Lone Wolf Tome 1

le pouvoir de l'amitié

Jax, 15 ans

Cela fait trois ans que je squatte dans les rues de la banlieue. Je vends de la merde pour bouffer et souvent, je me défonce la gueule histoire d'oublier les images de Vicky qui me hantent sans cesse. Je passe la plupart de mes nuits à ses côtés, à regarder le ciel et à me dire que quelque part, parmi les étoiles, elle brille et veille sur moi, même si moi, je n'ai pas pu veiller sur elle. Je ne vais plus à la salle de boxe, je ne mérite pas d'y retourner. Cela a coûté la vie à ma petite sœur.

Un soir, alors que je me rendais dans le quartier sud pour revendre ma came, je vis un ring de boxe improvisé. Deux mecs se battaient et une foule excitée hurlait autour, de l'argent passant de main en main. Je m'approchai du ring où un gars de mon âge, avec une gueule d'ange, défiait un adversaire plus âgé. Ce gamin aux cheveux bouclés et déjà bien imposant pour son âge défonçait littéralement son adversaire, le laissant inerte au tapis. Le pseudo arbitre tentait de le retirer du corps sans vie sans grande conviction. J'entendis quelqu'un dans la foule dire qu'ils allaient avoir du mal à lui trouver des adversaires s'il continuait à envoyer tout le monde en soins 2intensifs.

Quand il descendit du ring, je vis un homme lui donner une liasse de billets. C'étaient des combats clandestins. Un autre homme s'avança vers lui, cette fois plus âgé de cinq ans au moins. Mais le gamin ne recula pas, monta à nouveau sur le ring et le provoqua. Le public était en délire, et je profitai de l'occasion pour vendre ma marchandise, qui partait comme des petits pains.

Le temps que je me rapproche du ring, le mec plus âgé était déjà au tapis. Gueule d'Ange provoquait la foule, demandant qui oserait encore se battre contre lui ce soir. Les paris étaient lancés, la mise était de cinq mille euros. Je n'avais fait que deux cent cinquante euros ce soir, en comptant que je devais donner la moitié à celui qui me refilait la came.

Je m'avançai vers le ring et montai. Il se retourna et me regarda en souriant. Je venais de le voir exploser deux mecs clairement plus âgés que nous, et pourtant je me trouvais face à lui. L'arbitre se plaça au milieu, et je vis les gens échanger leurs billets. Les personnes de mon côté n'avaient pas l'air convaincues.

— Premier au tapis, bon combat !

C'était le signal de départ. Gueule d'Ange, en face de moi, sauta sur place avant de s'avancer vers moi à une vitesse impressionnante. Avant même que je puisse lever les bras, il me donna un premier coup de poing que je ne vis pas venir. La douleur explosa dans ma mâchoire, me faisant vaciller. Pour la première fois depuis la mort de Vick, j'avais l'impression d'être vivant.

Je me ressaisis rapidement et tentai de répondre avec un crochet du droit, mais il esquiva avec une agilité déconcertante et me frappa à l'estomac. L'impact me coupa le souffle, mais je refusai de tomber. Je serrai les dents et me lançai à nouveau, enchaînant une série de coups, espérant toucher ne serait-ce qu'une fois.

Le public était en délire, acclamant chaque coup porté. Je pouvais sentir le sang couler de ma lèvre, mais la douleur me donnait un sens renouvelé de détermination. J'atteignis enfin sa joue avec un uppercut qui le fit reculer. Une satisfaction brûlante me traversa alors que je vis son sourire vaciller.

Mais il reprit rapidement le contrôle. Il bloqua mon prochain coup et riposta avec une série de frappes précises et puissantes. Chaque coup était calculé, méthodique. Je sentais mes forces diminuer à chaque impact, mais je refusais de céder. La foule était partagée entre encouragements et exclamations de surprise.

Dans un dernier effort désespéré, je tentai de lui asséner un coup direct au visage, mais il attrapa mon poing et me fit perdre l'équilibre. Il en profita pour me frapper au menton, m'envoyant au tapis. Ma vision se brouilla, des étoiles dansant devant mes yeux. Il me donna un coup de tête et je sentis mon nez se briser. Je fus propulsé en arrière. Cette fois, je ne me relevai pas assez vite et il fut déclaré gagnant.