Chapitre 19 - Dante

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- J'accepte, je souffle à quelques centimètres de ses lèvres avant d'en prendre possession.

D'un seul mouvement, je nous fais tomber sur le lit, me plaçant à califourchon sur lui. Ses mains passent de ma taille à mes hanches avant de descendre sur mes cuisses. En quelques secondes, nous nous débarrassons de nos vêtements. Tandis que je m'allonge, Peter attrape son sac et en sort une poignée de préservatifs et du lubrifiant.

- Tu ne vas pas me laisser dormir de la nuit, je ris alors qu'il monte sur le lit.

- Pas une seule minute, répond-il en se joignant à mon rire. Tu m'as bien trop manqué, ajoute-t-il en se penchant pour déposer un baiser sur ma cheville avant de remonter le long de ma jambe.

Plus sa bouche remonte, plus mon cœur s'emballe et mon désir s'intensifie. Lorsqu'il atteint mon sexe, il le prend entièrement dans sa bouche, ses mains caressant mes cuisses avant de glisser entre mes fesses pour me préparer. Je suis à deux doigts de jouir dans sa bouche quand il s'arrête et me libère de ses caresses, remontant jusqu'à ce que nos visages soient face à face, un sourire radieux illuminant le sien. Alors qu'il s'approche pour m'embrasser, je l'arrête doucement, mes mains posées sur sa poitrine, juste au-dessus de son cœur.

- Tu m'as manqué aussi. Merci d'être là, je lui dis en l'attirant pour l'embrasser.

Il répond à mon baiser avec passion. Je passe mes jambes autour de sa taille tandis qu'il me pénètre en douceur. Il commence à aller et venir en moi, sans que nos bouches ne se décollent l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'on jouisse. À bout de souffle, il reste allongé sur moi, sans faire le moindre mouvement tandis que je l'entoure de mes bras, caressant son dos avec délectation afin de garder en mémoire la moindre courbe de son corps. Puis je nous fais basculer sur le côté jusqu'à me retrouver sur lui.

- À mon tour.

* * *

Les jours passent et une douce routine s'installe. Parfaite, mais irrémédiablement teintée d'un destin tragique auquel nous refusons de penser. Malgré nos efforts pour éviter le sujet, l'ombre de son départ plane sur nous, tel un spectre. Cela nous pousse à nous rapprocher encore plus lors de nos moments d'intimité dans sa chambre d'hôtel, coupés du monde et de la réalité. Pourtant, cette réalité nous rattrape, bien plus vite et violemment que nous l'aurions souhaité, éclatant notre bulle.

- Ton vol est à quelle heure ? je demande à Peter lorsqu'il revient dans la chambre d'hôtel avec notre dîner.

- À dix heures, chuchote-t-il en déposant notre repas sur la table.

- Tu y vas en taxi ? je demande en sortant les jambes du lit pour m'asseoir.

- Oui, je viens de demander à Pierre de me le commander pour sept heures, me répond-il en se retournant vers moi, s'appuyant contre la table.

- C'est une bonne heure, tu auras le temps de tout faire. Et... là-bas ? Ton père ne sait pas quand tu rentres. Quelqu'un viendra te chercher ?

- Euh...Oui, répond-il après une pause. Ma... meilleure amie, Poppy.

- Poppy ? je lâche, sans pouvoir cacher ma surprime. Tu ne m'as jamais parlé d'elle.

- L'occasion ne s'est pas présentée, marmonne-t-il en anglais, comme pour mettre de la distance, me laissant pressentir que la suite ne va pas me plaire.

- Je t'ai parlé de Lio sous tous les angles, alors tu avais tout le temps pour me parler de Poppy, dis-je en me levant pour me rapprocher de lui, mais son expression me fait hésiter à continuer. Pourquoi cette tête ? je demande, les sourcils froncés.

- J'ai promis de te parler de quelque chose, mais...c'est plus dur que je ne le pensais, m'avoue-t-il en se passant plusieurs fois ses mains dans ses cheveux.

Puis il se met à faire les cent pas à travers la chambre, fuyant mon regard.

- Je... je connais Poppy depuis ma naissance, commence-t-il avant de marquer une pause. Nos mères étaient meilleures amies, et nos ranchs sont voisins. Sa mère a remplacé la mienne. Quand ça devenait trop... compliqué avec mon père, c'était chez elle que je trouvais refuge. Quand j'ai compris pour moi, c'est tout naturellement à Poppy et Ella, sa mère, que je l'ai dit.

- Tu avais quel âge ? je réussis à demander malgré la boule qui s'est formée au creux de ma gorge.

- Seize ans presque dix-sept. On était en vacances tous les trois à New-york, commence-t-il sans me regarder, alors que mes yeux restent fixés sur lui, captivés. Nos ranchs sont immenses, nos pères rêvaient que Poppy et moi nous marions pour unir nos terres, poursuit-il. J'ai terminé mes études et, selon l'accord avec mon père pour qu'il finance mes études, je dois rentrer au ranch pour qu'il me forme à prendre sa succession. Je savais que le mariage serait remis sur le tapis dès que je poserais le pied là-bas. Alors, je me suis accordé quelques semaines supplémentaires pour être prêt à m'y opposer fermement. Je refusais de condamner Poppy à... ça. Elle mérite cent fois mieux, dit-il tristement, ne présageant rien de bon pour la suite. Mais... quinze jours avant mon départ, Poppy m'a annoncé qu'elle était enceinte d'un type qui l'a abandonnée sans un regard, retournant vivre chez ses parents dans l'Ohio. Alors... j'ai accepté de l'épouser. On a dit à nos pères que l'enfant était de moi pour que le mariage se fasse rapidement, conclut-il, plus calme après avoir exprimé son indignation envers l'homme qui a mis enceinte sa meilleure amie et l'a abandonnée.

D'une certaine manière, je le comprends. Je ne sais pas comment je réagirais si quelque chose comme ça arrivait à Perle. Mais cela n'atténue en rien le choc de la nouvelle. Sachant que je ne pourrais pas clarifier mes pensées en restant ici, je quitte la chambre sans dire un mot. Je déambule dans les rues sans but précis, jusqu'à réaliser que mes pas m'ont ramené à notre point de départ. Je respire profondément, l'esprit apaisé, puis entre dans l'hôtel et monte jusqu'à notre étage. J'ouvre la porte avec ma clef et pénètre dans une chambre plongée dans l'obscurité. Mais je sais qu'il n'est pas endormi. Cette certitude est confirmée quand je me glisse derrière lui dans le lit, après avoir ôté mes vêtements. Je passe alors un bras autour de lui et il vient immédiatement entrelacer nos doigts.

- Je ne pensais pas que tu reviendrais, murmure-t-il en m'attirant un peu plus contre lui.

- Je n'aurais pas pu rester loin de toi, je lui réponds comme un constat, déposant des baisers le long de sa nuque jusqu'à sa joue. J'avais seulement besoin de faire le point.

Il se tourne sur le dos et me fait passer au-dessus de lui, me faisant comprendre qu'il veut que je lui fasse l'amour.

* * *

Malgré la chaleur de ses bras, je ne ferme pas l'œil de la nuit. Peter partage mon insomnie, allongé à mes côtés en silence, fixant le plafond. Quand l'heure arrive, je le regarde se préparer, suivant chacun de ses gestes, chacun de ses mouvements, pour tout graver dans ma mémoire.

- Je pense que j'ai tout, dit-il en anglais, marquant irrévocablement la fin de cette parenthèse parisienne, en fermant sa valise.

Je lui fais un sourire pour seule réponse, immobile au bord du lit, jusqu'à ce que Pierre, le réceptionniste, nous appelle pour nous annoncer l'arrivée du taxi. Ce n'est qu'à ce moment-là que je me lève pour le rejoindre, l'enlaçant aussi fort que possible, imprégnant mon esprit de son odeur que j'aime tant.

- Tu veux que je t'appelle quand je suis bien arrivé ? me demande-t-il en me relâchant.

- Non... appelles mes parents, ils me transmettront le message.

Il m'attire à nouveau dans ses bras pour une dernière étreinte avant de se retourner et de quitter la chambre, me laissant pleurer en silence. Les larmes coulent sur mes joues sans que je tente de les arrêter ou de les cacher. Alors qu'il ouvre la porte et s'apprête à partir, je me décide enfin à lui dire ce que j'ai sur le cœur.

- On ne se reverra pas. Mais je voulais te dire que je t'aime. Peu importe ce que le futur me réserve, je sais que même quand les années auront passé, je t'aimerais encore, dis-je en me réfugiant à nouveau derrière l'allemand.

Il s'arrête, comme figé par mes mots, pourtant je le sais, il n'en a pas compris un seul. Et c'est tant mieux.

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant