J'ai besoin d'air. Je suis sur cette île depuis à peine une heure et je me sens déjà oppressée. C'était une mauvaise, une très mauvaise idée de venir ici. Je sens tous les regards sur moi et c'est terriblement angoissant. Je pensais que ce serait facile, qu'il me suffirait de vivre ma vie dans cette émission comme si de rien n'était mais il m'a suffi de quelques minutes pour comprendre que je me suis fourvoyée : chaque seconde ici est pire que la précédente.
Les autres candidats, eux, semblent surexcités et sont tous aussi heureux les uns que les autres. Heureusement, j'ai Odette à mes côtés qui semble partager mes angoisses. Pour ce qui est des autres candidats, je n'ai pas retenu la moitié de leur prénom.
À la seconde où les derniers candidats sont arrivés sur l'île, toutes les torches enflammées se sont éteintes et la table du buffet à disparu et je regrette directement de ne pas avoir profité des petits-fours. Pas de lumière, pas de nourriture : nous sommes juste sur une île presque déserte avec des tentes. D'ailleurs, ses dernières ont été directement prises d'assaut.
Nous sommes quatorze et il y a quatre tente en toile, ça signifie que je vais devoir partager mon espace avec des parfaits inconnus. J'imagine que cette proximité forcée est censée favoriser les rapprochements croustillants. Cette simple pensée me donne la nausée.
Alors que certains ont déjà pris leur quartier, je décide de m'isoler. J'ai besoin de respirer et je reprendre mes esprits et je décide de me diriger près des palmiers sur la plage, un peu éloignée du campement. La chaleur et l'humidité tropicale sont incommodantes mais j'ai besoin de quelques secondes de solitude.
Je dois gagner ce jeu. Tout ce que je vis actuellement doit en valoir la peine. Ici, je ne dois pas être la fille qui a manqué de brûler un homme vif, je dois être autre chose. Jouer un rôle, mentir, manipuler, c'est dans mes cordes. Aucune des personnes présentes sur cette île n'est mon amie et il n'y aura qu'un seul gagnant.
« Tu es perdue ?
C'est une voix mielleuse qui s'est adressée à moi, une voix grave qui me fait froid dans le dos. Je me retourne et tombe sur l'homme aux mains baladeuses de tout à l'heure. Génial.
- Non, tout va bien merci, répondis-je en esquissant un sourire poli.
L'homme s'approche comme un prédateur avec un sourire carnassier et je me sens très mal à l'aise et, instinctivement, je recule.
- J'ai réservé une tente, avec un grand lit dedans, ma belle.
Ma belle. Non mais je rêve.
- Tant mieux pour toi, tu vas avoir de la place.
Edgar s'approche encore et je recule à nouveau.
- Rappelle-moi ton prénom ? Me demande-t-il d'une voix doucereuse.
Il passe sa langue sur ses lèvres et mon estomac à un sursaut.
- Ah, Sofia ! Tu es là !
Derrière lui, la fille à la peau chocolat est apparue et je pousse un soupir de soulagement. Odette... J'ai passé la plupart de ma soirée avec elle et ça me soulage qu'elle intervienne. Odette mesure à peine un mètre soixante mais le regard qu'elle adresse à Edgar est sans équivoque : elle n'hésiterait pas une seule seconde à lui sauter à la gorge. Pourtant, elle arbore un sourire doux.
Son irruption me permet de reprendre contenance. L'homme, lui, semble encore plus satisfait d'avoir désormais deux filles autour de lui. Odette l'ignore royalement et elle ne regarde que moi.
- Samuel vous a réservé une tente, m'annonce-t-elle. Il t'attend. »
Elle m'offre une porte de sortie inespérée et je m'y précipite. Edgar ouvre la bouche pour tenter de répliquer mais Odette lui coupe l'herbe sous le pied : elle me prend par le bras et m'entraîne avec elle vers le campement. Nous marchons dans le sable et je reste cathartique : Edgar m'a fait peur et je peine à réagir. Si je ne peux même pas prendre un moment seule ici, comment est-ce que je vais tenir plusieurs semaines... Je ne peux pas faire attention à chacun de mes mouvements.
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Réinsertion
RomanceQuatorze candidats. Sept criminels détenus, sept civils. L'objectif des civils : démasquer les détenus pour augmenter leur cagnotte. Celui des détenus : aller au bout du jeu et gagner une seule chose : leur liberté. Saurez-vous les démasquer ? Ne ra...