À CŒUR OUVERT
Il était vendredi soir. Deux jours sont passés après que Tobias ait commis l'erreur de sa vie. Deux jours d'angoisse pour Édene, deux jours où la jeune femme marchait à la pointe des pieds pour atteindre la cuisine, deux jours de tourments. La décision collectivement prise par le groupe d'entraide était claire : N'OSE PLUS T'APPROCHER DE TOBIAS point à la ligne.
Et en effet, elle comptait exécuter ça à la lettre. Par rapport au ressenti qu'elle eut après avoir embrassé Tobias, mieux vaut qu'elle s'étouffe de solitude dans sa chambre.
Mais c'était un peu trop facile de se le dire ou d'entendre ses copines le dire. Nanette et Cathy n'avaient pas leurs mots à dire. Nanette avait Gilles ; rien de mieux que de revenir d'une lune de miel et être confiné avec son époux, Cathy était avec son ex belle-mère avait qui, elle avait une relation très fusionnelle. Elles étaient mieux épanouies que Édene – sur ce coup là – et par contre, Édene, elle, elle était avec celui qu'elle redoutait le plus monde et de sur quoi ils ne devaient pas se parler. On en demandait trop à Édene.
Et si on parlait des sentiments d'Édene. Non ! Ils n'étaient pas tout de même remis en question. Elle le détestait et le baiser n'avait rien changé et puis c'était tout. Sauf que, toute la nuit elle avait pleuré et ressassé ces moments où elle était au plus bas à cause de Tobias. Il l'avait afixié sur un lit épineux pendant pratiquement six mois et maintenant qu'elle était sortie, elle devait faire fasse à cette nouvelle situation.
Quelle pourriture pouvait être la vie. Un mot à trois lettres qui terrorise le beau monde.
Elle était persuadée de ne plus l'aimer. Mais là je vous parle de ce qu'Édene croit, de ce qu'elle pense ressentir, et de ce qu'elle se convainc de croire, et non ce qui est en réalité. Même si elle essayait tant bien que mal d'enfouir ses sentiments dans son tréfond, l'amère réalité était que deux ans n'étaient pas assez suffisant pour l'oublier.
Du mercredi soir jusqu'au samedi matin, elle réfléchit comment pouvait-elle soutenir d'avantage la vie baroudeuse qu'elle menait plus longtemps. Elle en perdait la tête. À fin de compte « N'OSE PLUS T'APPROCHER DE TOBIAS » était plus dure qu'elle ne le pensait. Elle attendait, l'ouïe aiguisée, qu'elle puisse décocher le moindre grincement de porte pour définir si il sortait ou pas, et quand elle était claquée pour savoir si elle pouvait extirper des tiroirs ses friandises.
Elle marchait à la pointe des pieds et ne faisait quasiment jamais de bruit. Elle se plaçait souvent sur le balcon de sa chambre pour essayer de respirer mais à quoi servirait-elle si les rues arpentées habituellement par un grand nombre de français étaient vides. Donc retour à la case départ.
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Aujourd'hui remontée plus que jamais, sans l'accord ou l'approbation de ses copines elle allait vivre comme quelqu'un qui paie entièrement son loyer. Elle n'avait pas à attendre trois heures du matin pour cuire du riz, ou retenir ses envies à cause de son ex. La boulette venait de Tobias et non d'elle. Si il s'en foutait et ne pensait pas qu'il lui devait des explications ben elle aussi elle devrait peut-etre s'en foutre en retour.
Quand il entendit la porte d'Édene grincer il sortit à son tour. Elle était assise sur le paillasson un pied sur l'autre mordant une pomme. Tobias s'esclaffa silencieusement pour ne pas se faire entendre par sa colocataire. Sa position était ridicule. Ça avait tout l'air d'une position sur-jouée et ça l'était. La pointe de ses pieds n'étaient pas lâchés, son cou était compassé et elle ne mâchait pas réellement sa pomme – elle haïssait contre les pommes vertes. Si elle l'avait mieux traitée son script elle aurait pris une pomme rouge sans aucun doute.
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Coincé
RandomImaginez votre pire ex - oui celui avec le jogging bâclé, oui celui que vous aimiez le plus, dans un appartement avec vous. Ne vous imaginez pas de scène obscène, vous deux dans un appartement en colocation. Coincé et astreins de rester en colocatio...