Chapitre 59

6 0 0
                                    

Samedi 14 février 1996

10 h 30

Je me levais et m'étirais.

J'avais passé une bonne partie de la nuit avec Drago. Je m'étais même endormie sur son épaule. Il avait tout de même fini par me réveiller pour me conseiller d'aller me coucher. J'avais beau tenté de lutter, la fatigue me rattrapait. J'avais cédé et étais partie me coucher après avoir déposé rapidement mes lèvres sur sa joue.

Jade était déjà réveillée et plongée dans une lettre. Je souris en pensant que Liam avait tout de même réussi à lui écrire pour la fête des amoureux.

Je me levais et fouillais dans ma malle à la recherche d'habits chauds. Nous avions une sortie à Pré-au-Lard et connaissant Jade, elle allait forcément vouloir me traîner chez Honeydukes.

Je souris en posant la main sur le Vif d'or.

Je continuais mes recherches et finis par trouver l'un des nombreux vêtements offerts par Jade. Je filais à la salle de bain avant que Pansy et les autres ne se réveillent.

Une fois le repas du midi avalé, Jade m'avait entraîné dans le dortoir afin d'y récupérer nos bourses et nos écharpes.

Je me remis à fouiller dans ma malle et sortis la petite balle dorée.

Instantanément, elle s'ouvrit, révélant un morceau de parchemin plié.

Intriguée, je le dépliais et reconnus l'écriture. Harmonieuse et légèrement en italique. La même qu'à Noël.

Ne dis pas "plus tard" à l'amour.

Je souris en reconnaissant la référence à Shakespeare.

《 Je peux savoir pourquoi tu souris comme une idiote en fixant un mini bout de parchemin ? Rit Jade.

Je lui tendis.

《 Attends, mais c'est le fameux admirateur mystère ! S'exclama-t-elle.

Je fouillais de nouveau dans ma malle et y retrouvais les parchemins datant d'au moins une année. Nous comparâmes les deux écritures.

Toutes les pièces du puzzle s'assemblaient soudainement.

Je me laissais tomber sur mon lit, sonnée.

《 C'est Malefoy ! S'enthousiasma Jade. Le fameux hibou de la famille riche, c'est Malefoy. 》

Je n'arrivais pas à réfléchir.

Je relus les différents bouts de parchemins.

C'était bien la même écriture.

《 Ça veut dire quoi tout ça ? Demandais-je tout haut.

Je retournais ma malle et en sortis l'écrin des boucles d'oreilles et le collier avec la pierre blanche.

《 Tu vas enfin me croire ? Dit Jade, un sourire malicieux étirant ses lèvres.

— Ce n'est pas possible. 》

Mon cœur battait à cent à l'heure.

Cela remettait absolument tout en question.

《 Tu devrais en parler avec lui. Me conseilla ma meilleure amie.

J'avais fini par m'habituer à notre relation étrange. Nous nous étions embrassés à plusieurs reprises mais comme l'avait dit le blond, nous ne nous prenions pas la tête.

Allait se poser la fameuse question. Que faire ? J'étais noyée dans un flux de pensées.

Ma vue se brouilla, tout autant que mes pensées. Jade grimpa sur mon lit et me prit dans ses bras.

《 Tu l'aimes ? Demanda-t-elle.

— Je ne sais pas. Ce n'est pas du tout pareil qu'avec Alex. Il ne m'impressionne pas autant mais j'ai les mêmes papillons en plus forts. Quand il est à côté de moi, je n'arrive plus à rester concentrée. On passe des heures ensemble et on s'entend super bien mais il y a quand même des désaccords et... 》

Un sanglot me coupa.

《 Je suis perdue. J'ai peur.

— Respire. Prends le temps de réfléchir mais si tu en as envie, fonces. C'est normal de ne pas être d'accord sur tout. Regarde avec Liam, nous n'avons pas du tout les mêmes goûts en matière de Quidditch pourtant ça ne nous empêche pas de nous aimer. 》

Je ris. Ils ne cessaient de se chamailler à propos de leur sport favori.

《 C'est normal que tu aies peur mais retiens bien qu'ils ne sont pas tous pareils. Tu es tombée sur un manipulateur mais ils ne sont pas tous comme ça. Même si tu vas me maintenir le contraire, tu es amoureuse. Je le vois sur ton visage.

— Et de son côté ? Dans une relation on est à deux.

— Tu te moques de moi ? Même si en face, il n'a pas l'air très démonstratif, les petits mots disent le contraire. Certes, il est loin d'être aussi romantique que Roméo mais ça ne veut pas dire qu'il ne ressent rien. Tu me l'as dit toi-même, il a une carapace et il t'a laissé passer à travers. 》

Je ne répondis pas, perdue dans mes pensées.

《 Bon, on ne va pas rester là à parler de lui toute l'après-midi. 》

Elle me poussa hors du lit.

J'essayais de mettre toutes mes craintes dans un coin de ma tête et suivis Jade jusque chez Honeydukes pour refaire son stock de plumes en sucre.

Ayant bien compris que j'avais besoin de me changer les idées, la brune me raconta tout un tas de choses sur les derniers potins qui courraient dans le château.


Nous rentrâmes au château après avoir passé le reste de l'après-midi au pub des Trois Balais. Une bière au beurre pour Jade et un chocolat chaud pour moi entre les mains.

Sur le chemin en direction de la Grande Salle, je croisais Théo. La pile de livres qu'il avait dans les mains m'indiquait qu'il n'avait pas passé l'après-midi au village.

《 En voilà un qui n'a pas fait la fête des amoureux. Rit Jade.

— Je préfère mes livres. Répondit-il amusé.

Je souris.

Il n'était vraiment pas mal, aussi bien physiquement que mentalement mais il n'avait d'yeux que pour ses livres, au plus grand désespoir de toutes celles qui avaient voulu tenter leur chance. Il aimait tellement sa solitude qu'il ne les remarquait même pas.

Daphné semblait avoir un petit faible pour lui mais n'en parlait pas, même à Pansy et Millicent dans le dortoir. Comment l'avais-je deviné ? À sa manière de le regarder. La tête qu'elle avait faite en le voyant dans son costume lors de la dernière soirée de charité organisée par sa mère, m'avait confirmé mes soupçons. Entre temps, ils se parlaient parfois dans un coin de la salle commune, quand Théo ne travaillait pas, bien évidemment.

J'arrivais le long de la table des Serpentard et me laissais tomber à côté de mon meilleur ami.

《 Tu as une petite mine. Ris-je. Ton après-midi était si catastrophique que ça ?

— Tu n'as pas idée. J'avais réservé une table chez Madame Pieddodu pour faire plaisir à Pansy. 》

J'éclatais de rire. Ce salon était niais au possible, tout à l'inverse de Blaise.

《 En entrant, j'ai mal tenu la porte et elle a failli écraser Pansy. Tu aurais dû voir la tête qu'elle a faite, j'ai cru qu'elle allait m'arracher la jugulaire avec les dents. Ensuite, je me suis pris les pieds dans le tapis en marchant vers notre table et pour finir, je me suis cramé la langue avec son thé à je ne sais quelle plante.

— L'horreur, c'est ça ?

— Exactement.

— Je te l'avais dit Blaise, tu n'es pas fait pour le romantisme. Tu sais, Pansy, elle fait la princesse mais tout ce qu'elle veut, c'est passer du temps avec toi. Avec ou sans tapis à cœurs. 》

Il hocha la tête.

Je commençais à manger, stressée par la ronde qui allait suivre quelques heures plus tard.

PrefectsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant