Je consulte mon téléphone pour la troisième fois en moins d'une minute, toujours sans réponse. Je soupire et le range dans la grande poche de mon boubou. Pourquoi diable ai-je mentionné les danseuses de ventre ? Ah oui, je sais : parce que je suis idiot.
La nuit est tombée sur le désert, et la chaleur écrasante de l'après-midi n'est plus qu'un lointain souvenir. Nous sommes installés sous une tente largement ouverte sur l'avant, près d'une oasis. Plusieurs feux illuminent la nuit autour de nous. Devant moi, une nappe est dressée, recouverte de deux agneaux entiers cuits au charbon de bois, de riz basmati aux herbes, de dattes accompagnées de crème fraîche et de boissons à base de lait fermenté. Dans une autre carafe, du lait de vache fraîchement trait, selon Amadou, qui n'arrête pas de vanter la générosité de nos hôtes — et, accessoirement, de nos potentiels clients.
Une danseuse de ventre se met à onduler gracieusement à quelques mètres de mon visage. Je soupire de soulagement quand elle s'éloigne. Bien que ses mouvements soient hypnotisants, ce qui m'intéresse, c'est la nourriture et surtout la conclusion de ce marché. Je claque des doigts pour attirer l'attention de Diallo, qui, de son côté, dévore des yeux les danseuses, un regard presque brillant de désir. Ce type a pourtant quatre femmes !
– Dis-leur que ce petit spectacle ne nous intéresse pas. Nous voulons conclure l'affaire et reprendre la route.
Il sourit et marmonne quelque chose. M'a-t-il vraiment traité de rabat-joie ? Amadou se tourne ensuite vers les deux hommes en boubous, qui nous regardent d'un air imperturbable. Il leur adresse quelques mots, et ils acquiescent en parfaite synchronisation avant d'éclater de rire. Amadou traduit leur réponse au fur et à mesure :
– La nuit ne fait que commencer. Profitez de la bonne nourriture et des dattes du désert. Les négociations peuvent attendre.
Riccardo arrache un gros morceau de viande avec ses dents, mastique, puis déclare d'un ton tranchant :
– Dis-leur de renvoyer les filles, ou je mets ta tête à rôtir dans le feu.
Amadou, qui a souvent travaillé pour nous, sait prendre les menaces de Riccardo au sérieux.
– Comme il vous plaira, Monsieur Gaviera, répond-il en s'adressant aux hôtes.
L'un des deux hommes, grand et à la peau brunie par le soleil, se met à rire. À voir son langage corporel et sa manière de nous regarder de haut, il semble être le chef. Mon mauvais pressentiment se renforce : il dégage une confiance inquiétante. Il est sur son propre terrain après tout, entouré de ses hommes, dans son village, et si ça se trouve, cette nourriture est empoisonnée.
Ces types nous ont contactés il y a quelques jours, disant qu'ils avaient besoin d'une cargaison d'armes. Nous avons déjà effectué des livraisons similaires en Mauritanie, mais c'est la première fois qu'on traite avec ces hommes-là, et je n'ai absolument pas confiance en eux. Je suis persuadé qu'ils comptent nous liquider pour s'emparer des armes sans payer.
– Ils disent qu'il n'y a pas besoin de négociation. Votre prix sera le leur.
Je laisse échapper un rire sec. Si toutes les négociations se déroulaient aussi facilement, je ne serais pas constamment sur le qui-vive.
Nos oreillettes crépitent en même temps, et bien que Riccardo et Bud ne montrent rien, je sais qu'ils écoutent. Dès que nous avons quitté la maison d'Amadou Diallo, Bud a contacté Cassandre pour qu'elle nous trouve un autre traducteur, capable de confirmer que Diallo ne serait pas en train de nous trahir avec Hamede Ouldou Hakim et Oumar Kane. La voix du traducteur dans l'oreillette se fait enfin entendre :
– La traduction n'est pas exacte. Il dit : « Les morts n'ont pas besoin de négociation.
Fils de chien ! Aucun de nous ne se regarde ; on continue de manger, l'air détendu, et de profiter du spectacle des danseuses. Mais la tension est palpable. Je fais craquer mes doigts, sentant mes muscles se tendre. Hakim fait un commentaire dans sa langue, une variante de l'arabe. Notre traducteur invisible en donne le sens immédiat :
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L'exécuteur 3
RomanceElle, c'est Arya, lumineuse, discrète et aimée de tous. Fille unique d'une famille très pieuse, elle a été élevée pour être la femme parfaite. Chaque étape de sa vie est programmée par ses parents et elle n'a jamais eu à se plaindre. Elle fréquente...