Je t'écris bien plus vite que prévu cette fois, mais l'euphorie fut finalement de si courte durée.
J'ai passé les saisons qui ont suivies ta dernière lettre parmi les gobelins. Je les ai côtoyés assez longtemps pour pouvoir les étudier et juger de leurs qualités. Ceux qu'on appelait jusqu'à lors "vagabonds" avaient creusé la terre et la roche sous mes frêles abris, aménageant progressivement un semblant de village troglodyte composé de galeries et de salles aux attributions diverses. Au sein de ceci, je discernais un semblant de civilisation, un esprit de ruche.
L'entrée était protégée par un labyrinthe de tunnels, dont certaines galeries étaient piégées. En suivant le bon chemin, on finissait par arriver dans le village. Certaines des grottes y servaient à entreposer des vivres, d'autres de couches et d'autres encore de lieu de rassemblement ou d'échange. Pour autant, une salle en particulier avait retenu mon attention.
En l'espace de quelques années, les Gobelins avaient bâti un temple qui, malgré son aspect rudimentaire, démontrait un certain savoir-faire et une patte artistique propre à ce dont on pourrait s'attendre venant de gobelins. Disons qu'elle a le mérite d'exister. Je reconnus une ébauche de ma personne à travers une statuette qui trônait au centre de l'alcôve. J'ai donc saisi cette opportunité pour m'assurer que mon nom et ma parole se mettent à résonner à travers les cavernes. Là où j'étais certain que leur hargne leur donnerait une utilité, il m'apparaissait à présent une nouvelle perspective qui pourrait se montrer d'autant plus intéressante. Si je parvenais à les rendre capables de s'organiser et d'effectuer des tâches plus complexes, ils me seraient alors d'autant plus utiles.
De leur côté, les Tentacles semblent bien plus faciles à mener. Bien que leur esprit rusé puisse parfois faire obstacle, il aura suffit à Varadil de trouver les mots justes pour les mettre au pas. Ainsi, le peu de fois où j'ai pu leur rendre visite, j'ai été subjugué en découvrant l'œuvre de mon charpentier. La dernière fois que j'avais mis les pieds dans leur hameau, il se composait de petites cabanes en bois entourées de palissades. Désormais, la barrière laissait deviner l'élévation d'un mur de pierre derrière elle, enceignant le village. Les quelques cabanes d'autrefois se mêlaient à présent à des toits de paille dépassant tout juste des remparts.
Par-delà l'enceinte se dessinait sur la mer des quais où mouillaient plusieurs bateaux grouillants de vie. Parmi toutes ces nouveautés, mon associé arriva encore à me voir pour parler d'un nouveau projet : un chantier naval.
Mais j'avais peur que les Tentacles, avec cette avancée, me glissent entre les doigts. C'est pour cela que je pris le temps d'y réfléchir. Et le contre me vint, qu'ils étaient des monstres, aux yeux de mes comparses. Que leur bien être et développement se devaient de rester loin de leur yeux. Or, la topographie locale ne permettait pas de déguiser un chantier naval. Ce serait la goutte de trop.
Mais voilà mon génie qui parle à nouveau. Un simple non aurait engendré une rébellion. Alors que quelques arguments me suffirent à leur suggérer de chercher une falaise. De chercher une grotte ou un mur à creuser pour une installation troglodyte. Dès lors que le lieu sera trouvé, je pourrai même tester la capacité de mes gobelins à obéir et cohabiter avec d'autres espèces. L'occasion est idéale.
Mais les nouvelles ne sont pas toutes à me plaire. Il me reste ce point que j'ai gardé pour la fin, et qui me sert l'estomac à sa pensée depuis quelques jours.
Erion manque à ses rapports hebdomadaires.
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Les journaux de Meyster
FantasyMeyster, conteur de la nouvelle ère kentorienne, explore différents journaux d'aventuriers du passé, afin de nourrir son inspiration pour les contes qu'il écrit. A travers les récits de ces personnages, il apprendra bien des choses sur la faune et l...