Epilogue - PARTIE I

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Juillet 1997, Manhattan, New-York, Etats-Unis

Je viens d'atterrir à New-York après un vol interminable. Mes jambes me font mal, ainsi que mon dos et ma tête. Je m'étire puis me dirige vers le hall du terminal. Là, j'aperçois Bianca qui m'attend, brandissant une pancarte au-dessus de sa tête avec mon prénom et un « Bienvenue » écrit en français. Un sourire éclaire instantanément mon visage. Je me précipite vers elle et la prends dans mes bras, nous faisant tourner sur nous-mêmes, laissant sa pancarte tomber à terre.

- Je n'arrive pas à croire que tu sois là ! s'exclame Bianca après que je l'ai relâché.

Bras dessus, bras dessous, nous ramassons nos affaires, puis je la laisse nous guider vers la sortie de l'aéroport et jusqu'aux taxis. On monte dans le premier que nous trouvons sans cesser de parler. Il nous faut une bonne demi-heure pour arriver devant l'immeuble de mon appartement à Manhattan, qui est à égale distance du MET et du MoMA. Il est parfait. Pourtant, une vague de nostalgie m'envahit à l'idée de passer tout l'été loin de ma famille et de notre maison de vacances. Je chasse aussi vite cette pensée qu'elle n'est arrivée, préférant réserver ces moments de déprime à mes nuits d'insomnie, qui n'ont fait qu'augmenter depuis l'été dernier, sans grande surprise.

- Ce soir, tu t'installes et on se fait une soirée film à la cool. Mais demain, je te présente mon groupe d'amis. Je suis sûre que tu vas les adorer.

- Je suis partant, dis-je en étouffant un bâillement, la fatigue du vol et du décalage horaire se faisant déjà sentir.

Arrivé à l'appartement, j'ouvre tous les rideaux, et dépose ma valise et mon sac dans l'une des deux chambres avant de rejoindre Bianca, confortablement installée dans le salon.

- Viens t'asseoir et racontes moi ton année dans les moindres détails. Je veux absolument tout savoir, me dit-elle en tapant la place à côté d'elle.

Je m'exécute, et commence mon récit, même si nous avons échangé par écrit et par téléphone tout au long de l'année. Je lui parle de mes jobs, de mes études. Puis j'enchaine avec Lio et Perle, et cela prend un bon moment. Depuis le début de leur amour compliqué, les parents de Perle qui ne voulant pas qu'elle sorte avec un Allemand, jusqu'à leur mariage en février dernier sous la neige parisienne. Et enfin, la naissance prochaine de leur bébé, qui lui n'était pas prévu. Mais surtout, je lui parle de mon petit frère et de la découverte de son QI qui frôle la stratosphère, ce qui lui permettra d'intégrer dès la rentrée prochaine une école à Berlin où il pourra s'épanouir.

Quant à mes parents, ils continuent de vivre comme avant, sans se soucier des rumeurs qui ont commencé à circuler quelques semaines après mon départ l'été dernier, mais qui se sont apaisées lorsque je ne suis pas venu passer Noël à notre maison de vacances. J'avais préféré que mes parents et mon frère me rejoignent à Paris, pour changer les idées de tout le monde.

- À t'entendre, on dirait que des années se sont écoulées, rigole-t-elle en secouant la tête.

- J'ai pourtant eu l'impression que cette année s'est écoulée très, très lentement, dis-je sur un ton bien trop mélancolique.

- Est-ce que... tu as rencontré quelqu'un ? me demande-t-elle nerveusement, en triturant le bout de ses cheveux qui lui arrivent maintenant au bas du dos.

- Euh... non, malgré tous les efforts de Perle et Lio, je ricane en repensant à leur vaine tentative de me faire sortir. Je n'ai pas le temps pour ça, ni... même l'envie... je n'en ai surtout pas envie, j'avoue plus sérieusement, rassemblant mon courage pour poser ma prochaine question. Tu... tu as eu de ses nouvelles ?

- Oui... Aussi souvent qu'avec toi. Je l'ai même vu, me répond-elle en toussotant de gêne.

- Alors, il a bien eu lieu, dis-je en baissant la tête sur mes mains jointes sur mes cuisses.

- Quoi donc ? demande-t-elle innocemment.

- Le mariage... Dis-je en tournant la tête vers elle.

Elle se contente de hocher la tête, un sourire de travers aux lèvres. Préférant ne pas m'attarder sur le sujet, je me lève pour nous préparer le pop-corn et lancer un film.

Il n'est pas plus de dix heures le lendemain matin quand Bianca me tire du lit pour me faire visiter la ville. Une idée qui m'aurait ravi si ça avait eu lieu quelques heures, voire même quelques jours plus tard. D'un pas traînant, je me prépare et prends mes cachets sous son regard interrogateur. Un seul coup d'œil de ma part lui fait comprendre à quoi ils servent, l'empêchant de poser la question qui lui brûle les lèvres. Moi et ma fichue mélancolie.

Finalement, midi arrive sans que je ne m'en rende compte. Puis seize heures, l'heure à laquelle nous devons retrouver les amis de Bianca à l'angle de la 5ème Avenue et de Washington Square.

- Tu vas les adorer, me répète Bianca pour la centième fois de la journée en sautillant.

Je secoue la tête en rigolant, me doutant que s'ils lui ressemblent, je ne pourrai que les aimer. Ils arrivent peu de temps après nous, et Bianca commence aussitôt les présentations. D'abord, ses amies d'enfance, Louise et Ashley, toutes deux natives de New York, comme Bianca. Ensuite, elle continue avec Andrew et Bradford, deux frères originaires de Los Angeles qui ont emménagé ici il y a cinq ans. Enfin, il y a Matthieu, étudiant en histoire à l'université Paris Nanterre, qui passe tous ses étés à New York depuis plus de dix ans. D'abord avec ses parents, et maintenant uniquement avec son petit frère, qui, aujourd'hui, a préféré rester chez eux. Il est grand et élancé. Sa peau très pâle contraste avec ses cheveux noirs et ses yeux gris clair, qui captent immédiatement l'attention, ou du moins... mon attention.

Je m'approche naturellement de lui pour lui faire la bise, au moment même où la forme d'un corps derrière lui retient mon attention. Je me stoppe dans mon geste à moitié entre la joue de Matthieu et le vide, à fixer l'angle de la rue.

- Dante... ça va ? me demande Bianca en posant sa main sur mon épaule.

- Oui... oui ça va, dis-je en finissant de faire la bise à Matthieu. Il m'a semblé apercevoir quelqu'un que je connais, j'ajoute pour expliquer mon étrange comportement, devant leurs regards inquiets.

Me retenant bien de lui dire que je suis sûr d'avoir vu Peter.

Notre Premier étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant