IN THE OTHER UNIVERSE : We will meet again

Le Voile

Télio

    Célia entre dans notre chambre à cinq heure et trois secondes, elle ne dit rien mais se contente de fouiller du regard la chambre. Je jette un regard à Ivy, qu'elle me rend avec inquiétude. Je n'ai que quinze ans et le mot « anxiété » sur le dos, je crains qu'elle finisse par voir le cadavre, que je n'arrive pas à penser sans avoir un haut le cœur, qui est enfuit dans le conduit d'aération. Après deux bonnes minutes de silence, la docteur s'autorise enfin à ouvrir la voix.
- Où est-il ?! Crie-t-elle en se tournant vers nous deux.

    Un silence de mort s'ensuit. Ok. On est fichu. Elle va trouver le cadavre, savoir que c'est nous et nous lâcher dans l'espace ! Je commence à ventiler quand Ivy prend le relais. Ok. Je ne suis rien sans elle. J'ai faillit tout avouer.

- Excusez-moi, de qui parlez vous ? Questionne-t-elle d'une voix frêle.
- Ne vous fichez pas de moi ! Il y avait un garde devant votre porte !

    Ivy mime un air choquer et s'offusque :
- Mais pardon ! Nous ne sommes que des enfants ! Vous pensez sincèrement qu'on vaut quoique ce soit ? C'est gentil de votre part hun... Son enfantise prend le dessus et elle se frotte nerveusement la main dans les cheveux, à l'opposer de sa blessure.
    Célia respire un bout coup et s'excuse simplement.
- Vous ne savez rien ? Questionne-t-elle d'une voix tranchante.
Nous répondons négativement en symbiose.
- Je vois que vous êtes tout deux vêtu de cette armure, bien.
    Je vois le regard de Célia dévier vers la blessure de mon amie, je ne sais pas ce qu'elle regarde mais j'espère sincèrement qu'elle n'a pas remarqué son trou dans le crâne.
- Éternelle, vous allez bien ? Vous m'avez l'air bien pale...
    Ivy se racle la gorge et dis très calmement :
- Oh, j'ai juste mal digéré la plat d'hier. Je suis allergique aux haricots mais je ne savais pas que les haricots mauves ressemblaient au blanc...

    Après un long silence, la docteur nous donne à chacun un sac qui correspond à ce qu'elle nous avait dit hier. Elle nous fait signe de la suivre, ce qu'on fait de si tôt, Ivy et moi avec notre sac sur le dos.

***

Les couloirs sont sans fin, nous pensions avoir tout vu mais nous nous trompons. Nos pas résonnent sur le carrelage humide pendant que nous marchons par de grande enjambées vers je ne sais où. Les portes se font rares ici, comme les humains. Là maintenant, je rêve d'être libre, de continuer à aller dans des bâtiments d'enseignement mais d'avoir une vraie famille avec une liberté. Je rêve souvent ça. Je suis avec des parents et je mange quelque chose au repas du matin, j'ignore ce que c'est mais tout ça m'a l'air délicieux, ensuite, je rejoins mes compagnons dans ce bâtiment, je pense qu'on peut dire ça d'amis. Les bourdonnements progressifs me réveille. Ma tête se lève comme un automatisme, à croire que je vais me faire tuer si je relâche ma garde. Célia se stop, j'en profite pour l'observer, je peux alors constater qu'elle n'a plus l'aire toute jeune, avec quelques rides un peu partout et des cheveux grisés et secs, elle donne tout l'air d'une mamie... mais je sais qu'elle est bien plus jeune quand meme !

Cette dernière prend une grande respiration et plante ses iris d'abord dans ceux d'Ivy, puis dans les miens. Nous nous sommes arrêtés près d'une porte, d'où provient ce bruit qui me saigne les tympans.

- Vous traverserez Le Voile...
- Qu'est-ce que « Le Voile », coupe Ivy.

Celia fronce les sourcils avant de se racler la gorge.
- J'ignorais que vous n'appreniez pas ça à Absolara.

Je tilte, j'ai déjà entendu ce nom là quelque part, j'en suis sur de le connaître, et pourtant... On nous en a jamais parlé. Ivy, elle, ne réagit pas avant de mimer une fausse expression étonnée.
- Oh ! Absolara est le lieu de notre apprentissage ?
Une rictus apparaît au coin des lèvres de la docteur.
- Non. C'est votre planète.
Et là, les images reviennent. Moi dans une salle, nu, une femme avec une blouse, Absolara,... Je tremble presque, pourquoi tout me semble confu !