Chapitre 16

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J'avais oublié cette sensation qui vous galvanise quand vous riez. Mes abdominaux me brûlent, ma cage thoracique se contracte, mes yeux pleurent et je sens l'euphorie parcourir mes veines.

C'est grisant!

Mes angoisses semblent s'évaporer à mesure que les mots de Milo chantent à mes oreilles. Depuis la mort de Rose, jamais je n'avais connu un tel moment de relâchement.

Nous nous sommes installés sur un transat près de la piscine, lui allongé, le dos calé contre le dossier, les jambes écartées et moi, assise en tailleur en face de lui. La nuit nous a rattrapée et, avec elle, une onde de fraîcheur qui a forcé nombre d'invités à rejoindre l'intérieur de la maison. Seules quelques personnes, trop alcoolisées pour sentir la morsure du froid, sont restées dehors.

Mon rire s'envole vers les étoiles quand je penche la tête en arrière pour tenter de reprendre mon souffle et j'ai l'impression de l'entendre pour la première fois.

Quand j'arrive à me calmer, j'essuie mes larmes du revers de la main avant de dévisager l'homme qui me fait face.

- Merci!

Il semble surpris et penche la tête légèrement sur le côté.

- De quoi? me questionne-t-il.

- De me rappeler que je suis vivante.

La satisfaction pare ses traits, éclairant son visage taciturne.

- Merci à toi de me donner une raison de vivre! Sans mes souvenirs, je n'ai pas grand chose à quoi me rattraper, heureusement que tu es là., que tu m'offres une possibilité d'exister.

Son attention persistante, son regard dévastateur et ses mots me mettent mal à l'aise. J'aime ce moment, un peu trop sûrement, et je savoure chaque instant qui semble tisser un fil invisible entre nous. Je ne devrais pas...

- J'ai l'impression que tu essaies de me protéger, mais tu n'es pas obligé tu sais.

Il soulève une épaule nonchalamment avant de passer ses bras derrière sa nuque.

- Je ne me sens pas obligé. Et j'aime te voir sourire!

Milo se relève, croisant ses mains entre ses cuisses et se penche dans ma direction pour kidnapper mon attention, qui était pourtant déjà toute à lui.

- Si seulement je pouvais effacer cette tristesse dans ton regard, murmure-t-il.

Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale.

- Je vais bien! Grâce à toi je me sens mieux, pas de crise de panique à l'horizon! le rassuré-je en posant ma main sur son genoux.

Sans que je n'en comprenne la raison, mon corps se rapproche du sien, comme attiré inexorablement par un aimant invisible. Je dois réagir avant de faire quelque chose que je vais regretter.

- Tu peux aller voir les autres si tu en as envie. Tu es l'attraction de la soirée, je ne voudrais pas te monopoliser, lancé-je, faussement détendue pour détourner l'attention.

- OK, je vais aller voir s'il n'y a pas quelques mégères à tourmenter, plaisante-t-il en m'offrant un clin d'œil qui finit de faire exploser mon cœur en éclat.

D'un côté je suis soulagée de le voir s'éloigner. C'est étrange, mais je me sens mal à l'idée d'être si bien en sa présence. Je suis prise en étau dans une dualité qui me dépasse. D'un côté j'ai besoin de sa présence, je me sens moins seule, moins dévastée, mais d'un autre côté je sens les prémices de notre séparation inéluctable qui brisent déjà les bourgeons de bonheur qui fleurissent dans mon âme.

Sink with youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant