Une alarme hurlante, lancinante. Terrifiante. Elle mêle à la fois son aigu et son grave et, l'espace de vingt secondes, je crois être en zone de guerre.
Nous sommes en plein cœur de la nuit et j'ai l'impression de m'être allongée il y a moins d'une heure. Plusieurs personnes poussent des hurlements à en réveiller les morts et je sens Samuel et Odette sursauter à mes côtés. À l'extérieur, les cris d'une habitante sont stridents et je vois quelque chose s'activer dans le regard d'Odette. Elle a peur. Instinctivement, je lui prends la main et elle la serre de toutes ses forces. Samuel, lui, plisse les yeux et semble complètement perdu.
« Oh, tu vas la fermer ?! Hurle la voix de Sullivan. »
Et la fille qui hurlait comme une folle s'arrête d'un seul coup. L'alarme, elle, continue encore et encore.
Alors, une voix robotique commence à parler par-dessus l'alarme :
« Alerte générale. Tout le monde doit se rendre sans délai sur la plage ».
Cette phrase est répétée, encore et encore. Pourtant, je n'entends personne bouger dans les tentes d'à côté. Je crois que tout le monde est dans le même état de terreur et d'incompréhension que nous et personne n'ose bouger. Odette passe alors par-dessus la couette et je la suis tout en prenant Samuel par le bras qui reste complètement ahuri. Il reste figé mais je refuse de le laisser ici en partant sans lui. Je finis par tirer sur son bras d'un coup sec et Samuel se lève avec moi.
Plusieurs habitants nous ont imités. Le feu, allumé hier soir par Odette, éclaire les différents visages surpris et hébété dans la nuit noire. Yulia, complètement paniquée, est blotti dans les bras d'Achille tandis que Ninon et Sullivan sont juste derrière eux, en pyjama également. Joséphine et Madeleine, les deux doyennes, sont agrippées l'une à l'autre à côté d'un Lucas et d'une Léonie complètement apeurés. Pour la première fois, d'ailleurs, Djamel ne sourit pas, bien au contraire. Aux côtés d'Edgar et Charles, on n'entend pas le son de sa voix contrairement à d'habitude.
Il est difficile de se repérer sur le camp avec uniquement la lumière du feu alors une sorte de file indienne s'est créer pour aller jusqu'à la plage comme la voix des hauts-parleurs nous l'ordonne. Il est difficile de se repérer dans la nuit noire et l'alarme stridente commence à me donner des acouphènes mais je résiste. Ils veulent nous pousser à bout alors je résiste.
Je me bénis intérieurement d'avoir mis un pyjama. La prochaine fois, je dormirai avec mes bijoux. Même la nuit, je dois pouvoir rester sur mes gardes. N'importe qui peut remarquer mes cicatrices...
Nous arrivons sur le sable chaud de la plage et plusieurs faisceaux lumineux tournent et se baladent sur le littoral comme la nuit dans les cours des prisons. Si c'est un test, je dois le réussir. Je dois agir comme si je ne connaissais pas cet univers là.
« Tout le monde à terre ! Exige la voix des hauts-parleurs. »
Personne ne s'exécute. Nous sommes tous là, les pieds dans le sable, complètement ahuris et hébétés. Personne n'ose ouvrir la bouche ou même bouger un orteil.
D'un seul coup, plusieurs détonations éclatent et mon sang se glace parce que ce bruit, je l'ai reconnue : c'est une salve de coup de feu.
« Tout le monde à terre ! Répète les hauts-parleurs. »
Des tirs de sommation ? En direct à la télévision ? Mais ils sont dingues ou quoi ! Est-ce qu'ils comptent nous tirer dessus comme des lapins ? Je n'ai pas envie d'avoir la réponse à cette question.
Je prends les mains d'Odette et Samuel et je les entraîne avec moi au milieu de la plage. Ensuite, je me jette à genoux au sol. Mon cœur menace d'exploser ma cage thoracique et, pour la première fois depuis que j'ai échoué sur cette île, j'ai peur pour ma vie.
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Réinsertion
RomanceQuatorze candidats. Sept criminels détenus, sept civils. L'objectif des civils : démasquer les détenus pour augmenter leur cagnotte. Celui des détenus : aller au bout du jeu et gagner une seule chose : leur liberté. Saurez-vous les démasquer ? Ne ra...