Le journal de Gur'Loth - Jour 2

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Je traversais la steppe en direction du nord-est. C'était un chemin que je connaissais bien, puisque je l'empruntais régulièrement pour aller couper du bois dans la forêt située à deux jours de marche. C'est une route que j'aime particulièrement suivre, même en dehors de mon activité de bûcheron, car, au-delà de mener hors des frontières de Modal'Gor, elle se distingue du reste des terres où j'ai grandi par sa diversité animalière.

Cependant, cette fois, l'atmosphère paisible à laquelle j'étais habitué ne régnait pas. Non, au contraire, j'avançais avec le pas lourd et un frisson dans le dos. Pourquoi ? J'avais pourtant tout le courage du monde, lorsque j'ai quitté ma hutte la veille. Malgré tout, un sentiment désagréable s'était accroché à ma cheville comme une sangsue vorace, celui d'éventuellement croiser un visage familier.

Qu'est-ce que je risquais ? Eh bien, n'ayant jamais quitté ma terre, je ne saurai pas faire de comparaison avec d'autres peuples, mais ce que je peux vous assurer, c'est que la désertion est assez mal vue chez nous, les orcs. Chacun a un rôle à jouer au sein de la tribu. Enlevez un maillon à la chaîne et tout déraille, comme on dit. Cette notion est bien ancrée dans l'esprit de mon père, notre chef. Il n'aurait donc pas été étonnant que je sois poursuivi par les chasseurs, si ma fuite avait été remarquée. Au final, me dire que ce ne sont que ces sempiternels combats permet de chasser ma crainte, étrangement.

J'étais donc resté sur le qui-vive, traversant le plat paysage en me hâtant au mieux. Plus vite j'aurais passé la rive de l'autre côté de la forêt , plus vite je pourrais m'apaiser.

Par chance, les seuls êtres vivants que j'eus croisé lors de ma première journée de cavale, furent des animaux. J'avais l'habitude de voir passer des troupeaux de rhithudon et d'ankilyr. Ils pullulent, chez nous.

J'ai même envisagé un court instant d'essayer d'en chevaucher un pour gagner du temps, mais je n'avais pris ni le nécessaire pour le dompter, ni pour le monter, de même que je ne l'avais fait que très peu durant mon jeune âge et que j'aurais davantage risqué de me faire empaler que d'y parvenir. Et puis, cela aurait été un bien grand effort pour une bien courte durée, puisque je ne pourrai pas traverser le fleuve avec.

Alors j'ai continué à la force de mes jambes jusqu'à ce que la nuit tombe, et me suis abrité sous l'un des rares arbres qui s'érigent dans la savane, contemplant le ciel étoilé en écrivant mes pensées sans savoir ce qui m'attend demain...

Les rhithudons que j'ai croisé aujourd'hui étaient simplement en transit entre deux pâtures de la steppe. Leur stature en faisait un très bel animal de trait pour nous les orcs, mais ils sont souvent trop grands pour les espèces de tailles humaine ou supérieure.

Leur mauvais caractère ne nous fait pas peur, généralement. Notre grande force et notre sens du combat nous a permis de dompter cette espèce massive et musculeuse, qui pourtant pourrait nous empaler facilement de leurs cornes nasales et crâniennes. Ces trois cornes, mises en triangle, pouvaient rappeler l'embouchure du fleuve qui nous sépare des shamiriens. Elles sont courbées et d'un matériau solide, comme leur khépesh, arme que nous avons combattu à maintes reprises. Et tout comme nos voisins, nous avons toujours réussi à les mettre en échec. Nous les avons domptés.


Pourtant, je ne peux qu'admirer leur peau de plaque, ces armures naturelles qui leur permettent de se battre et prouver leur valeur tout en se protégeant d'une mort assurée lors des combats nuptiaux. Je trouve qu'ils ressemblent beaucoup à mon peuple. Le pouvoir n'y tient qu'à un combat. C'est uniquement la loi du plus fort qui règne.

 C'est uniquement la loi du plus fort qui règne

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