Samedi 6 juillet 2024

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J'ai tellement peur. La lumière continue de frénétiquement de clignoter en rouge et, hormis ça, l'île est complètement plongé dans le noir. J'entends les cris d'un homme mais il m'est impossible de déterminer s'il s'agit de Samuel ou Djamel.

La voix robotique nous a sommés de rester à terre et le corps d'Achille est complètement lové contre le mien. Lorsque quelques tirs de sommation sont tirés, je le sens raffermir sa position comme s'il cherchait à me protéger. Je sens sa chaleur contre moi et ça me rassure.

Faites que Samuel soit innocent. Faites que Djamel se soit trompé et que tout s'arrête.

Les cris finissent par s'estomper mais l'alarme ne faiblit pas. Achille non plus. Il reste contre moi tel un rempart entre moi et le reste du monde.

Le silence se fait et nous restons ainsi pendant plusieurs minutes durant. Pendant un temps, la respiration profonde d'Achille est le seul son qui parvient jusqu'à mes oreilles. Ça me calme de le sentir tout contre moi. Lorsque les faisceaux lumineux disparaissent, Achille décale lentement son corps pour venir à côté de moi. Son bras est posé sur mes omoplates et son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. L'alarme persiste pendant plusieurs minutes et, au bout de quelques instants, le soleil se lève à nouveau. Je me sens fébrile, apeurée mais la présence d'Achille me maintient connecté.

« Ne bouge pas, me murmure-t-il. »

J'ouvre doucement les yeux. Le regard émeraude d'Achille me couve et, alors que je me sens sur le point de craquer, sa main vient caresser mes cheveux.

Je me demande pourquoi il fait ça, pourquoi c'est moi qu'il vient protéger. J'aimerais avoir la force de parler mais je suis tétanisé.

« Samuel ! Hurle la voix d'Odette. »

Ça y est. Le soleil s'est à nouveau levé et, d'un seul coup, je me souviens de ce qu'il s'est passé. Mes muscles fonctionnent à nouveau et je me relève. Achille ne me dit pas un mot tandis que je cherche mes amis du regard. Yulia n'est qu'à quelques mètres de nous et, tandis qu'elle remarque Achille à mes côtés, elle me fusille du regard mais je n'ai pas l'esprit à m'occuper de ça. Tout le monde paraît un peu perdu et déboussolé de ce qu'il vient de se passer.

Enfin, mon regard trouve Odette et Samuel. Ils sont un peu éloignés de moi mais Samuel est là. Odette est recroquevillée sur elle-même et Samuel l'enlace.

D'un seul coup, mes yeux se remplissent de larmes et toute la pression et la peur se relâchent d'un seul coup dans mes veines. Je commence à marcher vers eux mais Achille me retient par le bras et me force à le regarder.

« N'y va pas dans cet état là, m'intime-t-il.

- Lâche-moi !

- Non Sofia, écoute-moi ! Ton amie a besoin que tu la consoles, pas l'inverse. Ressaisis-toi.

- Je dois aller la voir !

- Et tu vas y aller, mais il faut que tu te reprennes.

Au fond de moi, je sais qu'il a raison. Odette est sous le choc, elle a besoin que je sois un roc sur lequel elle peut compter. Si j'arrive complètement effondrée, ça ne va pas l'aider à encaisser le choc.

- Pourquoi est-ce que tu fais ça pour moi ?

Cette question me brûle les lèvres. Il apparaît en permanence aux côtés de Yulia et pourtant, c'est moi qu'il choisit de protéger lors d'une arrestation. Le regard d'Achille devient alors dur et froid.

- Pas maintenant, répond-il. »

Je sais ce qu'il veut dire. Les caméras nous filment en ce moment même et, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, Achille cherche à contourner le système.

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