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Dimanche 12 novembre 2024

La nuit passa sans que je trouve réellement le sommeil. Chaque fois que je fermais les yeux, le regard déçu de Pierre revenait hanter mes pensées. Au petit matin, je me levai tôt, espérant trouver un moment de calme avant que la journée ne commence réellement. En descendant les escaliers, je tombai nez à nez avec Pierre, qui semblait également avoir eu une nuit agitée.

Nous nous arrêtâmes, le silence entre nous devenant presque insupportable. Finalement, il prit la parole, sa voix légèrement rauque de fatigue.

- Emma, je... Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu as fait ce choix.

Je sentis les larmes monter de nouveau, mais je me retins de pleurer. Je savais qu'il avait besoin d'explications.

- Pierre, crois-moi, ce n'était pas facile. Je suis amie avec Djebril et je ne pouvais pas me résoudre à le laisser partir. Je sais que Louis était ton ami, mais je devais suivre mon cœur.

Il secoua la tête, visiblement frustré.

- C'est facile à dire, mais tu ne réalises pas à quel point ça m'affecte. Louis était comme un frère pour moi depuis le début de cette aventure.

Son accusation me blessa profondément. Je pris une grande inspiration, cherchant à garder mon calme.

- Pierre, je comprends ta douleur. Mais je suis aussi dans une situation difficile. Nous sommes tous ici pour réaliser nos rêves et, cela implique de prendre des décisions douloureuses et peut-être que la prochaine fois ce sera à toi de prendre la décision pour savoir qui sera éliminé ou non.

Pierre me regarda intensément, ses yeux noisette brillant de colère et de tristesse.

- Peut-être que tu réalises tes rêves, mais à quel prix, Emma ?

Sur ces mots, il tourna les talons et partit, me laissant seule avec ma culpabilité.

Les heures qui suivirent furent tendues. Pierre et moi évitions soigneusement de nous croiser, et lorsqu'il était inévitable de se retrouver dans la même pièce, un froid glacial s'installait entre nous. Nos camarades avaient remarqué cette tension et tentaient tant bien que mal de détendre l'atmosphère, mais rien n'y faisait.

Je passai la journée à me reprocher mon choix. Chaque sourire ou rire de mes camarades me semblait hors de portée. La culpabilité me rongeait, et rien ne parvenait à me distraire de mes pensées sombres.

À l'heure du déjeuner, mon appétit avait disparu, remplacé par une boule d'angoisse dans mon estomac.

Candice s'approcha et s'assit en face de moi, posant doucement sa main sur la mienne.

- Emma, tu ne peux pas te laisser abattre comme ça. Ce qui est fait est fait. Tu as pris une décision difficile, mais c'est derrière toi maintenant.

Je levai les yeux vers elle, des larmes coulant librement sur mes joues.

- Mais Pierre... Il me déteste maintenant. Et je ne peux pas le blâmer.

Candice soupira, son regard plein de compassion.

- Il est en colère, oui. Mais le temps aidera à apaiser les choses. Pour l'instant, concentre-toi sur toi-même et sur ta musique. Pierre finira par comprendre.

Je hochai la tête, mais au fond de moi, je doutais que les choses s'arrangent si facilement. L'après-midi passa lentement, chaque minute semblant s'étirer à l'infini. Les répétitions étaient mécaniques, sans passion. Je chantais les notes, mais l'émotion n'y était plus.

En fin de journée, épuisée par cette lutte intérieure, je me rendis à la salle de répétition pour m'entraîner seule. La pièce, habituellement réconfortante, me semblait froide et hostile. Je me mis à chanter, mais chaque mot semblait vide de sens.

Pierre entra alors dans la salle, et mon cœur se serra. J'espérais une confrontation, un échange qui pourrait peut-être apaiser les tensions. Mais au lieu de cela, il me lança un regard glacial et s'approcha de l'autre côté de la salle, s'installant au piano. Ignorant ma présence, il commença à jouer, les notes résonnant douloureusement dans l'air.

Je continuai à chanter, essayant d'ignorer la boule dans ma gorge. Chaque note me rappelait la distance entre nous, la fracture qui semblait de plus en plus irréparable.

Finalement, incapable de supporter plus longtemps cette tension, je posai le micro et quittai la salle précipitamment, les larmes brouillant ma vue.

- Emma, attends !

Sa voix m'arrêta net. Je me retournai lentement, le cœur battant, espérant que ce moment pourrait marquer un tournant.

- Quoi ? répondis-je, tentant de cacher les tremblements dans ma voix.

Il se leva du piano et fit quelques pas vers moi, les mains dans les poches.

- Je voulais... Nan rien...

Je regardai les yeux fuyant du normand. Plus je le regardai, plus je ressentai profondément de la réelle colère envers lui. Comment peut-il m'en vouloir pour ça ? C'est le jeu et il le sait.

Je fronçai les sourcils, fis trois pas vers lui en tendant mon index vers lui jusqu'à ce qu'il aille se cogner sur le torse de ce dernier.

- Tu comptes énormément pour moi, Pierre, murmurai-je, les larmes aux yeux. Mais ce choix... c'était le plus difficile de ma vie. Je ne voulais blesser personne, et pourtant, c'est ce que j'ai fait.

Il resta silencieux un moment, ses yeux, cette fois, me scrutant avec intensité. Puis, finalement, il hocha la tête.

- Peut-être que je finirai par comprendre. Mais pour l'instant, c'est encore trop frais.

Mon cœur se brisa un peu plus à ses mots.

- Mais putain Pierre. Tu n'as rien besoin de comprendre. Tu sais très bien que c'est le jeu et qu'une personne va se faire éliminer toutes les semaines de cette manière. J'ai choisis par rapport à la prestation et j'ai trouvé celle de Djebril beaucoup plus profonde. Et puis tu n'as pas à m'en vouloir pour ça ! Je ne vais pas faire mes choix par rapport à toi.

Il fronça les sourcils, tourna les talons et sortit de la salle de répétition, apparemment vexé, me laissant seule avec mes pensées.

Quelques minutes plus tard, je sortie moi même de là avant de retourner dans le château. Il faisait déjà nuit et tous le monde se trouvait dans les chambres. J'allai dans celle des garçons pour leur dire « bonne nuit ».

Quand je rentrai dans la pièce, Helena, Marie-Maud, Lenie et Vuctorien étaient regroupés autour des lits de Pierre et de Djebril dans le fond de la pièce.

- Oh Emma ! Tu veux venir avec nous ? me demande Helena avec un sourire chaleureux.

Je lève les yeux vers Pierre.

- Non, je suis fatiguée, je vais aller dormir ! Je voulais juste vous dire « bonne nuit » ! feignis-je un sourire

La belge m'envoya un bisous dans l'air tandis que je m'approchai du lit de Julien où il était en train de lire un manga.

- Bonne nuit mon Ju. dis-je en m'affalant sur lui

- Bonne nuit Em' ! répondis celui-ci en me caressant doucement les cheveux.

Après être passée au toilettes, je me retrouvai dans mon lit, encerclé par Margot, Clara et Axel qui étaient en train de se taper des énormes barres comme d'habitude.

En me voyant entrer, ils se calmèrent, me glissèrent trois-quatre mots avant de quitter la pièce afin de nous laisser dormir, Candice et moi.

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Believe - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant