Mardi 5 Mars 2002.
Le corps de Maria Trivoli avait disparu.
La lieutenante Alicia Abre pesta intérieurement en apprenant la nouvelle. Dépitée de constater que les envoyés du RIS se soient affairés si vite – une première pour un groupe de personnes qui, habituellement, avaient une relation particulière avec le temps, elle se savait incapable de faire la moindre démarche d'investigation sans une observation, même minime, de la victime et sentait qu'elle allait très vite tourner en rond cette nuit.
Il s'agissait de la base fondamentale de son travail d'enquêtrice et il n'était pas question de faire preuve de négligence en omettant cette part cruciale.
Compte tenu de la situation et de ce qu'elle avait compris en entendant les uns et les autres s'exprimer sur ces questions, elle préféra ne pas faire part ouvertement de son exaspération et continua son approche comme elle le pouvait, avec ce qu'elle pouvait.
« Les miracles n'ont pas leur place sur une scène de crime. »
Une autre leçon bien sentie de son mentor du passé.
Le travail de reproduction terminé, Alicia rejoignit Mike Moore, qu'elle trouva en pleine conversation avec un policier dont le visage ne lui disait rien et se mêla à leur dialogue pour lui demander s'il serait possible, selon lui, de mettre la main sur les notes du capitaine Mattezi. Celles du soir et, peut-être, les écrits d'avant. Sachant les relations qu'entretenaient son partenaire et l'intéressé, la tâche lui sembla tout indiquée et plus susceptible de fonctionner avec lui qu'avec elle.
A chaque enquête auquel il contribuait, le grand vénitien noircissait des pages et des pages d'informations et s'en servait pour établir les premières manœuvres et placer les agents aux places qu'il fallait. Un travail complet qui revêtait également une dimension stratégique et, qui, jusqu'à présent avait toujours porté ses fruits. Mattezi notait tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait, tout ce qui lui passait par la tête et piochait à l'intérieur au moment opportun. Il y a quelques années – en 1997 ou 1998 si sa mémoire ne l'induisait pas en erreur, l'homme avait surpris son monde en s'intéressant pendant plusieurs semaines aux déplacements du vent et à son importance cruciale dans la disparition puis la découverte du corps de la victime du moment. Les mouvements opérés avaient permis d'en retracer l'origine et, de ce fait, de découvrir où le crime avait eu lieu et semblé amené à se reproduire. Une technique d'analyse audacieuse, récupérée par son premier partenaire, disciple du géant blond en son temps, dont elle avait tenté de faire sienne avec plus ou moins de réussite.
« Tu aurais fait la même chose, n'est-ce pas ? Je suis sûre que oui. »
Surpris par la demande, peu compatible avec son vœu exprimé de repartir à zéro et son désir avoué d'indépendance, Mike lui répondit qu'il ferait au mieux et profita de l'instant pour la relancer sur ses découvertes.
Elle décida de jouer franc-jeu et de tout lui dire. Ses pensées, ses craintes, ce qu'elle voyait, ce qu'elle attendait, ce qu'elle avait trouvé et ce qui manquait.
- Tu aurais dû m'en parler avant, Alicia. Franchement, si j'avais su, je ne serais pas venu te récupérer, glissa-t-il, en souriant.
La plaisanterie, du pur Mike Moore dans le texte, lui échappa totalement.
- Attends une seconde, tu as cru que j'allais revenir et vous débloquer toute votre enquête d'un coup comme ça ? D'un claquement de doigts.
- Cela m'a peut-être traversé l'esprit en effet.
- Navrée d'avoir à te ramener à la réalité.
- Ne t'inquiète pas, Alicia. Pas de soucis. J'ai bien compris qu'il s'agit d'une vengeance par rapport à ce que j'ai dit au Gimnasia.
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LA REVANCHE DE L'EMPEREUR
Mystery / ThrillerRome, Mars 2002. Sept meurtres et toujours pas le moindre indice sur l'identité du responsable. Lassé d'avoir systématiquement un temps de retard sur cet assassin cruel et rusé, le commissaire-divisionnaire Luciano Galbani, grand patron de la Brigad...