SECRET DE FAMILLE 5/7 : Les langues se délient

12 4 0
                                    


ROUTE NATIONALE A6 (RN6)
ROUTE RELIANT DUEKOUE À ABIDJAN
11h21

Kaya et Clark roulaient vers Duékoué. Ils avaient déjà passé un bon moment sur la route, et ils en avaient encore pour quelques heures. La RN6, partiellement goudronnée, serpentait à travers une forêt dense. Peu de voitures croisaient leur chemin, et le silence oppressant de la nature environnante enveloppait les deux policiers.

-Tu crois que ça valait le coup de revenir à Abidjan pour voir Timité ? Kaya brisa ainsi le silence.

-Je sais pas trop. On peut plus revenir en arrière de toute façon. Peut-être qu'il voulait juste nous énerver avec ses mensonges, comme tu l'as dit. Répondit le capitaine Clark, les yeux fixés sur la route.

-Je vois.

-Timité est un monstre, on ne peut pas vraiment lui faire confiance. Rétorqua Clark avec une grimace.

-J'espère qu'on n'aura pas perdu de temps. En attendant, vu qu'on a encore de la route, je propose qu'on joue à un petit jeu pour passer le temps.

Clark esquissa un sourire en disant:
« Toi, jouer à un jeu ? Je pensais que tu te divertissais en lisant des dossiers classés. »

Kaya éclata de rire et dit: « Très drôle, Clark. Alors, tu veux jouer ? »

-Pourquoi pas. Quel jeu as-tu en tête ?

-Ça fait un moment qu'on travaille ensemble, mais j'ai l'impression qu'on ne se connaît pas vraiment. Je propose qu'on se pose des questions l'un à l'autre.

-C'est pas une mauvaise idée. Qui commence ?

- Moi, c'était mon idée. Kaya réfléchit un instant. Puis reprit la parole: « Quel était ton plus grand secret d'ado ? »

Clark prit une pause, repensant à son passé.

-Quand j'avais 15 ans, je collectionnais les capsules de bouteilles de bière de ma mère. Dit-il.

Kaya le regarda, surprise.

-Ta mère buvait de la bière ? Dit-elle.

-Oui. À ton tour. Pourquoi portes-tu toujours ce gros bijou sur ton avant-bras ?

Kaya retira le bijou, révélant le numéro 345 tatoué en dessous.

-Quand j'étais petite, j'ai échappé à un réseau de pédo-prostitution. Ils m'ont volé une partie de moi, et je compte bien les retrouver. Je t'en parlerai plus en détail un autre jour.

Clark hocha la tête, ému.

-Je suis désolé.

- Ce n'est pas ta faute. D'ailleurs, pourquoi as-tu quitté l'armée pour devenir flic ? Les deux métiers n'ont rien à voir.

Clark hésita.

-C'est à cause de ma mère. Arrêtons là si tu veux bien.

-Sujet sensible, je vois. Répondit Kaya doucement.

Ils continuèrent leur route, la RN6 devenant de plus en plus sinueuse pour contourner la broussaille.
Clark, distrait par ses pensées, manqua un virage. C'était Clark qui conduisait le véhicule mais il semblait être ailleurs.
« Métis », « classer secret » et « maman » étaient les mots qui traversaient son esprit.

-Clark ? Tu suis pas la route ? Clark ? Clark !? CLARK ON VA SE PRENDRE L'ARBRE !!!!! Cria Kaya avant que la voiture ne le percute.

DUÉKOUÉ
11h48 

Claire était concentrée sur l'ordinateur du poste de police, cherchant des traces des comptes de Fleury, la nouvelle femme de Bakary Timité, et de sa fille. Gabriel, assis en face d'elle, interrompit sa concentration.

-Kaya et Clark prennent leur temps. Tu crois qu'ils se sont fait une virée en amoureux ? plaisanta Gabriel.

-Gabe, je suis occupée, mais c'est vrai qu'ils mettent du temps. Abidjan, ce n'est pas la porte à côté. Tu sais où est William ? »demanda Claire.

-Non, il s'est momentanément absenté.

Soudain, William entra avec deux dossiers à la main.

-Qu'est-ce que tu tiens là ? Demanda Claire.

-Deux dossiers. On commence par lequel ?

Claire pointa la main gauche de William en disant :« Celui-là. »

-Les Villedieu avaient adopté un enfant noir bien avant la naissance des enfants dont on a retrouvé les ossements. Il s'appelait Kader Villedieu. Expliqua William.

Gabriel leva un sourcil.

-Où est-il maintenant ?

-Mort. Enterré à six ans, sans aucune autopsie. J'ai retrouvé un ami d'enfance, Pierre. Il est là maintenant. Continua William.

-Et l'autre dossier ? demanda Claire.

-Le livret de mariage de Bakary Timité. Sa fille est en fait adoptée et a hérité de la villa. Elle souffre de dépression et vit seule près d'Abidjan. Ajouta William.

-Tu pourrais aller voire Pierre ? Demanda Gabriel à Claire.

Pierre, un homme visiblement rongé par les remords, fut conduit dans une pièce pour discuter avec Claire.

-Bonjour, Pierre. Je suis Claire Ashanti, de l'unité d'élite.

-Bonjour, je suis Pierre Maboké. Je suis ici pour parler de mon vieil ami Kader.

-Que pouvez-vous nous dire à son sujet ? »

-Mes parents et moi habitions près des Villedieu. Monsieur et Madame Villedieu, je m'en souviendrai toujours. C'était des gens bizarre. Ils regardaient avec dédain et mépris Kader, j'avais l'impression qu'il le voyait comme un animal de compagnie. Je me suis toujours demandé pourquoi il l'avait adopté. Je jouais souvent avec Kader, le seul enfant riche du quartier. Il portait toujours des chemises à manches longues. Une fois, en jouant, il a crié de douleur quand je lui ai attrapé le bras. Je crois qu'il avait des bleus. Ses parents le maltraitaient, j'en suis sûr aujourd'hui.

Claire hocha la tête, prenant des notes.

-Pouvez-vous parler de sa mort ?

-Ça a été un choc. Enterré rapidement, sans enquête ni autopsie. Après ça, les Villedieu se sont renfermés sur eux-mêmes.

-Merci beaucoup Monsieur.

Pierre se leva de sa chaise, et chercha à quitter la pièce.

-Vous partez ?

-Oui désolé, j'ai une réunion importante je ne peux pas rester plus longtemps. J'ai donné mon numéro à votre collègue n'hésitez pas à m'appeler si besoin. Dit Pierre on attrapant la poignée de porte avant de s'arrêter  brusquement, il se retourna pour regarder Claire.

-Je viens de me rappeler de quelque chose. Quand je venais chez les Villedieu, il y avait des zones de la maison où je n'avais pas le droit d'aller. Un jour, en attendant Kader pour jouer, j'en ai eu assez d'attendre et ma curiosité a pris le dessus. Je me suis aventuré dans les zones interdites. En marchant dans le couloir, je suis arrivé devant une pièce. À travers la porte entrouverte, j'ai aperçu madame Villedieu appliquant du désinfectant sur le dos de Kader, qui était couvert de plaies. Elle m'a repéré rapidement, a fermé la porte derrière elle et m'a tiré vers l'extérieur de la villa, me disant de rentrer chez moi. Ce souvenir est resté gravé dans ma mémoire.

========

Intriguant pas vrai ? La suite très bientôt, n'hésitez pas à voter pour me soutenir comme d'habitude.  ✨✨✨✨❤️

Merci d'avoir lu

Les monstres se cachent parmi nous-CÔTE D'IVOIRE: Unité D'ÉliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant