Chapitre 6 - Dante

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Il est l'heure d'enterrer mon frère, mais un épais brouillard obscurcit mes pensées. En bas de l'escalier, je ressens de nombreux regards se braquer sur moi, mais j'en fais abstraction. Tout comme j'ignore le cercueil de mon frère lorsqu'il passe devant moi. La main de Matthieu, que je mets quelques secondes à reconnaître, se pose sur mon bras et m'incite à suivre le cortège. Je me dégage de sa prise pour prendre sa main dans la mienne, l'attirant contre moi. J'essaie de puiser dans la chaleur de sa paume le courage et la force nécessaires pour avancer derrière mes parents sans faillir ni rebrousser chemin.

Tout au long de la cérémonie, je sens un regard fixé sur ma nuque, attendant, tout comme Matt, que je m'effondre et perde le contrôle. Je dois admettre que la tentation est forte, mais cela ne servirait à rien. Ça ne changerait rien à la situation. J'aurais quand même été absente ces dernières années. Et Roméo serait toujours mort, sans que je sois à ses côtés.

Lorsque nous reprenons le chemin de la maison, c'est cette fois-ci en tête du cortège que j'avance, tirant presque Matt pour qu'il accélère. Je ne veux parler à personne, je veux juste me retrouver seul avec lui, dans le calme. À notre arrivée, je nous conduis dans la salle de bain où je lui enlève son costume avant de retirer le mien. Sans un mot, il me suit sous la douche. Je l'attire dans mes bras tandis qu'il entoure mon buste de ses bras, me maintenant fermement contre lui, attendant que l'eau glacée se réchauffe.

- Merci... je murmure en déposant un baiser sur ses lèvres avant de poser mon front contre le sien.

- Je ne sais pas pourquoi, mais avec plaisir, me répond-il en souriant, frottant son nez contre le mien.

- Décale-toi, je vais te laver, dis-je en attrapant le gel douche derrière lui.

Je commence par son torse, descendant jusqu'à ses jambes, souriant en le voyant se détendre.

- Tu aimes ? je lui demande en souriant, avant de déposer un baiser sur sa hanche.

Il se contente de me sourire, caressant ma joue avant de prendre mon visage dans ses mains, m'incitant à me relever pour qu'il puisse m'embrasser.

- Je suis content de voir un sourire sur ton visage, murmure-t-il contre mes lèvres, ses mains glissant sur mon buste avant de saisir le gel douche à son tour pour me laver.

Chaque mouvement sur mon corps est accompagné d'un baiser, jusqu'à ce qu'il revienne à ma bouche qu'il picore du bout des lèvres. Ensuite, il rallume l'eau et nous rince.

- Je suis crevé... dis-je en sortant de la douche, enroulant une serviette autour de mes hanches sans quitter Matt des yeux, tandis qu'il fait de même.

- Tu veux qu'on s'allonge un peu ? Tu as pris une dose de cachet plus importante ce matin...

- Oui. Je ne me sens pas la force de descendre pour le moment, j'approuve en lui prenant la main pour nous guider jusqu'au lit, où je me glisse après avoir enlevé ma serviette.

Il fait de même et je viens me blottir contre lui, posant ma tête dans le creux de sa nuque tandis qu'il m'entoure de ses bras, réconfortant. Tellement réconfortant que je m'endors. Quand j'émerge, je suis toujours allongé tout contre Matt, qui semble ne pas avoir dormi.

- Salut, je marmonne en déposant un bisou dans son cou, le faisant sursauter.

- Salut, répond-il en souriant, son visage tourné vers le mien. Il faudrait qu'on descende rejoindre tes parents.

- Je sais... je souffle en déposant une myriade de baisers de son cou jusqu'à ses lèvres, que je capture pour un bref baiser avant de quitter la chaleur de ses bras et le lit pour m'habiller.

Matt fait de même, mais avec bien plus de lenteur, semblant soucieux.

- Parle, lui dis-je comprenant que quelque chose ne va pas.

- À l'enterrement... commence-t-il avant de s'interrompre.

- Oui ?

- Il... il y avait un homme, ajoute-t-il hésitant.

- Tu vas devoir être plus précis chéri. Je ne me souviens pas de grand-chose... sauf toi. En fait... je ne me rappelle que de toi et de ta main dans la mienne, j'avoue en me plaçant devant lui, prenant ses mains dans les miennes pour l'attirer contre moi. Qu'est-ce qu'il avait, cet homme ?

- Je suis pratiquement sûr que c'était Peter, lâche-t-il en expulsant tout l'air de ses poumons. Du moins, l'homme correspondait à la description que tu m'en as faite.

- Oh... est tout ce que j'arrive à dire, déconcerté par cette annonce inattendue. Mes parents ont dû le prévenir, j'ajoute avant de déposer un baiser sur son front et de le relâcher pour reprendre mon habillage. Sa femme était là ? je ne peux me retenir de lui demander en m'asseyant sur le bord du lit pour passer mes chaussures.

- Il me semble, mais elle n'est pas venue à l'église, répond-il en s'habillant aussi.

- Elle devait garder leur enfant, je suppose en me relevant pour lui faire face, remarquant son visage tiré par la tristesse. Mon ange, qu'est-ce que tu as ? je demande en l'attirant à moi, prenant son visage dans mes mains pour l'obliger à me regarder.

- Je... je suis juste inquiet pour toi, répond-il en venant déposer un baiser sur mes lèvres.

- Tu n'as pas à l'être, je vais mieux, dis-je en caressant sa joue, détestant le voir triste alors qu'il est la personne la plus attentionnée et souriante que je n'aie jamais rencontrée.

Obtenant enfin un sourire de sa part, je le libère puis lui emboîte le pas jusqu'à la terrasse où tout le monde s'est rassemblé.

- Ça va, mon chéri ? me demande mon père en allemand, en s'approchant pour me prendre dans ses bras.

Je lui rends son étreinte, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. À ma grande surprise, je découvre la fillette blonde, tout sourire, assise sur les genoux de Peter. Je comprends alors pourquoi elle me semblait si familière.

- Je ne suis pas fou finalement, je murmure à Matt en prenant sa main dans la mienne après que mon père m'ait relâché.

Il comprend et ricane, avançant à mes côtés jusqu'aux deux chaises libres entre Bianca et un petit garçon qui me sourit de toutes ses dents.

- Je ne dirais pas que tu es sain d'esprit, mais je n'ai jamais douté de l'existence de cette fillette, me taquine Matt, retrouvant doucement sa bonne humeur et son sourire tout en prenant place sur sa chaise à côté de Bianca qui l'attire dans ses bras pour une étreinte dès qu'il est assis.

- Enchanté, je suis Dante, je me présente au petit garçon qui ne m'a toujours pas lâché des yeux, lui tendant la main qu'il sert dans la sienne en me faisant un grand sourire.

- Je sais. Moi je m'appelle Paris, comme la ville.

- Très joli prénom. C'est dans cette ville que nous vivons avec Matt, lui dis-je en sentant quelque chose taper ma jambe avant que la tête d'Éléonore n'émerge entre Matt et moi.

- Bonjour, souffle-t-elle avant de grimper sur ma cuisse avec l'aide de Matt, se tournant face à lui. Enchantée, je suis Eléonore mais tu peux m'appeler Ellie, lui dit-elle, souriante, le faisant sourire en retour. 

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant