Chapitre 17 - Dante

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On reste un moment enlacé, moi allongé sur lui, ses bras passés autour de moi, me maintenant fermement contre lui. Aucun de nous ne dit un mot alors que la maison s'éveille, annonçant mon départ imminent. Peter pousse un soupir sans pour autant bouger. Cela me ramène à l'instant présent. Je me soulève sur mes avant-bras, posant mon front contre le sien, les yeux clos.

- C'est l'heure, murmure-t-il.

Je grogne en guise de réponse, refusant de bouger. Je ne veux pas être celui qui mettra fin à cette dernière étreinte. Je veux graver chaque détail dans ma mémoire pour mes moments de solitude et de déprime quand je serai loin. Des pas précipités dans le couloir, suivis de la voix de Roméo, m'informent qu'il est l'heure. Les bras de Peter se desserrent alors et m'incitent à me redresser. Le cœur lourd, je retiens autant que possible les larmes qui me montent aux yeux.

Je me prépare en silence, bouclant ma dernière valise. Peter reste assis sur le bord du lit, les lèvres aussi serrées que les miennes. Une fois prêt, je m'approche de lui, prenant son visage dans le creux de mes mains et caressant ses joues de mes pouces. Il m'attrape par les hanches, m'attirant vers lui pour poser son front contre mon ventre.

- Je... je préfère que tu ne descendes pas avec moi.

- Je sais, répond-il sans relever la tête.

- Tiens, dis-je en lâchant son visage pour prendre un rouleau de papier que j'ai dans la poche arrière de mon short.

Il se redresse et prend le rouleau de mes mains sans l'ouvrir, tandis que j'essaie de lui sourire.

- C'est la fin de l'histoire, dis-je avant de me pencher pour déposer un baiser sur ses lèvres.

Puis je quitte la chambre sans me retourner, pour ne pas flancher.

* * *

Contrairement à ce qu'on pensait, il ne me faut pas plus d'une journée pour emballer toutes mes affaires dans notre maison à Toulouse, au grand désespoir de ma mère qui espérait avoir plusieurs jours avec moi en tête-à-tête.

- Tu es sûr de ne pas vouloir revenir pour une journée à la maison ? me demande-t-elle pour la troisième fois.

- Non maman. Je lui ai déjà dit au revoir, je n'ai pas envie de recommencer, dis-je en essayant de lui sourire, même si je sais que ce sourire n'est pas convaincant, même pour moi.

- Je n'aime pas te voir triste, dit-elle en me caressant la joue.

- Je ne suis pas triste, je rétorque en m'éloignant pour fermer ma dernière valise, celle qui m'accompagnera dans l'avion pour Paris.

- Dante... souffle-t-elle en secouant la tête. Tu n'as pas besoin de me le cacher, pas à moi.

Je me retourne pour la regarder, sans savoir quoi dire. Je sais que je n'ai pas besoin de feindre devant elle. Mais j'ai besoin de garder la face, pas pour faire bonne figure mais tout simplement pour ne pas m'effondrer.

- Je préfère juste ne pas y penser, je lui avoue sans la regarder. Je sais que je fais l'autruche mais... c'est mieux ainsi. Du moins pour le moment, d'accord ?

- D'accord, souffle-t-elle exprimant clairement son désaccord avec mon choix. Dans ce cas, allons à l'aéroport, ajoute-t-elle mélancoliquement en prenant son petit sac de voyage.

Le trajet se déroule dans un silence pesant, chacun absorbé par ses propres pensées. Ça ne fait qu'un jour et il me manque déjà. Refuser l'offre de ma mère n'a pas été facile, mais je sais que c'était la bonne décision. Je sais que ce sentiment de vide et de tristesse s'atténuera avec le temps. En attendant, je devrai simplement me plonger dans le travail à corps perdu pour éviter de laisser mes pensées divaguer.

* * *

Mon arrivée à Paris est marquée par la précipitation. Dès les premières heures, je dois déballer mes affaires avant de partir pour des rendez-vous à l'université. À peine rentré à l'appartement, je me retrouve enchaîné à une soirée entre amis, dont Lio, mon meilleur ami et colocataire. Cette distraction est exactement ce dont j'avais besoin pour ne plus penser à lui. Cependant, lorsque la nuit tombe et qu'il est l'heure de me coucher, seul dans mon lit froid, les souvenirs affluent inévitablement. Mes parents et mon petit frère ont attendu le lendemain de mon arrivée pour me téléphoner et prendre de mes nouvelles, mais je n'ose pas leur demander des nouvelles de là-bas. Avec ce nouveau rythme effréné, le week-end arrive sans que je m'en rende compte.

