Coincé

Chapitre 1

   

                          DÉPART

Marseille l'avait rendu plus belle. Plus enjouée. Ça faisait chier Cathy de se séparer de sa copine mais elle n'allait pas la retenir plus que ça. Chaque fois que Édene avait un entretien d'embauche ailleurs qu'à Marseille Cathy faisait sa tête d'enfant pour la retenir. Ça détenait parfaitement sur la jeune femme de vingt-sept ans et elle restait un peu plus.

    Cette fois ci, Édene était déterminée. Même si sa copine plissait sa bouche doublement, pleurait à chaude larmes et sortait encore l'histoire de son feu mari mort en Indonésie, elle s'en ira tout de même. Elle était fatiguée de vivre aux frais de sa copine et cette fois-ci elle ira travailler avec passion et Cathy devrait s'acheter des chats pour lui tenir compagnie si ça lui chante mais Édene s'est décidé elle rentre à Paris.

– Tu es sûr de vouloir partir dans cette ville qui t'a détruite ?

– Ce n'est pas Paris qui m'a brisé le coeur et elle ne m'a pas détruite voyons... J'ai grandi là bas, répliqua Édene en pliant ses pijamas Mickey mouse.

– Je ne veux pas voir ton sourire disparaître à nouveau, répondit Cathy.

– Si il repart je prends le premier train pour Marseille et je cale ici quitte à être ta concubine pour toujours.

– Je prierai pour qu'il reparte alors parceque à vrai dire tu me fais craquer, lui dit Cathy mordant son index dans sa bouche.

Édene fit une grimace pittoresque.

– T'es hyper barj toi, lui fit remarquer Édene avant de pouffer de rire.

– Dis...

– Umm ?

– Tu as déjà trouvé un logement ? Parceque si c'est pour être SDF tu peux toujours rester ein, dit Cathy avec insistance.

Elle ne lâche pas la mise elle.

– Oui oui... En réalité j'ai un rendez-vous pour signer tous les papiers et tout et vu que j'ai opté pour une colocation...

– Eurghhh, fit-elle semblant de vomir. Tu ne vas tout de même pas opter pour une colocation. Et si c'est un tueur ? Un clodo ? Un trafiquant ? Et son hygiène ? Non ce n'est pas possible !

Édene la regardait tellement d'un air je-m'en-foutiste. Elle avait sûrement déjà dû assister à ce genre de scène d'extrapolation
de sa copine une centaine de fois.

– Si si ça l'est. Je vais faire une colocation et le bailleur s'occupe de tout ça : identité, profession et autres, elle souffla, pour l'hygiène on fixera des règles. Et comme je disais je dois préparer quelques papiers à Paris mais je ne suis pas sûre de ma disponibilité du coup je zapperais la rencontre avec mon coloc, poursuivit-elle.

– Incroyable, ajouta Cathy en tapant sa paume main contre son front.

Édene souleva ses yeux en haut démontrant un sentiment exaspéré.

–Donc que ce soit une blonde, un junky, une bimbo, un vieillard ça t'importe peu c'est ça ?

– Oui ? Tant qu'on cohabite bien tant mieux. Et puis ma Cathy d'amour je n'ai pas dix-huit ans, je n'entre pas en FAC. Tout se fera au fil. Je le verrai le jour de mon aménagement, insurgea Édene essayant de rassurer sa copine.

– Tu feras avec. Même si c'est un tueur en série. Accordes toi un jour de plus à Paris pour voir ton coloc.

Édene souleva ses épaules en même temps en je-ne-sais-rien.

– Je verrai... mais le bailleur m'a transmis son programme et c'est plein à souhait. Et moi le weekend y'a le mariage de Nani ici je veux pas le rater.

– Et après  ?

– Et après ça sera trop tard Cathy ! Voyons tu me fous les boules à insister là mon bébé. Je sais tu t'inquiètes mais je suis pas la première personne à le faire. Et d'autres ne se déplacent même pas pour vérifier l'appart, ajouta la jeune femme.

– Eux ils sont cons. Je t'aime tellement je veux pas que quelque-chose t'arrive ou que tu sois blessé, dit son ami avant de lui faire un merveilleux câlin.

– Tu sais ?

– Quoi encore bébé ? Soupira Édene.

– Je suis hyper fière pour ton travail...

Édene le senti venir et nous aussi. La pipelette de meilleure amie va encore la gracier d'un discours motivateur.

– Sois authentique. Bats moi tous ses records. Sois la meilleure employé bébé et surtout si quelqu'un t'embête tu me dis Marseille-Paris en un p'tit 4h je suis là !

– Oui maman !

–Bon je descends terminer mon tiramisu je t'en apporterai et pis, mieux je descends te voir plier ces habits vont finir par me faire faire un arrêt cardiaque précoce.

– Bichou ?

– Hff, soupira t-elle à nouveau.

– Tu pourrais au moins discuter avec ton coloc sur WhatsApp ou en face Time ein ? Demandit Cathy en descendant les escaliers.

– Je verrai mais tu sais, le déplacement et tout, tout est short donc mieux vaut y aller en surprise...

– J'ai compris, cria son amie.

– T'as compris ? Quoi ? T'as compris quoi ?

– Tu veux une expérience exclusive ? Tu veux être surprise c'est ça ? Tu aimes le suspense ? Elle attendit à peine vingt secondes sa réponse avant d'ajouter :

– Laisse moi te dire que tu seras déçu mon bébé.

– J'espère que ton tiramisu est devenu une bouillie pour tes chats à venir.

– J'ai senti ton annulaire me faire honneur de loin, ajouta Édene.

– Vas te faire foutre !

     À vrai dire, Édene appréhendait son retour à Paris. Quand elle avait quitté Paris elle avait craché sur le sol comme une vieille sorcière et l'avait maudit. Elle détestait tout ce qui était lié à cette ville comme quoi Paris l'avait trompé ? Ça fait deux ans déjà qu'elle n'y est plus et elle respire enfin l'air.
Respirait-elle du carburant ? Selon elle oui !

     Elle l'avait maudit insulté, accusé ! Là voilà honteuse qui y sera à nouveau. « En femme accomplie ». Cette phrase pourrie repose sur le fait que durant ces 2 ans elle s'est inscrite à une classe de yoga à 35 Euros la séance – du vrai charlatanisme – fit des cours de salsa cubaine, des cours de pâtisserie et deux bonnes années à éviter ses anciens amis. Vous voyez que son accomplissement ne se résume à rien. Rien rien.

Bon finalement Édene elle rentre à Paris avec cet "accomplissement" et son nouveau travail et compte être le prototype parfait de la femme d'affaire accomplie et réussie et surtout, plus que tout misandre.