Chapitre 9 - Peter

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Depuis ma cachette derrière la porte entrouverte de l'escalier de service, j'observe Poppy quitter la cuisine, les fruits en main. Elle laisse la place à Matt, qui entre en traînant les pieds, les traits tirés par la fatigue.

- Coucou, marmonne Matt en s'approchant de Dante.

Il se place derrière lui, glissant ses bras autour de son torse, un geste qui fait sourire Dante malgré ses sourcils froncés.

- Je pensais que tu dormirais plus longtemps. Je voulais te porter le petit déjeuner au lit, dit Dante en ajoutant la touche finale à ce qu'il préparait, avant de se tourner pour faire face à Matt, me tournant ainsi le dos.

- C'est gentil. Je t'ai senti quitter le lit alors je me suis levé. Mais rien ne nous empêche de prendre un petit déjeuner en tête-à-tête dans la chambre ou ici. J'ai croisé Bianca en descendant, elle m'a dit que les autres avaient déjà mangé et qu'ils partaient faire un tour à pied pour prendre l'air.

- Dans ce cas... À table ! s'exclame Dante avant de se pencher en avant pour, je suppose, embrasser Matt, bien que de là où je suis, je ne peux rien voir.

Ce qui n'est pas plus mal, car j'ai déjà l'impression d'être un sale voyeur à les écouter derrière la porte. Je m'apprête à faire demi-tour et remonter dans ma chambre pour travailler, quand la voix de Dante se fait de nouveau entendre, m'arrêtant dans mon élan.

- Tu es sûr que ça va ? demande Dante avec inquiétude, observant Matt se dégager de leur étreinte pour poser le plateau devant deux chaises.

- Oui, ne t'inquiète pas. Je vais bien. J'ai juste eu besoin d'évacuer toutes les émotions accumulées ces derniers jours. Mon traitement continue de faire effet, et j'ai un rendez-vous téléphonique avec ma psychologue cet après-midi. Rassuré ? répond Matt en souriant, voyant Dante enfin se détendre.

- Oui. Désolé... Je sais que parfois je peux être étouffant sur ce sujet.

- Ne t'excuse pas de vouloir que je reste en vie. Au contraire, ça me touche que tu t'inquiètes pour moi, ça me rappelle que je n'ai pas à affronter tout, tout seul, rétorque Matt, son sourire se faisant plus doux.

- Il souffre d'une sévère dépression, murmure une voix dans mon oreille, me faisant sursauter et me retourner, manquant de peu de me dévoiler.

- Bianca ! Tu m'as fait peur, qu'est-ce qu'il te prend d'arriver si furtivement, je chuchote, jetant un coup d'œil vers Dante et Matt pour m'assurer qu'ils ne m'ont ni vu ni entendu.

- Je n'ai pas été si discrète que ça, c'est toi qui étais beaucoup trop absorbé par ton écoute, ricane-t-elle en murmurant avant de se pencher pour les observer elle aussi.

- Il ne faut jamais se fier aux apparences, dis-je en reprenant mon observation.

- Comment ça ?

- Matt est tellement souriant. Si on m'avait dit qu'un des deux était dépressif, je n'aurais jamais parié sur lui.

- Mmm... Il est dans une bonne période. Comme il l'a dit, son traitement fait son travail. Puis, il a caché son état derrière des sourires pendant tellement longtemps que je pense qu'il ne sait plus afficher une autre expression faciale. La seule différence, c'est que maintenant ses sourires sont en grande majorité sincères.

- Grâce à Dante, je suppose, dis-je en observant ce dernier déposer un baiser sur la tempe de Matt, le faisant légèrement rougir.

- Oui. Quand ils se sont rencontrés, Matt était au plus mal. Ils ont directement accroché, amicalement. De retour à Paris, ils ont continué à se voir et à sortir ensemble. Dante avait déjà compris la situation et a essayé de l'aider aussi discrètement que possible, mais ce n'était pas suffisant. C'est Dante qui l'a trouvé après qu'il... après qu'il ait pris une forte dose de médicaments. Il a appelé les pompiers et, une fois Matt sorti de l'hôpital, il l'a emmené dans une sorte de clinique à la campagne. Là-bas, Matt a pu se reposer, loin des éléments néfastes de sa vie. Ils y ont passé les vacances de printemps, puis ils sont rentrés finir l'année universitaire avant de repartir jusqu'à la fin septembre. C'est là-bas qu'ils ont commencé leur relation et ont commencé à aller mieux, autant l'un que l'autre.

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant