Meyster, conteur de la nouvelle ère kentorienne, explore différents journaux d'aventuriers du passé, afin de nourrir son inspiration pour les contes qu'il écrit. A travers les récits de ces personnages, il apprendra bien des choses sur la faune et l...
Les choses ne se sont pas déroulées comme espérées. Pourtant, c'était l'idée du siècle. Mais les événements sont devenus ingérables, et la nouvelle qui m'est parvenue n'en est que plus amère.
Erion est mort.
J'avais tout d'abord chargé Alear, ma plus fine lame, de faire parvenir de faux témoignages concernant la présence du vampire au pontife de l'Ordre des paladins. Ils ne tardèrent pas à se mettre en marche vers la montagne des nains, enjoignant mon collaborateur à les suivre. Il devait ensuite profiter de leur arrivée pour s'infiltrer chez l'ennemi et aller au secours d'Erion. Son entraînement au sein de la guilde des assassins d'Ehm Abdir faisait de lui le collaborateur le plus à même de mener à bien cette mission.
De mon côté, j'étais retourné sous terre pour faire entendre ma voix. Les gobelins, mes partisans, habités d'une volonté vengeresse aussi brûlante que les flammes du Mont Vilecendre, s'étaient mis en marche à travers leur réseau de cavernes pour s'abattre de nouveau sur les rot'eg. Il ne s'agissait pas seulement d'Erion. Il était question de marquer leur esprit à tout jamais, de leur faire comprendre l'erreur qu'ils ont commise en me mettant dans une posture aussi délicate.
Ainsi vint le temps de l'espérance. L'Ordre avait passé la grande porte de Morédern. Ils sommèrent la garde de leur céder le passage et firent face à un mur de scepticisme. D'ici à ce que l'information circule, qu'une audience soit organisée auprès d'Aldrek et que le groupe soit escorté de la surface jusqu'aux confins de la cité, Alear s'était aisément faufilé jusqu'au trou où pourrissait Erion, affamé et dépérissant.
Il m'a assuré dans sa lettre qu'Erion avait gardé le silence et qu'il avait enduré la torture des jours durant en sachant que je viendrai à son secours. Il connaissait mon attachement envers le personnel qualifié.
Puis s'abattit le chaos. Tandis qu'ils se frayaient un chemin à travers les cavernes de la prison, un bourdonnement raisonna depuis les profondeurs. Les cousins des nains venaient de ressurgir depuis les mines, bien plus nombreux et brutaux que lors de la dernière invasion gobeline.
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Le plan que j'avais insufflé aux revanchards était d'une violence inouïe. Son but n'était pas l'éradication des nains eux-mêmes. Loin de là. Mais une salissure profonde et indélébile dans l'essence même de ce qu'il sont. Plus jamais ils ne connaitront la "pureté" de ce qu'une espèce peut être. En effet, la vague gobeline ne s'en prit pas aux guerriers, ça ne les intéressait plus de vainement mourir. Leur dieu avait demandé d'assimiler les hérétiques, de se mélanger, et de faire grandir le peuple en son nom. Il s'en prirent donc aux femmes. Ce fut une nuit qu'elles n'oublieront pas. Les gobelins les souillèrent tant que l'on eût dit que la peau des naines verdit pour plusieurs lunes.
Tout ce tumulte rassembla les nains dans les tréfonds, ce qui libéra la voie pour Alear qui remonta la grotte, avenue des commerces, afin de regagner la surface. Malheureusement, il se retrouva empêtré dans la foule de fuyards qui remontaient erratiquement.
A cet instant, seule la panique régnait, et les bousculades étaient une règle. Et bien sûr, il fallut que ça se produise. Le terrain inégal des souterrains, auquel les nains étaient habitués, n'était pas fait pour les espèces de la surface. Alors qu'Alear trainait Erion par le bras, afin de ne pas le perdre dans la masse, ce dernier, de faiblesse, ne put se tenir debout au travers du tumulte. Il trébucha et tomba. Bien que tout petits, ces rot'eg, qui pourtant pouvaient à peine lever une jambe, lui piétinèrent allègrement le corps, en courant et suppliant pour leurs misérables vies.
Alear n'eut d'autre choix que de regarder son compatriote se tordre de douleur, le hissant de son mieux vers le côté. Mais ses blessures étaient réelles, profondes, et mortelles. Ses côtes avaient été enfoncées par les lourds pas de la foule. La plupart de ses os avaient été brisés, laissant à Alear une main au bout d'un bras flexible. Trop flexible. Alors qu'ils avaient quitté Al Shamiris ensemble, Erion quittait la vie de Xenorus ici, sans lui. Alear lui serra la main, aussi fort qu'il serrait ses dents, et murmura "Adieu mon ami. Puisse Sibuna te guider vers les étoiles de nos dalils. Je vais te sortir de là, pour ton dernier voyage."
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Alors qu'Erion expira, le visage de l'assassin se ferma complètement. Il mit le corps de son ami sur son épaule et prit dans sa main droite l'une des dagues qu'il avait sur lui. S'il fallait se créer un chemin jusqu'à la surface, ce serait fait peu importe le coût. Ainsi, il taillada tout nain qui lui bloquait la route.
Il n'est pas allé plus loin dans le récit des événements. Et malgré cette disparition qui me laisse un goût des plus amer, ainsi que la perte de nombreux de mes fidèles face aux Paladins et à l'armée naine, je célèbre modestement une demi victoire. Cette victoire, aussi fragile soit-elle, est bien réelle. Morédern saigne, et Aldrek, ce roi si confiant de sa force, est brisé. Son esprit, enfermé dans le poing de ma volonté, ne pourra jamais oublier ce que je lui ai fait subir. Il ne pourra effacer la souillure qui hante désormais son peuple.
Nous verrons dans les temps à venir si ce roi brisé trouvera encore la force de se relever. Nous verrons si ce ternis osera encore essayer de briller.
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