Les larmes de la veillée

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Lexie

Je savais que le retrouver n'allait pas être facile. Apprendre sur le bateau que le club avait été la proie d'enculés et qu'ils avaient tout démoli était un sacré coup au moral, surtout pour les gars et pour Fred.

Le voyage avait été long et épuisant, et nous étions tous sur les nerfs quand nous sommes arrivés à la maison. En voyant cet enfoiré, j'avais encore plus de haine que les deux jours précédents où j'avais eu le temps de ruminer ma colère. J'avais de nouveau laissé la tristesse derrière moi et l'avais remplacée par la colère, comme je l'avais fait autrefois avec Margot.

Quand je fus réveillée par ses cris, j'avais presque eu pitié. Mais à peine s'était-il réveillé que, de nouveau, la haine avait repris sa place. Ses excuses dans la cuisine, ça avait été la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Sérieusement, il croyait quoi lui ? Que j'avais besoin de sa pitié ? Que j'étais une pauvre conne tombée amoureuse de lui alors que lui ne voulait pas de moi ? Je l'emmerde, lui, sa pitié et tout ce qui va avec.

Nous roulions vers le club et aucun des gars ne parlait. Quand nous arrivâmes devant la grille et que nous vîmes la pancarte "Fermé pour cause de rénovation", Will ne put s'empêcher de commenter :

— Alors chef, on va rénover, hein ?

— Ferme-la, Will.

Fred ouvrit le portail et nous avons tous pris une claque en voyant l'état du club. Les baies vitrées, qui autrefois illuminaient tout le club, étaient toutes brisées. Plus rien ne tenait debout. Du billard aux tables, aux chaises et au bar, il ne restait rien. Quand nous entrâmes dans le salon rouge, les mêmes images nous frappèrent, et même si la salle de réunion avait l'air d'avoir été plus épargnée que le reste, chaque photo de membre était à terre, les cadres brisés en mille morceaux.

Je vis Collin se diriger vers les photos et ramasser celle de Thibault. Il secoua le verre et en sortit juste la photo qui était intacte. Il ne souriait pas sur la photo, mais cela se voyait qu'il était fier d'être dans ce club. On le voyait à son visage et aujourd'hui il n'était plus parmi nous.

Fred prit sa chaise et s'assit. Les chaises de la salle de réunion avaient toutes été épargnées ; ils s'étaient juste défoulés sur les murs et les photos. Après cela, ils avaient trouvé mieux à faire et étaient partis.

Après un long moment de silence, Fred prit la parole :

— Sachez les gars, que notre club a peut-être été vandalisé, mais le cœur de ce club, c'est nous, ce sont les liens que nous avons, et ça, c'est plus fort que n'importe quel acte de ce genre. On va se relever de la mort de Thibault, il sera à jamais dans nos pensées, mais on va se relever. On va se venger pour tout ce merdier et quand ce sera fait, on s'en sortira plus forts.

Tous tapèrent leur poing sur la table et crièrent à l'unisson "Lone Wolf".

— Il est temps de partir et d'aller veiller notre frère. Quant au reste, ça attendra.

Le visage de tous se crispa et la réalité nous frappa. Il était temps d'aller voir Thibault et de lui dire adieu.

Je m'avançai près de Fred et lui tendis l'enveloppe. Il l'ouvrit et me regarda perplexe, ne comprenant pas où je voulais en venir en lui donnant une telle somme.

— J'aimerais participer aux réparations du club, moi aussi.

— Il en est hors de question, Lexie. C'est ton fric, je n'en veux pas.

— Tu préfères réparer le local avec l'argent de ceux qui ont pris la vie de Thibault, mais par fierté tu ne veux pas accepter que moi je participe ?

Lone Wolf Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant