Le trajet de retour se déroule dans le plus grand silence. De temps à autre, je surveille Natasha à travers le rétroviseur. Celle-ci s'est assoupie, la tête en arrière comme une enfant. Milo, quant à lui, a collé son front contre sa vitre, me privant de tout contact visuel. Pour autant. Je devine à son cou tendu et sa respiration saccadée qu'il est toujours énervé. La tension qui règne dans l'habitacle me met mal à l'aise et me soude les lèvres, quand bien même j'aimerais prononcer un mot.
Je suis soulagée quand nous arrivons enfin à l'appartement. Mon coloc, sans prendre la peine de m'offrir un regard, se précipite dans sa chambre et referme la porte avec fracas. Je sursaute avant de me demander ce que j'ai bien pu lui faire pour qu'il m'en veuille à ce point.
- Qu'est ce qui lui arrive? me questionne Natasha, les yeux encore remplis de sommeil.
Je hausse les épaules tout en fixant la porte close.
- Ça lui passera, conclut mon amie en déposant, ou plutôt en balançant, son sac à main sur mon canapé.
Reportant mon attention sur elle, je réprime un frisson en retombant sur son hématome qui a encore gonflé.
- Comment tu te sens?
Un sourire pâle étire sa bouche alors qu'elle tente encore de faire bonne figure.
- Bien, arrête de t'inquiéter, j'en verrais d'autres.
Alors qu'elle balance sa main dans les airs pour minimiser les choses, j'attrape son poignet au vol, la forçant à plonger son regard dans le mien.
- Arrête de jouer la comédie, avec moi tu n'es pas obligé!
Sa lèvre tremble avant qu'elle ne me réponde:
- Si je lâche prise, je m'effondre et si je m'effondre, je ne serais pas capable de me relever.
Puis elle plante un baiser sur mon front avant de lancer d'une voix faussement enjouée:
- Je me douche et je prends le côté droit du lit!
Alors qu'elle disparaît dans la salle de bain, je retire mes chaussures, range mon sac et jette un œil dans mon frigo. Avec toutes ces péripéties je n'ai rien mangé de la soirée et mon estomac émet de drôles de plaintes.
Je m'installe sur l'îlot et dévore un sandwich pain de mie jambon cornichon.
Mon regard dévie encore et toujours vers la porte fermée de Milo. Je ne comprends pas sa réaction, mais je dois avouer que la lueur glaciale que j'ai lu dans ses yeux, couplée à ses phalanges écorchées, ont eu raison de mon courage. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il me fait peur, cependant je dois avouer que je ne me sens pas rassurée. Après tout, je ne le connais pas. Nous avons ri sur le fait qu'il était un psychopathe, et en réalité il en est peut-être un. Et si cette Olivia n'était autre que sa première victime?
Sans m'en rendre compte, j'ai arrêté de manger.
Alors que mon délire prend forme dans mon esprit, un cri de femme me surprend et je fait tomber mon repas sur le sol.
Je comprends qu'il s'agit de Natasha et je m'approche de la salle de bain pour tambouriner à la porte.
- Natasha? Tout va bien? m'inquiété-je.
Aucune réponse.
Je colle mon oreille sur le bois pour entendre la conversation qu'elle semble tenir par téléphone.
- Comment ca j'ai gâché ta soirée? Tu n'as pas...non...non...Julie, tu...il m'a frappé Jul; frappé, pas fait tomber! Ok, Ok, si tu préfères le croire lui plutôt que...mais tu vas arrêter de me couper la parole espèce de... de toute façon ta fête elle était pourrie! Je croyais qu'on était amies...Tout ça parce que tu veux te le taper! Oui ben, il a pas intérêt à porter plainte parce que moi aussi je pourrais donner ma version et...comment ca je suis une pute? C'est toi qui dit ca? Je m'en fou qu'il ait le nez pété et je sais pas quoi d'autre, je regrette juste que Milo ne l'ait pas frappé encore plus fort! Oublie moi et ne m'appelle plus jamais ou je jure que...toi-même!
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Sink with you
RomansaMon cœur est broyé, mon âme est meurtrie. J'ai perdu la seule chose qui me donnait le goût de vivre. Continuer chaque jour à respirer est devenu une torture silencieuse. Mais une nuit, la vie décide de me rattraper. Une pluie battante, un dérapag...