Lundi 4 Mars 2002.
Le capitaine Alberto Mattezi mesurait près d'un mètre quatre-vingt-quinze pour un peu plus de cent-dix kilos. Une véritable force de la nature qu'il était préférable de ne pas sous-estimer et, sans mauvais esprit, de ne pas prendre à la légère. A chaque fois qu'il se rappelait ces mensurations pour le moins extraordinaires, le lieutenant Mike Moore se félicitait d'avoir toujours tout entrepris pour en faire un allié plutôt qu'un ennemi. Il savait pouvoir compter sur lui à chaque instant et savait qu'il ne le décevrait jamais.
A l'instar du légendaire commissaire-divisionnaire Luciano Galbani, le capitaine Mattezi possédait un statut hors-du-commun au sein de la Brigade Criminelle de Rome et de la police nationale en général. Il devait cette réputation à son travail acharné, à ses états-de-service remarquables tout au long de ses nombreuses années sur le terrain et à la position particulière qu'il était parvenu à obtenir auprès de n'importe quel représentant de justice. Un homme qui s'avérait être, sur bien des aspects, l'antithèse totale de celui qui, au cours des deux dernières décennies, avait servi de boussole à une institution en mal de repères.
Leurs parcours comme leurs choix de vie ou leurs personnalités ne pouvaient pas être plus éloignés l'un de l'autre.
Là où le commissaire-divisionnaire avait choisi de s'octroyer une place de choix à travers les rouages de la hiérarchie pour changer les choses et tenter de la façonner, à terme, à sa manière, Mattezi avait préféré garder un lien important avec le terrain et se cantonner à l'investigation dans son sens le plus strict, considérant la résolutions d'enquêtes criminelles et l'arrestation de leurs responsables plus importante, plus valorisante et plus efficace en résultats que de partager la table d'un élu ou intégrer le réseau d'un dirigeant au pouvoir.
Même s'il n'était pas la personne la plus loquace du monde et que son côté rigide et sec, parfois déroutant, tranchait singulièrement avec le comportement expansif et le langage fleuri d'un Galbani, Mattezi n'en demeurait pas un moins un personnage apprécié et respecté. Un flic complet, capable de compréhension, d'adaptation, de persuasion et d'efforts sans limites pour améliorer tout ce qui pouvait l'être.
Sa chevelure claire et le bleu profond de ses yeux induisait régulièrement en erreur et rendait germain, voir slave, cet homme pour qui ses origines vénitiennes avaient une importance déterminante. Une particularité physique qui lui avait donné un surnom bien connu de tous.
Le "géant blond".
Mike Moore releva la présence de Mattezi peu de temps après son arrivée sur la place qui entourait le Colisée et marcha immédiatement à sa rencontre.
L'intéressé le vit sortir de la masse de policiers en activité autour d'eux et l'invita à les rejoindre.
Il lui tendit la main en guise d'accueil. Une poignée puissante à écraser les phalanges.
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LA REVANCHE DE L'EMPEREUR
Mystery / ThrillerRome, Mars 2002. Sept meurtres et toujours pas le moindre indice sur l'identité du responsable. Lassé d'avoir systématiquement un temps de retard sur cet assassin cruel et rusé, le commissaire-divisionnaire Luciano Galbani, grand patron de la Brigad...