Chapitre 18 - Peter

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Il me regarde droit dans les yeux, sans ciller ni respirer.

- On... va vous laisser, souffle Perle en quittant le salon, entraînant Lio, qui continue de regarder Dante, hésitant.

- Salut, je lâche finalement sans bouger.

Sans un mot, il s'avance vers moi, enfouissant son visage dans mon cou. Je pose ma joue contre sa tête, refermant mes bras autour de lui, le serrant aussi fort que possible contre moi, avant qu'il ne se recule légèrement, ses mains toujours sur mon torse.

- Salut, chuchote-t-il à son tour en reculant davantage, retirant ses mains.

Je fais de même à contrecœur, sentant qu'il a besoin d'espace.

- Je suppose que c'est une idée de mes parents, lâche-t-il en évitant mon regard.

- Oui... ils pensaient te faire plaisir, dis-je en me grattant la tête. Je leur ai dit que ce n'était pas une bonne idée mais... ils sont arrivés à me convaincre.

- Ils peuvent être très persuasifs. Mais... commence-t-il avant de s'interrompre.

- Ne t'inquiète pas. Ils m'ont loué une chambre d'hôtel un peu plus loin dans la rue, dis-je en ramassant mon sac à mes pieds avant de partir vers la porte.

- Attends, je vais t'accompagner. Je vais juste mettre une paire de chaussures.

Je l'attends à la porte, comprenant qu'il ne me fera pas visiter l'appartement. Il revient rapidement et m'adresse un petit sourire, bien que son regard reste fuyant. Il me guide jusqu'à l'hôtel, sans même demander son nom.

- Bonjour Pierre, mes parents ont réservé une chambre à mon nom, dit-il au réceptionniste.

- Bonjour Dante, répond ce dernier avec un sourire. En effet, hier soir. Voici la clef, ajoute-t-il en nous la tendant. En veux-tu une seconde pour toi ? propose-t-il.

- Euh... oui je veux bien, répond Dante, me lançant des regards furtifs, les joues rougies par l'embarras.

Il me tend la première clef pendant que le réceptionniste lui tend la seconde.

- C'est au quatrième étage, chambre 402, m'indique Dante en me montrant l'escalier.

J'avance en silence. Arrivé devant la porte de la chambre, j'ouvre avec ma clé et laisse tomber mon sac à côté de la porte, expirant profondément.

- Mes parents ont l'habitude de louer des chambres ici pour les amis de la famille, m'explique Dante, comblant le silence entre nous. J'espère que ça te plaira, ajoute-t-il depuis la porte, semblant prêt à partir.

- Par pitié, je préfère que tu partes plutôt que de parler sans raison, je lui avoue sans me retourner.

Sans que je m'y attende, ses bras se referment autour de moi, me serrant contre son torse.

- Je suis désolé. Je ne pensais pas que tu viendrais ici, murmure-t-il, le front posé entre mes omoplates.

J'entrelace nos doigts, me sentant enfin chez moi, en sécurité et complet.

- Pour tout te dire, je balance entre la joie de te voir et... la colère contre mes parents, se confie-t-il sans me lâcher.

Je savoure la sensation de son cœur battant plus vite que de raison contre mon dos, espérant qu'il penche davantage vers la joie que la colère.

- Je... je préfère que tu ne reviennes pas à l'appartement.

Je n'ai pas besoin qu'il explicite, comprenant la raison de ce choix et l'acceptant. Il veut éviter que des souvenirs de nous deux le hantent, pour pouvoir avancer sans le spectre de notre histoire. Je lâche ses mains et me retourne, restant dans le creux de ses bras pour lui faire face, le regardant droit dans les yeux.

- Si j'avais eu voix au chapitre, je ne serais jamais venu dans ton appartement. Mais Lio et Perle se sont disputés tout au long du trajet et ne m'ont pas laissé placer un mot, je lui explique en passant mes mains autour de sa taille. Et si on passait un accord ?

- Un accord ? demande-t-il, haussant les sourcils attentifs à ce que je vais lui proposer.

Pendant la journée, je visite la ville et toi, tu fais ce que tu as à faire. Mais dès que nous avons un moment libre, on se retrouve ici, et seulement ici. Je ne rencontre pas tes amis et je n'irai pas dans les endroits où nous pourrions nous croiser, j'ajoute en posant mon front contre le sien, fermant les yeux en attendant avec anxiété sa réponse.

Il glisse ses mains de mon dos à mon ventre, puis les remonte autour de mon cou. Il se met à jouer avec les mèches de cheveux qui tombent sur ma nuque, sans dire un mot. Trouvant enfin le courage, je me redresse et ouvre les yeux pour le regarder. Je découvre son sourire, son regard si tendre que je me mets moi aussi à sourire.

- Enfin, murmure-t-il en souriant davantage. Je pensais que tu n'allais jamais me regarder.

Il frotte son nez contre le mien avant de m'embrasser. Je lui rends brièvement son baiser avant de me reculer, ayant besoin d'être certaine de sa réponse.

- Tu ne m'as pas répondu.

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant