Arya

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– Nous avons terminé pour ce soir, tu peux rentrer. Je regarde ma montre, il est relativement tôt et il y a encore quelques clients dans le club.

– Vous êtes sûr ?

Elon, mon mentor et accessoirement nouveau meilleur ami, hoche la tête. C'est un petit homme d'une soixantaine d'années, couvert de tatouages avec de longs cheveux blancs retenus en catogan. Tout le monde est surpris que lui et moi nous entendions aussi bien. Ce qu'ils ignorent, c'est que je l'ai soudoyé une semaine plus tôt avec des cookies aux noix de pécan et un tas d'autres douceurs.

– Oui, ce week-end, le club ne va pas accueillir beaucoup de clients, c'est le début des courses clandestines. Le vieux motard se mordille les lèvres comme si ça lui avait échappé.

– Des courses ?

– Oui, la compétition est diffusée à la télé, tu ne le savais pas ?

Je secoue la tête. Il y a encore des gens qui regardent la télévision de nos jours ? Je pose mon torchon sur le comptoir avant de rejoindre les vestiaires pour me changer. C'est ma deuxième semaine de travail et je dois avouer que je m'en sors plutôt bien.

J'étais effrayée au début, surtout à cause de Cassandre et Maddy qui n'arrêtaient pas de me répéter qu'Elon est un vieux monstre insupportable. Pour être honnête, elles n'avaient pas tort, mais j'ai tout de même réussi à l'amadouer et il m'adore, assez du moins pour me protéger contre les dragueurs du club. Certains peuvent se montrer très insistants, voire dérangeants, Elon n'hésite pas à les dégager en brandissant sa carabine.

Dès mon premier jour au Point, j'ai remarqué que la plupart se baladaient avec des armes. Ça me met mal à l'aise, mais je fais comme si je ne voyais rien. Je suis en sécurité avec Elon et le boulot paie tellement bien qu'en moins de deux mois, je pourrais avoir un billet d'avion et de l'argent de côté pour vivre décemment dans un nouveau pays le temps que ma situation s'arrange.

Je sors du club par la porte arrière après avoir souhaité bonne nuit à Cass. Cette femme est une vraie machine, elle ne s'arrête jamais de travailler et elle impose le respect face à tous les gaillards qui fréquentent le club. Par exemple, une semaine plus tôt, il a suffi d'un regard de sa part pour que Luca arrête de m'embêter.

Je ne l'ai plus revu, celui-là, depuis qu'il m'a aidé à porter les packs de bière et honnêtement, c'est mieux ainsi.

Je resserre mon écharpe autour de mon cou, la petite ruelle où se trouve la porte d'entrée du club me fait froid dans le dos. Un chat saute hors d'une poubelle, me faisant sursauter. Bon sang, le brouillard s'est levé et les murmures du vent sont foutrement effrayants.

C'est ça, être une femme ? Constamment surveiller ses arrières quand il se fait tard.

– Salut ! Je sursaute, avec un cri, je plaque une main sur ma poitrine.

– Calme-toi, ce n'est que moi.

Parmi les mecs dérangeants dont je ne voulais pas être confrontée, il y a Matt. C'est un habitué du club selon Elon, il passe tout son temps au bar quand j'y suis et il me met mal à l'aise avec ses regards insistants et ses commentaires qui sont parfois très limites. Je regarde autour de moi, pour me rendre compte avec horreur que nous sommes seuls.

– Salut, Matt.

Il tire une latte de sa cigarette avant de la laisser tomber par terre sans l'écraser sous sa semelle pour l'éteindre.

– Heureusement que tu n'es pas dans une forêt. Il éclate de rire, en écartant ses cheveux noirs qui sont sans cesse ramenés sur son front par le vent hivernal.

L'exécuteur 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant