Mardi 5 Mars 2002.
La relation sentimentale entre Luca Abborrini et Alicia Abre avait vu le jour de la manière la plus conventionnelle qui soit.
Retour en arrière. Juin 2000. Commerçant soigneux et artiste-peintre à ses heures perdues, Abborrini tenait une petite galerie dans un coin très fréquenté du centre-ville romain et arrivait, par cette double casquette équilibrée, à gagner plus ou moins convenablement sa vie. En promenade un jour dans le quartier et intriguée par les toiles exposées à destination des visiteurs de passage, Alicia lui avait révélé s'être arrêtée devant la vitrine de la boutique et avoir trouvé l'artiste doué. Après avoir remarqué l'intérêt porté à son travail par cette belle inconnue, Abborrini s'était empressé de sortir à sa rencontre, lui avait proposé de visiter son atelier et, le soir suivant, invité à diner. Au lendemain d'une soirée réussie, ils se mirent en couple et, quatorze mois plus tard, décidèrent de se fiancer. Abborrini lui offrit une bague et l'accompagna d'une promesse. Celle qu'ils seraient un jour mari et femme. Au grand dam de Mike Moore, soucieux de voir cette relation devenir plus sérieuse et son avenir sentimental compromis, la jeune femme avait accepté la demande en fiançailles et l'idée d'un avenir à ses côtés. L'annonce officielle avec la présentation de la bague avait été, pour l'éconduit, l'une des journées les plus désagréables de sa vie.
Tout avait toujours été fait pour éviter cela.
Dès les débuts de leur « relation » et avant même que l'affaire n'en vienne à occuper une place aussi importante dans sa vie, Mike l'avait souvent entendu faire part de ses aventures amoureuses compliquées et de leurs conclusions désastreuses. Romantique, et probablement un peu naïve, Alicia avait longtemps cru à l'existence du prince charmant – rôle qu'il avait pensé pouvoir assumer le jour venu, et nourri l'espoir qu'à l'instar de sa sœur ainée, meilleure dans le domaine, elle-aussi rencontrerait le bon, fonderait une famille à ses côtés et trouverait cette stabilité qu'elle appelait de ses vœux et qui lui avait longtemps fait défaut. Il lui avait fallu quelques années et plusieurs de ces aventures pour comprendre que la lieutenante Alicia Abre n'était pas aussi rigoureuse dans sa vie personnelle qu'elle ne pouvait l'être au travail et que l'équilibre auquel elle aspirait n'entrait pas toujours en accord avec les compagnons de passage qu'il lui arrivait de fréquenter. De son propre aveu, il n'était pas question de comportements extrêmes ou de maltraitances particulières mais juste d'histoires pénibles avec des personnes pénibles qui n'en valaient pas la peine, persuadées d'avoir mis la main sur une bonne poire capable de les entretenir et de laisser passer tous leurs caprices car effrayée à l'idée de retomber dans ses travers de solitude. Par choix, ou refus de choisir, les histoires s'étaient multipliées et toujours terminées de la même manière.
Les actes de l'un d'entre eux, Mario (ou Mauro) – il ne se rappelait plus précisément de son foutu prénom typiquement italien, il y a une paire d'années, l'avait fait sortir de sa réserve et intervenir. Mario (ou Mauro) et elle s'étaient rencontrés dans un club un soir plus déprimant que les autres, avaient bu plus que de raison et s'étaient dits capables de combler mutuellement leurs désirs et leurs manques sans risquer de s'attacher. Une relation sans lendemain basée sur le sexe et qui avait très rapidement montré l'étendue de ses limites. L'homme n'avait pas voulu lâcher. L'homme s'était attaché. L'homme s'était mis à voir plus loin et à croire qu'elle disait « non » tout en pensant « oui ». Lorsqu'Alicia lui avait confirmé ne pas vouloir continuer cette histoire et conseillé à l'homme de couper les ponts avec elle sous peine d'avoir de plus grands soucis, Mario (ou Mauro), n'écoutant que son courage ou sa stupidité, ne l'avait pas entendu de cette oreille et avait commencé à se montrer insistant. Plus qu'insistant. A la limite du harcèlement. A force d'autorité, et d'un coup de main secret de son partenaire, qui s'était permis d'avoir un entretien en tête à tête avec ce dernier, elle s'en était finalement détachée et avait juré de ne plus jamais renouveler l'expérience.
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LA REVANCHE DE L'EMPEREUR
Mystery / ThrillerRome, Mars 2002. Sept meurtres et toujours pas le moindre indice sur l'identité du responsable. Lassé d'avoir systématiquement un temps de retard sur cet assassin cruel et rusé, le commissaire-divisionnaire Luciano Galbani, grand patron de la Brigad...