Arya

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Je suis ton destin...

Avait répliqué Luca quand je lui ai demandé pourquoi il était constamment sur mon chemin. Qu'il soit mon destin, j'en doutais fort, mais je commence à avoir de sacrés doutes. En Sicile, il y a plus de 390 villes réparties dans 9 provinces. Et il fallait que Luca, ce serial fuckeur de mes deux, soit à Palagonia le jour où mon père décide d'y aller après plus de 6 ans. Mais en plus de ça, il y a plus d'une centaine de restaurants dans cette ville, et il fallait qu'il vienne avec cette femme, exactement dans mon restaurant préféré, dans le même bâtiment, sachant que le restaurant est divisé en plusieurs espaces et une terrasse qui donne vue sur la cathédrale, et à la même heure alors qu'il y a 24 heures dans une journée.

Je ne croyais pas au destin, mais je crois que je vais y être forcée à partir de maintenant. Même si ce destin a un goût si absolu que j'ai envie de recracher mes poumons.

Alors que mon regard croise le sien, une onde de chaleur puis de froideur me traverse, cette sensation est tangible, comme une coulée qui se dépose au creux de mon ventre. Luca à Palagonia, dans ce restaurant, avec cette femme qui semble s'être échappée du tout nouveau Vogue.

Papa semble remarquer la tension qui a pris possession de tout mon être. Il stoppe sa discussion avec Yilmaz pour poser une main sur mon épaule. Le regard de Luca se rétrécit ; on dirait qu'il est en colère à cause de ce contact. Non, je me fais des idées.

– Tout va bien, Arya ? Père observe les légers tremblements de mes doigts. Je serre les poings ; il m'observe intensément avant de reprendre.

– J'ai l'impression que tu es ailleurs.

– Pas du tout, je suis au comble du bonheur, papa. Il hoche la tête avant de reprendre sa discussion avec le maître d'hôtel. Mon attention est malgré moi absorbée par l'homme en face. Ce regard perçant, intense, ravive en cet instant une amertume que je n'ai pas le droit de ressentir.

Je suis partie comme une voleuse parce que j'avais peur de l'affronter après notre nuit mouvementée. Mais s'il ne m'a ni rappelée ni cherchée, c'est peut-être parce qu'il n'a aucune envie de se coltiner cette facette de ma personnalité, celle d'une fille hystérique...

J'essaye de m'asseoir de sorte à lui tourner le dos, mais c'est sans compter Yilmaz.

– Arya, tu as sûrement oublié, mais pas moi : ta place, c'est celle-ci, tu disais que tu aimais bien manger en ayant une vue sur les fenêtres colorées. Je souris tellement que j'en ai mal à la mâchoire. Luca est juste à côté des fenêtres colorées, ce qui signifie que durant tout mon repas, j'aurai une vue sur lui et cette femme !

Je vais en faire une indigestion.

– En effet, Yilmaz, j'avais complètement oublié. Heureusement que vous êtes là.

J'ai envie de demander à papa s'il est possible de changer de place, d'aller dans une autre pièce. Mais je me retiens de justesse. Mon père est un homme occupé qui a néanmoins trouvé le temps de venir ici pour moi ; je ne vais pas tout gâcher, surtout pas à cause de mon amertume envers Luca.

Je m'installe, rassemblant toutes mes forces pour garder une expression calme, même si mon esprit est très loin de cette table. Je sens la jalousie mais aussi la rancœur monter ; ça aurait dû être un moment d'exception avec mon père, et lui, il ne pouvait pas trouver un autre restaurant pour sa conquête ? Inutile de me voiler la face, jamais je n'arriverai à me concentrer sur mon repas avec lui à côté.

Papa se sert un verre d'eau qu'il porte à ses lèvres tout en m'observant.

– Tu sembles... tendue.

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⏰ Dernière mise à jour : 7 days ago ⏰

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