Perle arrive demain, et j'espère qu'elle apportera quelques informations, bien qu'elle ait probablement été occupée par son propre départ, plutôt que de traîner chez moi. Comme souvent lorsque mes pensées dérivent vers lui, je touche mon bracelet, notre bracelet, en repensant aux mots gravés à l'intérieur qui m'aident parfois à supporter mes nuits d'insomnie. C'est alors que Lio entre précipitamment dans ma chambre, me tirant de mes rêveries.

- Tu en penses quoi ? Ça me fait de belles fesses ? me demande-t-il en tournant sur lui-même pour me montrer son jean, la seule chose qu'il porte.

Mais vraiment la seule chose, même un caleçon ne fait, de toute évidence, pas partie du lot.

- Euh... oui ça va. Pourquoi ? je demande en me redressant.

- Perle arrive demain soir, j'ai envie d'être au maximum de mon avantage pour l'accueillir.

Je souris face à son engouement pour ma meilleure amie. C'est pour cela que je me suis gardé de lui raconter Noël dernier, alors que je lui ai parlé dans les moindres détails de tout mon été.

- Du moment que tu mets un caleçon et un haut, je suis sûr qu'elle ne verra que toi. J'en conclu que c'est toujours toi qui va la chercher à l'aéroport.

- Bien sûr, dit-il tout sourire en se laissant tomber sur mon lit. Je ne vais pas la laisser poiroter à l'aéroport à attendre que tu en aies fini avec ton rendez-vous.

- Ouais, c'est ça, je ricane, sachant qu'il est plus que ravi que j'ai rendez-vous au Louvre.

- Tu veux sortir ce soir ?

- Non, je suis crevé. On sortira sûrement demain avec Perle, si elle n'est pas trop fatiguée.

- Ouais, tu as raison. On regarde un film ?

- Avec plaisir. Va choisir une cassette. Je vais faire du pop-corn.

Quand j'arrive au Louvre le lendemain, mon chef m'attend déjà, une tonne de papier en main, prêt à me briefer sur toutes les règles et habitudes du musée. Notre rendez-vous dure quatre longues heures sans aucune pause, ce qui me permet de pouvoir rentrer avec une bonne heure d'avance.

Je passe joyeusement la porte de l'appartement, ravi de pouvoir me reposer un peu avant l'arrivée de Perle. Je me laisse tomber avec soulagement, à plat ventre, en travers de mon lit. Le claquement de la porte d'entrée et le bruit de plusieurs voix me sortent d'un doux rêve. Après m'être frotté le visage pour me réveiller un peu plus, je finis par m'extraire du lit à contrecœur et à quitter ma chambre. J'aperçois d'abord Lio qui me tourne le dos, mais je me stop quand je comprends qu'il parle avec deux personnes, regardant tantôt devant lui, tantôt sur sa droite.

- À qui parles-tu ? je demande en prenant au passage un short qui traînait sur une pile de linge propre.

Au son de ma voix, il se retourne, son visage exprimant à la fois la surprise et le stress.

- Salut. Je ne pensais pas que tu étais déjà rentré, dit-il en faisant une grimace qui ne présente rien de bon.

- Mon rendez-vous s'est terminé plus tôt. Et avec la nuit blanche que tu m'as fait passer, je me suis dit qu'il valait mieux que je dorme avant l'arrivée de Perle.

Son visage devient aussi blanc qu'un linge et il fait une nouvelle grimace en regardant quelqu'un que le mur de la salle à manger me cache.

- C'est... euh... on a regardé beaucoup de films, c'est pour ça qu'il n'a pas beaucoup dormi. Ce n'est pas à cause... d'autre chose... qu'on n'a pas dormi, bégaie-t-il, rougissant jusqu'à la racine de ses cheveux.

- Tu verrais ta tête, dis-je en m'avançant vers lui pour voir qui l'accompagne. Tu ressembles à une to...

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant