La Bénédiction du Cerf : Le Sixième Prophète

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Le Sixième Prophètes

Il y avait six Prophètes.

Tous pouvaient, grâce au sang du Soleil, voir une partie de l'avant et de l'après. Des moments fragmentés qui s'étalaient derrière leurs yeux tel une frasque complète ou indéchiffrable.

De leur première vision naquit la Reiinka.

Mais ce ne fût en rien la dernière.

Priés et admirés, les six Grands Princes se retirèrent dans une grotte au plus haut de la montagne d'Irnë, un lieu qui plus tard appartiendra au Royaume de Crisvel.

Le premier prophète était un homme aux veines de racines, semblable à un vieux chêne. Des veines bleues et luisantes qui laissaient couler dans ses mains le savoir qu'il devait en sortir. Alors il sortait du creux de la main les rides d'un ancêtre inconnu ou les plis d'un enfant à naître.

Le deuxième prophète était un géant calme aux arômes de lavande et de gingembre. Le savoir, il le buvait avec douceur et appréciation. Lisant alors ce qu'il en restait. Ainsi il voyait dans le thé la fleur s'épanouir ou la faux couper.

Le troisième prophète n'avait rien d'un prince et encore moins d'une princesse. Car l'âme de la jeune fille semblait plus proche de tout ce qui n'était pas humain. La connaissance, elle l'entendait aux travers des cœurs animalier, dans les yeux des bêtes qui parle d'un séisme passé ou d'une tempête futur.

Le quatrième prophète n'avait rien de particulier si ce n'est qu'il aimait le rythme du vent et des vagues. Les visions s'échouaient au bord de ses pieds ou soufflaient en bourrasque tout autour de lui, emportant les chemins empruntés et les directions à suivre.

Le cinquième prophète, quand à lui, peignait souvent les murs de centaines d'images, car les choses importantes se faisaient peintres par le biais de son corps et de sa main glissant le pinceau sur la toile, liant d'un trait l'avant à ce qui est incertain.

Cinq Grand Princes qui voyaient plus, mais pas assez.

Car le Sixième Prophètes, roi de tout les Princes, voyait tout.

Il entendait dans la pierre le nom des royaumes et les pas qui les bâtiraient.

La naissance de chacun. La mort de chacun. Et bien au-delà.

Son œil, venant du passé, voguait au futur sur le sol des cités à la recherche d'après.

Après la fin.

Et son savoir s'étendait tel un arbre cherchant la fin de ses branches pour pouvoir fleurir tandis qu'il s'imprégnait du monde, jusqu'à ce qu'il le devienne.

Sa chair incrusta la pierre d'un royaume que mille pas bâtirons.

Sa peau recouvra le toit de mille lieux insondables.

Ses ongles de mèche brûlèrent la cire de mille bougies.

Et ainsi il s'effaça en toutes choses.

Seuls ses yeux restèrent intacts, continuant d'observer ce qui doit être observer.

Et des six Grands Princes, il n'en resta que cinq.

Le Sang du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant