Luca

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– Il neige vraiment très fort. Je crois que vous devriez rester ici pour la nuit, Luca et toi. Arya, qui est sur le canapé occupée à nourrir Eric, se décompose. Je suis devant la fenêtre, et je dois avouer qu'Anita n'a pas tort. À la télé, ils n'ont pas arrêté de parler de tempête et de routes qui seront bloquées.

Je me masse l'épaule, elle me brûle de plus en plus. J'aurais peut-être dû aller voir le médecin de la cosa nostra. Je ne veux pas risquer une infection.

– Non, ce n'est pas nécessaire. Je peux prendre la route et conduire prudemment.

– Pas question ! déclare-je en me tournant dans sa direction, les bras croisés. Arya me regarde à travers ses cils, les narines frémissantes ; elle n'apprécie visiblement pas mon ton mais ne relève pas.

– Tu peux prendre la chambre de Luca. Il va dormir sur le canapé. Je regarde ledit canapé avec une grimace ; il n'est pas question que je pieute sur un truc aussi minuscule, mais je le garde pour moi.

Après le dîner, Eliass a disparu dans sa chambre. Je décide de monter pour le rejoindre, j'ai deux mots à dire à ce petit con. Je trouve la porte fermée à clé ; sur le battant, il y a une photo de moi et Dana avec une énorme croix signifiant que nous ne sommes pas les bienvenus. Je fixe un silencieux sur mon arme et fais sauter le canon.

– Toi ! Mon frère, qui est en serviette, manque de s'évanouir quand il me voit ; il lève les mains en l'air en signe de reddition. Je suis sûr qu'il a envie d'appeler Anita à l'aide, mais il se retient pour ne pas passer pour un bébé.

– Pourquoi tu lui as parlé de la garçonnière ?

– Quelle garçonnière ? Je le soulève par le cou et le plaque contre le mur ; je grimace à cause de ma blessure. Bon sang, pourquoi ça fait aussi mal ?

– Je sais que c'est toi.

– Écoute, je ne lui ai rien dit, enfin si, mais je lui ai aussi dit que tu es un type bien.

– C'est ça, prends-moi pour un con. Je ne comprends pas, pourquoi tu ne m'as rien dit pour Erica, et comment tu as obtenu son numéro ?

– J'ai menti, j'ai tenté de te joindre mais ça ne marchait pas. Alors je suis allé au Club, mais tu n'y étais pas et Riccardo non plus. J'étais vraiment inquiet pour Erica alors quand je l'ai vue, j'ai sauté sur l'occasion. Allez frangin, lâche-moi, j'arrive pas à respirer.

– Et la garçonnière ? Je l'étrangle encore plus fort ; son visage commence à virer au rouge.

– Elle aurait fini par l'apprendre de toute façon ; au moins, moi, j'ai l'art et la manière de lui faire avaler la pilule. Je resserre mon emprise sur son cou. Il a vraiment beaucoup de chance que j'ai reçu une balle, sinon je l'aurais cogné tellement fort qu'il serait aux urgences.

Je le laisse tomber et il en profite pour remonter sa serviette sur ses hanches en souriant.

– Elle est chouette comme fille, si tu fais n'importe quoi, je te la pique.

– Tu n'avais pas une copine, toi ?

– Si, mais bof, elle est trop jalouse. Il semble réfléchir quelques secondes puis me tapote l'épaule.

– Finalement, je te la laisse, après la scène qu'elle t'a faite dans la cuisine. Bonne chance.

J'en aurai bien besoin, et pas qu'un peu.

***

L'horloge au mur affiche 00:48. Je n'arrive pas à dormir, mes pensées oscillent entre la femme couchée dans la chambre que j'occupe les rares fois où je viens ici et la douleur lancinante dans mon épaule. J'ai tantôt tellement chaud que je suis forcé d'écarter les couvertures, puis tellement froid que je dois résister à l'envie d'aller chercher un pull. Mon corps est recouvert de légères perles de sueur.

L'exécuteur 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant