Chapitre 11 - Dante

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Une semaine plus tôt

Dès que mes parents ont autorisé mon séjour chez ma tante, c'est comme si un poids s'était volatilisé, même s'ils n'ont pas accepté que cela dure jusqu'à mon départ pour Paris. C'est le cœur léger que je rentre sans faire de bruit dans ma chambre où Peter dort déjà profondément. Je me laisse tomber sur mon lit et fixe le plafond. Je reste ainsi jusqu'à ce que l'heure de me lever pour aller prendre le bus qui me mènera chez ma tante arrive.

Je me lève et fais mon sac en silence, puis me dirige vers la porte de ma chambre, non sans lui lancer un dernier regard, même si je sais que je le reverrai dès la semaine prochaine. Mon regard s'attarde plus que de raison, me délectant de son beau visage, paisiblement endormi. Ensuite, je quitte la chambre et descends rejoindre mes parents qui m'attendent côte à côte en bas de l'escalier. Quand je lève les yeux, mon cœur se serre à la vue des yeux rougis de ma mère.

- Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? me demande mon père.

- Oui, puis... ce n'est qu'une semaine, je lui réponds, sans pouvoir cacher la joie que je ressens à l'idée de partir loin de cette maison, même si en réalité, ma tante n'habite qu'à environ une heure de voiture d'ici.

- Oui, ce n'est qu'une semaine. Mais à ton retour il ne te restera que quelques jours avant de partir pour Paris, rappelle ma mère en retenant autant qu'elle le peut ses larmes, sachant pertinemment que je déteste voir les gens pleurer.

- Où tu viendras me voir aussi souvent que tu le souhaites, je lui rappelle en retour, en la prenant dans mes bras.

- Hier, ton frère avait oublié, me dit-elle à l'oreille. Ils sont allés voir ses plantes au lever du jour avec Peter. Il ne voulait pas te réveiller car il avait vu que tu étais fatigué ces derniers jours.

- Ok, dis-je en lui souriant pour lui faire comprendre que je ne lui en veux pas. Il faut qu'on y aille maintenant sinon je vais rater mon bus.

- Oui, oui tu as raison, dit-elle en essuyant ses joues où quelques larmes ont coulé.

Arrivé sur la place du village d'où part le bus, je descends de voiture, imité par mon père qui m'aide à sortir mon sac à dos du coffre. Puis on s'appuie côte à côte contre le capot de la voiture pour attendre l'heure du départ.

- Tu es sûr de toi ? demande-t-il simplement.

- Oui papa, dis-je en posant la tête sur son épaule. J'ai besoin de faire une pause.

- Je suis content que tu nous aies parlé. Pour tout te dire, ta mère était sur le point de passer en mode inquisition espagnole pour te faire avouer.

Je ris rien qu'en imaginant ma mère dans un tel état, même si je m'en veux de l'avoir inquiétée.

- Tu lui diras que je ne voulais pas l'inquiéter et que je serais de retour avant même qu'elle ne s'en rende compte, j'ajoute avant de déposer une bise sur sa joue à la vue de mon bus qui approche.

- Dante ! me dit-il en me retenant par le bras.

- Oui ?

- Je ne pense pas que tu étais dans le faux concernant Peter. Mais... tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille comme la nôtre. Je pense qu'il a eu peur de ce qu'il ressent et... de toi aussi d'une certaine façon. Mais jamais il n'aurait parlé de toi à quelqu'un, jamais, dit-il avant de relâcher mon bras, après y avoir exercé une dernière petite pression. Reviens-nous vite, ajoute-t-il avant de déposer un baiser sur mon front.

- Je t'aime, lui dis-je, malgré ma gorge nouée.

Sans attendre plus longtemps, je lui tourne le dos et monte dans le bus qui m'emmène à des années-lumière d'ici. Mais surtout loin de mes questions et de lui.

1 semaine plus tard

- Dante, dépêche-toi ! crie ma tante depuis l'entrée de sa maison où elle m'attend avec sa valise et celle de son fils.

On aurait déjà dû prendre la route depuis un bon quart d'heure pour arriver avant la nuit chez mes parents, mais j'ai perdu mon carnet de notes.

- Je ne le trouve pas, dit Sergei, qui m'aide dans mes recherches.

- Je l'ai ! je m'exclame en le sortant de sous un livre.

On quitte la chambre au pas de course, rejoignant sa mère.

- Enfin ! s'exclame-t-elle tandis que nous dévalons l'escalier. Tu dois vraiment apprendre à ranger tes affaires Dante, me réprimande-t-elle sur le chemin vers sa voiture.

Je la suis sans rien dire, sachant très bien qu'elle a raison.

- Ça va ? me demande-t-elle une fois montée en voiture et prête à partir.

- Pour l'instant, oui, je réponds avec sincérité.

Cette semaine était exactement ce dont j'avais besoin. Elle m'a offert non seulement du repos mais surtout le recul nécessaire pour mettre mes pensées au clair. Mes idées noires se sont éloignées, me laissant respirer librement à nouveau.

Maintenant que tout est clair dans ma tête, je vais enfin pouvoir profiter de mes derniers jours de vacances dans le calme et la sérénité. Surtout, je vais essayer d'étouffer les sentiments que je ressens envers Peter et passer à autre chose, même si une petite voix en moi murmure que cela est impossible.

Le trajet passe rapidement et quand on arrive à la maison, tout est calme et silencieux. On rentre dedans par la porte d'entrée. Je trouve un mot sur le meuble.

« Bonjour mon amour,

On est au village, on rentrera dans la soirée, sûrement vers neuf heures.

Mets Bella et Sergei dans leurs chambres habituelles.

Je t'aime,

Maman. »

- Ils sont au village, dis-je en pliant le mot pour le mettre dans ma poche. Vos chambres sont prêtes. Je vais monter prendre une douche, je n'en peux plus de cette chaleur, j'ajoute en me dirigeant vers l'escalier.

Ils me suivent, et nous nous séparons une fois arrivés à mon étage. Tandis qu'ils se dirigent vers leur chambre, je rejoins la mienne. Je laisse tomber mon sac sur le lit et le vide, puis je prends des affaires propres dans le placard et me rends à la salle de bain. Je rêve de cette douche depuis le premier quart d'heure de route sous quarante degrés.

Profitant de la solitude, je reprends la mauvaise habitude de laisser la porte grande ouverte. Je commence à retirer mes vêtements, qui me semblent aussi sales que s'ils étaient fabriqués dans une matière radioactive. Je viens juste d'enlever mon t-shirt quand j'entends des pas dans l'escalier. Je panique un instant avant de me souvenir de la présence de Bella ou Sergei. Ignorant le bruit, je jette mon t-shirt dans la panière à linges sales, tout en appréciant la vue sur le jardin par la fenêtre devant moi. Je m'apprête à retirer mon short quand une paire de bras se referme autour de moi, bloquant mes bras le long de mon corps et me tirant en arrière jusqu'à ce que mon dos touche un torse. Ma respiration se coupe, et mes craintes, que je croyais oubliées, refont surface, me paralysant.

- Je suis désolé, me souffle une voix au creux de l'oreille.

J'aimerais ne pas reconnaître cette voix, mais c'est impossible. Je la reconnais aussi facilement que son odeur. Mon cœur s'emballe, bien que mon corps reste figé, attendant la suite. Puis, je sens son front se poser contre ma tête, non loin de ma tempe tandis que son nez se niche juste au-dessus de mon oreille.

- Je suis désolé, répète-t-il, ce qui me surprend assez pour que je reprenne ma respiration. Désolé pour tout ce que j'ai fait et dit. J'aurais dû venir te parler au lieu de fuir lâchement, ajoute-t-il en murmurant, son souffle effleurant ma joue à chaque mot, comme une caresse.

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant