Dernier adieu

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Lexie

Quand j'ai vu Jax tourner, j'ai immédiatement compris où il allait. J'avais moi-même hésité à y aller, mais finalement, je m'étais résigné. Une chance pour moi, sinon nous nous serions retrouvés là-bas tous les deux, non merci.

L'air était un peu plus frais, l'été s'en allait doucement. Même si dans le sud, il y a toujours un air d'été, les nuits sont un peu plus fraîches. Cela ne m'empêche pas de dormir dans mon fauteuil préféré, malgré le mal de dos que je commence à ressentir à force de dormir en position semi-assise. Je devrais peut-être trouver une balancelle où je pourrais m'allonger.

Le ciel était rempli d'étoiles et la lune brillait, elle était pleine. Cela me faisait penser à ma mère. J'avais peu de souvenirs d'elle, surtout de bons. Quand elle regardait la lune, elle me disait toujours : "Tu vois, Lexie, en ce moment, plein de femmes sont en train d'accoucher. Un cycle se termine pour elles, la lune est pleine." Depuis ce jour, quand je la regarde, je pense à toutes ces femmes sur le point de donner la vie. Parfois, je me demande ce que ça peut faire d'avoir un être humain en soi, une personne à qui on tient plus que quiconque. Puis je me rappelle que je n'aurai jamais cette chance. C'est ma punition après avoir ôté la vie de celui que je portais. Après m'être cogné le ventre à maintes reprises contre ce meuble, ma prof, qui me donnait cours à ce moment-là, m'avait emmenée à l'hôpital, me voyant saigner aussi fort et devenir blême. Ils ont procédé à une intervention pour retirer le fœtus et ont dû me retirer l'utérus tellement il était abîmé. Quand ils me l'ont annoncé, je n'ai pas réagi. À ce moment-là, je ne pensais pas au futur. Je me disais que jamais cette ordure ne pourrait me remettre enceinte. Aujourd'hui, je dois admettre que j'ai parfois le cafard quand j'y pense, mais je sais aussi que c'est ma punition, mon fardeau pour avoir commis un tel acte.

Je n'arrivais pas à dormir. Le temps passait et je pensais à Thibault. Imaginer qu'on allait l'enterrer demain me faisait mal. Je ne l'avais pas connu autant que les autres garçons, mais les Lone Wolfs sont une famille, et lire le chagrin sur chacun de leurs visages me touchait. Je savais ce que ça faisait de perdre un être aussi cher à son cœur et je ne pouvais qu'imaginer leur peine.

Je n'avais jamais eu l'occasion de me recueillir sur la tombe de ma meilleure amie, ni même d'assister à la veillée. Pourtant, je n'avais jamais passé un seul jour sans penser à elle et je suis certaine qu'aucun d'eux ne fera un seul jour sans penser à lui. Les heures passaient et Jax ne rentrait pas. C'était étrange qu'il reste aussi tard à la colline, mais peut-être avait-il besoin de temps.

Une sonnerie me tira de mon sommeil, que j'avais eu tant de mal à trouver. Quand j'émergeai enfin, je me rendis compte qu'il s'agissait de mon téléphone. Il était 6 heures du matin et le nom de Jax s'afficha à l'écran. Une panique s'empara de moi, il devait lui être arrivé quelque chose. Je me tournai vers le pool house et il n'était toujours pas rentré. Je décrochai et malgré mon angoisse, je décidai de rester aussi froide que possible.

— Allô, fis-je le plus froidement possible.

— Lexie, il faut que tu viennes me chercher. Sérieusement, il m'appelle pour venir le chercher à deux heures de l'enterrement de son meilleur ami. Mais bordel, qu'est-ce qu'il a foutu ?

— Putain, t'es sérieux ? L'enterrement de Thibault est dans deux heures !

— C'est pour ça qu'il faut que tu viennes le plus vite possible.

— Tu me fais chier.

Je ne pouvais pas le laisser là, malgré la rancœur, et ne pas aller le chercher. Il devait être présent pour lui, pour les autres gars, pour Fred, mais surtout pour Thibault.

— Je t'envoie l'adresse.

La route était à quarante minutes d'ici.

Plus j'avançais, plus je me demandais où cet abruti avait bien pu m'emmener. J'arrivais dans des quartiers mal fréquentés, et je dois avouer que je n'étais pas à l'aise d'avoir apporté ma moto dans cet endroit. Même si, je dois bien l'admettre, j'avais fait exprès de venir en moto car je voulais qu'il soit obligé de venir derrière moi, histoire de le faire un peu chier. Je savais que ça le saoulerait que je conduise et qu'il doive venir derrière. Mon très cher ami, étant donné que tu m'as réveillée et en plus emmenée dans ce quartier de merde, j'aurais le plaisir de voir sa réaction quand il me verras arriver en moto.

Lone Wolf Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant