, qui lorsqu'on les dérange, écrasent de leur poids, sans pitié, leurs assaillants.
Cette créature de cuir, sans poil, sans écaille, était pourtant bien plus robuste que les canigators et supportait avec facilité leur morsure. La seule chose qui égale leur défense naturelle, c'est leur agressivité. De véritables machines de siège vivantes. J'ai moi-même un peu de mal à les décrire. Je suis encore un peu sous le choc, je crois.
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