Ce qui Ronge

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Mister Bear observe un magnifique papillon qui s'est choisi comme perchoir le bout de son indexe. Ses ailes  sont marquées par d'épais motifs circulaires qui lui rappelle la coquille d'un escargot. Le petit être bas lentement des ailes tandis qu'il le contemple. Il est rare de voir des papillons en ville, mais il est encore plus rare que Mister Bear soit interdit d'entrée dans une boutique.

Cela dit L'Arlequin est une échoppe modeste qui ne comporte que des objets précieux et fragiles. Il a donc était convenu qu'il patienterait à l'extérieur.

En attendant, Janette-Katherine et Lann font de leur mieux pour ne déranger aucun vase ou aucune colonne de verre. Ce qui n'est pas chose aisée étant donné le manque de place. Du moins pour la jeune femme, car sa robe comporte plusieurs volants qu'elle se doit de ramener au près de sa poitrine.

– "Ce ne serait pas la première fois que je frôle l'indécence..." murmure-t-elle en enjambant une pile de bol en verre.

Lann quand à lui se tient déjà près du comptoir, en espérant qu'elle ne fasse aucun dégâts. Quand soudain, le bruit métallique de la trappe l'oblige à se retourner.

– "Très bien, vous pouvez descendre, mais faites attention aux marches !" Avertit le vendeur en remontant l'escalier secret qui se situe à l'arrière.

Le vendeur – du nom de Fraudarm – est un homme à la carrure que l'on qualifierai de maladroite. Grand et fin, il semble toujours se contorsionner, même au grand air.

Janette-Katherine se rapproche enfin des deux hommes quand le bas de sa robe accroche la anse d'une tasse. Le déplacement engendre malheureusement la chute de la tour et les récipients dégringolent et se brisent contre les objets qui jonchent le sol. Un morceau de porcelaine vient même à déchirer malencontreusement le tissu de ses vêtements.

– "Tu casse, tu paie ma Lady !" Crie le vendeur.

– "Ce devrait être à toi de rembourser ma robe ! Qu'elle idée d'entreposer toutes tes bagatelles de cette façon..." Déclare-t-elle en arrivant enfin au près d'eux.

Puis elle lui lance un séduisant sourire tandis qu'elle se penche sur le comptoir pour continuer.

– "Et puis tu ne compte tout de même pas faire payer ce jolie minois, si ?"

Lann lui jette un regard de désapprobation qu'elle ignore royalement.

– "Si je devais faire une ristourne pour tout ce qui est jolie chez toi, je serais ruiné depuis belle lurette..." Déclare le vendeur.

Son rictus révèle quelques dents abîmées venant de combats passés. D'ailleurs sa canine manquante est dû à leur première rencontre à Orgsum lorsqu'elle s'occupait de l'affaire des quatre frères.

Lann roule des yeux et n'attend pas pour descendre, ses pas faisant craquer les planches. Janette-Katherine elle, rit de manière charmeuse jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'il ne cédera pas. Ainsi elle soupire et sort sa bourse pour la lui balancer au torse.

–  "De toute façon je reçois des tas de compliments alors ne te fatigue pas, vieux roublards. j'ai entendu dire que c'était bientôt ton anniversaire ? Tu voudrais quoi pour fêter la cinquantaine, une canne ?"

– "J'ai à peine quarante ans..." Déclare-t-il en comptant les pièces. Après quoi il sourit et lui montre le chemin de sa main  libre. "Entre toi et moi, l'écart n'est pas si grand..."

– "L'écart est aussi creusé que tes rides." Réplique-t-elle en écartant sa main et en soulevant les pans de sa jupe pour pouvoir descendre.

– "Tu blesse mon coeur ma Lady !"

Le Sang du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant