échappée a contre courant

28 5 0
                                    

Lexie,

J'aurais dû lui asséner un coup de poing pour lui montrer où il pouvait se mettre, sa pitié. Agrippant les clés de ma moto et mes affaires, je sentais que c'était le moment de m'échapper de cet endroit, de ces gens qui prétendaient payer pour leurs fautes. Il fallait que je retourne là où tout avait commencé, là où je ne pouvais plus échapper à mes démons intérieurs.

Enfourchant ma moto, je démarrai en trombe. La vitesse, cette adrénaline devenue ma drogue, semblait être mon unique échappatoire. Pourtant, même à cette allure, je n'arrivais pas à effacer les images de Margot, et de ce monstre de mon esprit. Aucune larme ne marquait mon visage ; depuis longtemps, la haine avait submergé tout autre sentiment, me murant dans une colère froide et constante. Dépassant largement la vitesse autorisée, j'aperçus dans mon rétroviseur les phares de motos qui me suivaient. C'était Jax en tête de peloton.

"Encore lui...", pensais-je irritée. J'accélérai, déterminée à tester leur endurance. Les collines d'Èze défilaient alors que j'atteignais 220 km/h, montant jusqu'au sommet pour m'arrêter finalement en haut d'une falaise où la vue était à couper le souffle. Peu de temps après, j'entendis les grondements familiers des motos des autres membres qui me rejoignaient. Je n'avais pas réussi à les semer.

Brian s'installa silencieusement à côté de moi, partageant le panorama sans un mot. Les autres restaient à proximité de leurs motos, respectant mon besoin de silence. Ce calme n'était pas pesant ; au contraire, il me donnait l'espace pour respirer, loin de toute pitié ou compassion que je refusais catégoriquement.

C'est finalement Brian qui rompit le silence, sa voix empreinte de sincérité :

Je ne sais pas exactement ce qui t'est arrivé, Lexie, et ça reste ton histoire. Nous avons tous nos fantômes. Je suis vraiment désolé que le tien nous ait explosé en plein visage. Et crois-moi, ce n'est pas de la pitié, loin de là. Tu as prouvé à maintes reprises que tu es plus forte que bien des gens, et même si tu pilotes comme une folle, tu maîtrises cette moto mieux que bien des membres ici, et je ne parle pas de Will spécifiquement.

Un sourire se dessina sur mes lèvres à cette pique lancée à Will, que j'entendais déjà maugréer de loin. Brian poursuivit, son ton toujours égal :

Si tu as besoin de parler, on est là pour ça. Et si tu as besoin de silence, on respectera ça aussi. Ça ne fait peut-être pas longtemps que tu es avec nous, mais tu es devenue une part de ce club. Fred nous aurait à la gorge si on ne te faisait pas sentir chez toi.

Alors c'est ça, hein ? Je suis juste une mission pour Fred, à vos yeux ? rétorquai-je, la voix teintée de froideur malgré l'assurance bienveillante de Brian.

Ce n'est pas ce que je veux dire, Lexie, répondit-il avec une douceur inattendue. Accepter une femme à la table des réunions et dans le salon rouge n'a pas été facile pour tout le monde, mais toi, tu as su gagner ta place. Tu fais partie des nôtres, même si tu refuses encore de l'accepter. On sera là au moment voulu

Je me tournai vers lui, le visage empreint de perplexité. "On sera là au moment voulu", avait-il dit. Ces mots résonnaient en moi, semant la confusion. Brian se leva alors et rejoignit les autres qui remontaient sur leurs motos, me laissant seule avec mes pensées et le silence apaisant de la falaise.

Qu'entendait-il par "au moment voulu" ? Cette question tournait dans mon esprit, encore et encore.

Quand je suis rentrée à la maison ce soir-là, je ne tenais presque plus debout. Couvert de sang et imprégnée d'une odeur d'urine, je ressemblais à une survivante d'une terrible épreuve. À peine avais-je franchi le seuil que Margot, qui se trouvait à la cuisine, s'est retournée vers moi. Son visage a exprimé une horreur absolue en me voyant dans cet état.

Lone Wolf Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant