Mardi 5 Mars 2002.
Depuis la fin de l'année dernière et l'apparition soudaine de cette vague d'homicides dans la capitale, la Brigade Criminelle de Rome – auquel il appartenait, ne brillait pas par sa réussite.
Les journées passaient et finissaient inlassablement par se répéter.
Les policiers en mission apprenaient la découverte d'une nouvelle victime, obtenaient l'ouverture d'une enquête, en n'oubliant de se déchirer sur les liens éventuels qui pouvaient exister avec les affaires précédentes et, très vite, atteignaient leurs limites. Malgré un travail acharné de tous les instants et une motivation sans failles, chaque action entreprise de leur part débouchait sur la même finalité et se révélait insuffisante ou inutile.
Chaque parti en présence avait son constat, sa solution incontestable pour aboutir à une issue positive et ne manquait jamais l'occasion de rappeler que les choses n'allaient pas dans le bon sens pour la simple raison qu'ils n'étaient pas aux manettes.
Il l'avait entendu maintes et maintes fois et pas que dans les bouches de flics.
A chaque fois qu'on leur offrait la possibilité de s'exprimer, les commentateurs de tous horizons usaient de leur influence pour critiquer le manque de résultats, incompréhensibles avec une telle débauche de moyens, et la gestion calamiteuse de la crise dans son ensemble. Une crise mal définie qu'ils attribuaient en tout premier lieu au fonctionnement des forces de polices, fermées et repliées sur elles-mêmes depuis bien trop longtemps mais également au petit monde qui gravitait autour. Ces politiques, procureurs ou juges étrangement silencieux que les plus sarcastiques disaient trop occupés par la sauvegarde de leur petite caste, en proie à de multiples transformations depuis le résultat des élections de Mai 2001.
Si Rome n'avait pas suivi la tendance bleue de la dernière campagne et préféré privilégier la continuité au niveau communal et régional, après un temps important de jubilé catholique et le passage de l'ancien préfet nommé par le gouvernement sortant pour conduire la ville au lendemain de la démission de son premier magistrat, les choses n'en étaient pas simples pour autant. Le nouveau sindacco, issu d'une alliance reconfigurée par son parti politique pour garder la main sur la capitale avait choisi de voir les choses différemment de son prédécesseur et de réduire significativement l'intervention de la mairie, le Palais Sénatorial, sur les questions liées à la sécurité et au maintien de l'ordre public. Au point de ne plus apparaître franchement concerné par le problème criminel romain du moment et de choisir d'en confier la responsabilité à d'autres acteurs dits du bas, plus nombreux, plus malléables et plus faciles à faire bouger en cas de nécessité.
Là où le politique se faisait habituellement une joie d'intervenir sur tous les domaines, y compris ceux sur lequel il ne pouvait que peu peser, c'était tout le contraire qui avait pris court à Rome. La nouvelle équipe en place au sommet de la tour Nicolas V avait décidé de se laisser la main sur ces questions et de se contenter de communiqués encourageants sur les combats menés, leur avancée incontestable et la certitude d'une évolution positive prochaine à court, moyen puis long terme.
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LA REVANCHE DE L'EMPEREUR
Mister / ThrillerRome, Mars 2002. Sept meurtres et toujours pas le moindre indice sur l'identité du responsable. Lassé d'avoir systématiquement un temps de retard sur cet assassin cruel et rusé, le commissaire-divisionnaire Luciano Galbani, grand patron de la Brigad...